Comme certains le savent déjà, je suis atteinte d’asthme depuis déjà un petit moment, et cela me cause des désagréments de temps en temps, jusqu’à parfois me contraindre à rester à la maison. Je ne suis certes pas la seule: selon l’OMS, 235 millions de personnes dans le monde souffrent d’asthme, dont 80% dans les pays en développement. Ces chiffres risquent cependant d’être sous-évalués: en effet, selon l’Asthma and Allergy Foundation of America (AAFA), seulement aux USA on compte 20 millions d’asthmatiques et 4.000 morts à cause de l’asthme chaque année. Des autres données sont encore plus alarmantes: selon le Centre for Disease Control and Prevention (USA), 24.6 millions d’étasuniens souffrent d’asthme et ces chiffres ont beaucoup progressé en moins de 10 ans.
 | Voici une carte élaborée par BBC News, où on voit le pourcentage de population asthmatique dans les différents pays du monde. Il faut souligner que dans les pays en développement le diagnostique n’est probablement pas aussi précis que dans les pays développés, ce qui explique en partie les différences. |
En somme, cette maladie touche une partie de la population grandissante et certains vont jusqu’à parler d’épidémie d’asthme, comme l’American Chiropractic Association (ACA).
Mais, qu’est-ce que l’asthme au juste?
Il s’agit d’une maladie inflammatoire chronique des voies respiratoires, qui se manifeste avec de la toux, de la sibilance, du broncospasme (c’est à dire une contraction des muscles des parois bronchiales, ce qui laisse moins de place pour le passage de l’air), de la dyspnée (souffle coupé).
Définition de l’asthme par le Dr. Huchon, Chef du service de pneumologie, Hôtel-Dieu, Paris
C’est une maladie incurable, mais qui peut toutefois être gérée efficacement, sans qu’elle donne trop d’inconfort.
Les causes
Normalement, on croit que l’asthme est due à une combinaison de facteurs génétiques et environnementaux. En effet, au delà des éventuelles composantes héréditaires, l’inflammation est souvent provoquée ou entretenue par des éléments qui se trouvent dans l’air qu’on respire, et auxquels on est allergiques ou hypersensibles. Ces éléments peuvent être des plus divers: acariens, pollens, fumée passive, air trop froid ou trop sec, pollution, substances chimiques…
La crise d’asthme
Quand un asthmatique entre en contact avec ces substances, ou bien quand il est malade (par exemple suite à une infection virale), ses voies respiratoires s’irritent et sécrètent du mucus et leurs muscles se contractent, rendant la respiration difficile. Cet état, qu’on appelle crise d’asthme, peut durer quelques dizaines de minutes ou quelques jours, et passer tout seul ou avec l’aide de médicaments.
Explication de la crise d’asthme par le Dr. Huchon, Chef du service de pneumologie, Hôtel-Dieu, Paris
On reconnait une crise d’asthme au fait qu’on a de la peine à respirer, qu’on tousse, qu’on transpire, qu’on a les ongles bleues et qu’on est apeuré; souvent seul un ou deux de ces symptômes sont présents.
Chez le médecin, on peut aussi reconnaitre une crise d’asthme à l‘aide de plusieurs instruments, comme le débitmetre de pointe (peak flow meter, cf. image ci-dessous) et le débitmetre numérique de pointe, qui permettent de mesurer la quantité d’air qu’on arrive à expirer et de la comparer avec des courbes de valeurs moyennes.

Les traitements
Il existe deux sortes de traitement, un traitement de maintien et un traitement d’urgence.
Le traitement de maintien sert pour éviter que les voies respiratoires soient trop réactives et qu’elles s’enflamment. Il est souvent composé par des corticostéroïdes, des antileucotriènes; plus rare est l’emploi d’anticholinergiques. Il faut le prendre tous les jours selon les prescriptions du médecin et il ne faut surtout pas arrêter de le prendre parce qu’on se sent mieux (si on va mieux, c’est justement parce qu’il marche!). Il existe plusieurs manières de prendre le traitement de maintien: les aérosols pressurisés (aérosol-doseur ou “pompe”), les diskus, les séparateurs (chambres de retenue ou “spacers”), les inhalateurs de poudre sèche, les tablettes à mâcher.
