vendredi 23 mars 2012

Le marin rejeté par la mer

Ma connaissance de la littérature japonaise est franchement limitée, pour ne pas dire presque inexistante. En gros, à part l’œuvre du génial Haruki Murakami je n’y connais pas grande chose. Et quoi de mieux que ces temps d’extrémistes en tout genre pour lire un peu, en particulier un auteur comme Yukio Mishima.

J’ai décidé d’aborder Mishima par “Le marin rejeté par la mer”, un petit roman qui recueille certains des éléments centraux de son style et de sa poétique.

Mishima, Yukio (2009 [1963]). Le marin rejeté par la mer. Paris: Gallimard.

Le livre a deux protagonistes, Noboru et Ryûji. Noboru est un orphelin de 13 ans, vivant avec sa mère Fusako dans la ville d’Osaka. Il va à l’école et fait partie d’une bande d’adolescents, fascinés par des idéaux romantiques et par une certaine idée de l’héroïsme. A travers le récit des rencontres de ce groupe, émerge une passion morbide pour l’apathie, qui évolue main dans la main avec une sorte de désespoir violent et un gout pour la mort.

Un jour d’été le navire Rakuyo arrive à Osaka: Noboru insiste pour que sa mère l’amène le visiter…et c’est sur ce même navire qu’ils rencontrent Ryûji, marin qui deviendra l’amant et puis le compagnon de sa mère.

Ryûji est lui aussi fasciné par les valeurs, l’héroïsme, la tradition. Il est parti sur la mer pour échapper à la terre et d’une certaine façon pour se créer un monde de souffrance, où jouer le rôle de victime flamboyante et où avoir la sensation de côtoyer la mort de près.

Tant le monde de Ryûji que celui de Noboru excluent les sentiments de tous les jours, les dévalorisent en la faveur de “nobles vertus” telles que la gloire, la fermeté, le courage. Les deux veulent se battre pour une “Cause”, unique et lumineuse même s’ils n’en connaissent pas l’essence. Ryûji représente le héros parfait aux yeux de Noboru: un homme téméraire, une sorte de guerrier qui se détache du monde pour servir une Cause, dans son cas la mer.

Le roman bascule quand Ryûji quitte la mer pour l’amour, s’installant avec Noboru et sa mère. Cette trahison des “vraies valeurs” pour des “vils sentiments” provoquera une crise profonde tant chez le marin que chez le garçon. Ryûji ne trouve plus de raison à sa vie, puisqu’elle est désormais ennuyeuse, vidée du sens que lui donnait l’idée de servir une “Cause”, de pouvoir à tout moment mourir en héros. Noboru, quant à lui, en veut à Ryûji qui le déçoit et en parle à sa bande de copains. Ensemble, les garçons décident de tuer Ryûji: ils pensent que cela sera un acte héroïque, à la fois vengeant "la Cause” et leur permettant de s’élever au dessus des hommes communs. Cela n’arrange pas seulement Noboru: en effet, Ryûji a nostalgie de celui qui était son rôle tragique au beau milieu de la mer et il accepte, consciemment ou inconsciemment, de se faire tuer pour accéder à “la Gloire”.

Le roman est axé sur le romantisme tragique, et il est donc imbu d’un lyrisme omniprésent et à traits excessif, centré sur l’introspection. Les descriptions sont aussi très présentes, surtout celles de la mer et de la lumière, que ce soit du soleil ou des lampes ou lanternes. C’est agréable à lire, avec un langage soigné mais pas excessivement; le seul élément qui dérange la fluidité du récit est la forte présence des éléments descriptifs.

Cette histoire tragique reflète l’histoire même de Yukio Mishima, sa fascination pour la mort et pour le choix d’une mort glorieuse – surtout suite à son vécu de la deuxième guerre mondiale, sa nécessité de lyrisme au quotidien, son admiration de la tradition japonaise. Ce sont là des éléments qu’on retrouve tout au long de sa vie et de son œuvre. En particulier, sa vision de l’idée de servir une Cause et de mourir pour elle comme élément donnant du sens à l’existence humaine est résumée dans l’interview suivante:

Mishima a forgé sa “mythologie de la mort” à travers ses œuvres littéraires mais aussi à travers ses films, comme dans ces deux extraits où il met en scène son seppuku.

Et une fois la mythologie bâtie, c’est un Mishima fanatisé, encore plus traditionnaliste, nationaliste et idéaliste qui tente un coup d’Etat au Japon en 1970 et se suicide par seppuku une fois le coup d’Etat avorté. On ne peut qu’être d’accord avec l’affirmation de Marguerite Yourcenar sur le fait que la mort de Mishima (mise en scène avec une longue préparation et idéalisée jusqu’au bout) a été l’une de ses œuvres.

Pour avoir une idée du roman, en voici un des passages que j’ai particulièrement apprécié:

Ryûji: “Et si au milieu du travail vous êtes projeté contre une paroi ou si l’électricité tombant en panne vous vous trouvez lancé dans l’obscurité, vous n’avez pas le temps d’avoir peur. Et voilà. Vous pouvez avoir navigué des années, vous ne vous habituez jamais aux tempêtes. Chaque fois vous vous demandez si vous n’allez pas y passer. En tout cas, la veille de notre dernière tempête, le coucher du soleil ressemblait trop à un grand incendie, le rouge du ciel tournait au noir et la mer était devenue subitement calme. J’avais l’étrange impression qu’il allait se passer quelque chose.”

- “C’est trop horrible, trop horrible. Je vous en prie, ne racontez plus d’histoires pareilles!” s’écria Fusako se bouchant les oreilles avec les deux mains.

Noboru pensa que cette histoire de dangers courus était clairement racontée pour lui et il jugea théâtrale la protestation élevée par sa mère, en se bouchant les oreilles, il en était ennuyé. A moins que l’histoire ne fût destinée à sa mère? Cette pensée mit Noboru mal à l’aise. Ryûji avait déjà raconté des histoires de navigation de la même sorte mais cette fois son ton paraissait différent. Ce ton lui rappelait celui d’un marchant ambulant qui tire derrière son dos un paquet d’objets divers qu’il tripote avec des mains sales. Les objets divers, vendus par Ryûji, c’était la tempête des Caraïbes, une fête dans la campagne brésilienne toute couverte de poussière rouge, les paysages le long du canal de Panama, un orage tropical submergeant un village en un clin d’œil, des perroquets bariolés poussant des cris perçants dans un ciel sombre…

Celle de Mishima est donc une oeuvre tragique et profonde, mais assez bien synthétisée dans ce petit bouquin pour qu’on puisse malgré tout la lire et la comprendre, du moins partiellement.

Sur cela, quittons nous avec Bring me the head of Yukio Mishima des Snivelling Shits. Bonne route!

Bring me the head of Yukio Mishima, Snivelling Shits

mardi 20 mars 2012

Egalité #2

En attendant la délibération du Conseil National sur l’adoption d’enfants par les couples homosexuelles, le débat fait rage en Suisse. Les journaux, les télévisions et les sites internet dédient des pages et des pages à l’argument, et vu certains des arguments qu’on peut lire on est forcé de revenir sur l’argument.

Par exemple, si on va sur le site de la RTS (ex TSR), on peut lire les commentaires suivants. Puisque ils sont fantaisistes et vraiment à coté de la plaque, nous avons pris le temps de les classer et de les commenter par groupes.

Ceux qui sont restés bouche-bé
“A nom d'un rejet de l'homophoblie, faudrait-il tout accepter?
A nom d'une ouverture d'esprit faut-il fermer les yeux ?”
Ben non, il ne faudrait pas TOUT accepter. Juste que les membres de la communauté lgbtq aient les mêmes droits que les autres, aussi pour ce qui concerne la reproduction et le droit d’avoir des héritiers.