 Aérosol-doseur
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Diskus
| Séparateur |  Inhalateur de poudre sèche
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Le traitement d’urgence sert pour éviter qu’une crise d’asthme ne devienne trop grave (ce qui pourrait laisser des séquelles ou même avoir des conséquences mortelles). Il se résume souvent à des bronchodilatateurs, comme le salbutamol (Ventolin) ou la théophylline, et à des anticholinergiques (buthylscopolamine). Un asthmatique doit toujours avoir ses médicaments d’urgence sur soi, où qu’il aille, parce qu’une crise peut se déclencher à n’importe quel moment. Il faut prendre le traitement d’urgence quand on sent qu’on est en train d’avoir une crise, le plus tôt le mieux.
Des traitements complémentaires, comme par exemple les fumigations avec les huiles essentielles, peuvent aussi être utiles, mais ils doivent être évalués au cas par cas par le médecin (notamment pour éviter l’apparition d’allergies).
L’idéal est de toujours avoir sur soi son propre plan d’action contre l’asthme, compilé avec l’aide du médecin, pour savoir comment se comporter en cas de problèmes. En tout cas, si malgré les mesures d’urgence une crise ne passe pas, il faut appeler les urgences et aller voir un médecin tout de suite.
Comment vivre avec l’asthme au quotidien
L’asthme peut être une mauvaise bête, mais tout s‘améliore si on arrive à bien la maitriser et à s’approprier certaines techniques, par exemple pour la prise de médicaments. Pour cela, la première chose à faire est d’avoir une bonne communication avec son médecin et d’établir un plan de traitement et un plan d’action (dont l’utilité est démontrée ici).
Ensuite, il faut apprendre les bons gestes, par exemple pour utiliser les inhalateurs. Pour cela, on peut demander à son médecin ou à son pharmacien, ou s’informer dans une des nombreuses associations de malades. | Il ne faut pas utiliser l’inhalateur comme cela! :) |
Ces associations sont nombreuses et en plus elles permettent de ne pas se sentir isolés; parmi elles, on peut mentionner la Ligue Pulmonaire (CH), L’Association Pulmonaire (Canada), l’Asthma Society (Canada), Asthma New Zealand – The Lung Association (Nouvelle Zélande), Asthmatiic (France et pays francophones), Asthma and Allergy Foundation of America (USA).
En plus, il faut s’informer pour bien connaitre sa maladie et la manière de prévenir les crises. Heureusement beaucoup de sites internet expliquent l’asthme en détail, et cela pour tous les publics et pour toutes les âges. En particulier, je vous conseille de visiter: AsthmaKIDS.ca, dédié aux jeunes enfants asthmatiques; Place ISA, dédié aux adolescents asthmatiques; Taking Control of Your Asthma, dédié aux adultes asthmatiques; vous pouvez aussi lire la brochure You Can Control Your Asthma, qui donne un aperçu rapide de la maladie et des facteurs déclenchant des crises.
Il peut aussi être utile de tenir un journal de l’asthme, où prendre note de l’évolution de la maladie au jour le jour. En outre, il faut bien veiller à la propreté des endroits où on vit et on travaille, qui doivent être exempts de poussière, moisissures, poils d’animaux, résidus alimentaires et pollens, et qui doivent être fréquemment ventilés (pour une liste des éléments critiques, voir ici et ici)
La prévention des crises d’asthme expliquée par le Dr. Huchon, Chef du service de pneumologie, Hôtel-Dieu, Paris
Enfin, il est recommandé de contrôler les prévisions polliniques et de pollution atmosphérique et de limiter les sorties si les index sont trop élevés. Des prévisions polliniques à jour peuvent être consultées sur PollenUndAllergie (CH), PolliniEAllergia (Italie), Pollen.Com (USA). Des prévisions sur l’ozone et les particules fines à jour peuvent être consultées sur Meteotest (CH), IlMeteo (Italie), AirNow (USA), PrevAir (France et Europe).
On a donc toute une série d’outils qui permettent de mieux connaitre la maladie et de mieux la maitriser, il faut les utiliser! Et il ne faut pas oublier que la prévention est indispensable (pas de fumée, pas de pollution, pas de poussière).
Puisque on a parlé de respiration, pour nous quitter voici une chanson que j’aime beaucoup (malgré l’atmosphère triste de la vidéo, faisant référence à l’histoire de La petite fille aux allumettes), Breathe des britanniques Erasure. Bonne route!