Les “naturalistes”
“Biologiquement, historiquement et culturellement les enfants sont éduqués par leurs parents qui les ont procréés. Malheureusement certains son orphelins et adoptés par des parents qui auraient pu avoir ou on eut des enfants.
Les homosexuelles ne peuvent pas avoir d'enfants naturellement, donc il est légitime de ne pas accepter l'adoption par les homosexuelles.”
Est-ce que l’éducation est biologique? Non, elle est historique et culturelle. Donc, c’est aux individus de décider comment ils veulent la donner, qu’elle soit donnée pas le père, la mère, la tante, le cousin ou le voisin de palier. Puis, les homosexuels peuvent avoir des enfants tout autant que les couples stériles: pourquoi ces derniers devraient avoir accès à l’adoption (et à la FIV) et pas les lgbtq?
“Le comportement naturel de toute créature vivante, est la reproduction de l'espèce. Ce sentiment "animal" est normalement ancré dans chacun de nous, même si nous n'avons pas conscience, et il pousse un sexe vers l'autre. Il apparaît donc vraisemblablement, que ce sentiment a disparu chez les homosexuels. loin de moi l'idée de les juger ou de les condamner, car ils ne sont pas responsable de cette dégénération.”
La démonstration que ce sentiment n’est pas ancré en chacun d’entre nous est que les lgbtq existent – et qu’ils ont un désir d’enfant tout en n’ayant pas envie d’avoir des relations sexuelles de type hétérosexuel! Et puis, qu’est-ce que cette récupération du vocabulaire hitlérien – ose-t-on encore parler de dégénérescence au XXIe siècle?
“L'homoparentalité me paraît un grand mensonge envers un enfant. En effet, comment transmettre l'amour de l'autre, tout en lui expliquant que sa conception a été entièrement organisée dans la négation de l'autre genre?”
Les lgbtq ne nient pas l’autre genre. Ils préfèrent avoir des relations sexuelles et vivre en ménage avec un membre du même sexe, mais cela n’a rien à voir avec l’autre genre (puisque le genre n’est pas équivalent au sexe).
“Depuis le début de notre civilisation, des hommes des cavernes jusqu’à maintenant la cellule de base de notre civilisation a été la famille. Depuis quelques années cette notion disparaît devant les contraintes économiques, les contraintes soient disant sociale, et une certaine vision du futur de l’humanité. Si nous démolissons les bases (La famille est une de ses bases) sur laquelle nos sociétés sont basées que va t’il se passer pour notre civilisation ??
Si on sape les fondations de notre civilisation on détruit notre civilisation et notre sort serra pareille à celui de l’empire romain.”
Il faut retourner au cours d’histoire. La famille hétérosexuelle nucléaire telle qu’on la connait aujourd’hui dans le monde occidental n’existe que depuis 2 siècles environ. Avant, on avait toute sorte de famille élargie et non monogame, basée sur les intérêts politico-économiques et sur les craintes religieuses plus que sur l’amour. Lecture conseillée: Histoire de la sexualité, tomes 1, 2 et 3.
“Je suis opposé a l'adoption des enfants avant l'age de 8 ans a 10 ans par des couples du même sexe uniquement pour la question que les enfants de moins de 8 ans ont besoins de sa MAMAN et son PAPA. La nature l'a dit pas moi!!!”
La nature ne parle pas, et les contraintes biologiques disent juste qu’il faut un ovule et un spermatozoïde pour faire un gamin. Rien n’est dit sur les gens qui doivent élever leurs gosses. A ce propos, est-ce que les enfants confiés aux grands-mères, aux tantes, aux oncles etc. – pratique très diffuse partout au sud de l’Europe et dans les pays du Sud - grandissent perturbés?
“Aujourd'hui, en accordant ce droit, je crois qu'on bafoue celui de l'enfant, qui lui a le droit de vivre dans un environnement plus proche de la norme naturelle admise communément dans notre société. Qu'on l'utilise même comme un cobaye, pour prouver une certaine conformité sur un mode de vie minoritaire, encore actuellement. Un homme peut naturellement aimer un autre homme, mais de là à éprouver une attirance sexuelle et à coucher avec lui résulte certainement d'un autre mécanisme.”
Le fait de modifier les lois modifie aussi la norme communément admise dans une société. Et puisque c’est une norme communément agréée, ça va de soi que ce n’est pas “naturelle”. Puis, bien sûr un homme peut aimer un autre homme….s’il couche avec, c’est juste qu’il est honnête avec soi-même et pas frustré ni réprimé ni sexophobe.
“L'enfant a besoin de s'identifier aussi bien à la mère qu'au père. Donc s'il manque l'un ou l'autre il lui sera très difficile d'avoir un parcours de vie harmonieux sur la plan affectif puisqu'il n'a pas connu une relation saine et aimante mari/femme.”
Quid des familles monoparentales? Faut-il leur enlèver les gamins? Et on fait quoi avec les veufs/veuves? Il ne me semble pas que les enfants qui ont été élevés par un parent seul deviennent des dangereux psychopathes. En outre, qui dit qu’une relation lgbtq ne peut pas être saine et aimante?
“Faut-il légaliser, c'est à dire encourager des dérives, sous prétexte de tolérance, de grandeur d'esprit qui n'est en fait qu'une absence de repère largement liée à une éducation déficiente ? Faut-il renoncer à l'éducation bipolaire homme-femme, dont la complémentarité est synonyme souvent d'équilibre chez l'enfant de par le pivot solide que peut représenter un couple?”
“Psychiquement l’enfant a besoin d’un père, d’une mère,d'un Amour et d’une éducation bipolaire ! Affirmer le contraire est un encouragement à la destruction de la société. La bible dit que dans les temps de la fin, le bien sera appelé mal, et le mal bien. Cette parole qui était impensable il y a quelques années devient réalité. Ne jouez pas à l’autruche. Les belles années, avec de telles prises de positions, ne reviendront plus ! Vous préparez un « beau » monde pour vos enfants ! À quand des COURS obligatoires DE LOGIQUE dans les Écoles. (L’Homosexualité et leurs éventuelles adoptions d’enfants sont contraires aux lois de la nature.)”
Mon Dieu, on n’espère pas que les enfants des familles hétérosexuelles reçoivent une éducation BIPOLAIRE…ce serait inquiétant et vraiment dangereux! Là, il faut plutôt des cours de vocabulaire et de laïcité (la bible dit aussi qu’on peut vendre et acheter des esclaves, ou échanger ses filles contre des animaux…ce n’est pas pour autant qu’on le fait).
“Pour moi pas d'adoption car l'enfant a besoin d'un père masculin et d'une mère féminine. Point barre. Je ne dis pas que les parents hétérosexuels sont tous irréprochables loin de là, mais l'enfant a besoin de pouvoir S'IDENTIFIER aux gens de son sexe, alors comment ferait-il avec 2 pères ou 2 mères ?”
De toute évidence, il faut intégrer des cours GENRE dans les écoles, et cela dès le plus tendre âge. Qui a dit qu’un père est forcément masculin et qu’une mère est forcément féminine? Et qu’est-ce qu’être masculin/féminin signifie? On doit du coup forcer les couples hétérosexuels à jouer le jeu du bon flic et du flic méchant (et balayer 50 ans de luttes féministes), pour revenir à la situation d’avant 1968?
“Je ne peux souscrire ni au mariage et encore moins à l'adoption par des couples gay. La question n'est pas d'ordre moral, bien entendu ! Elle est celle d'un certain équilibre autant pour les enfants que pour les parents. Il faut un homme et une femme pour faire un enfant et pour l'élever et le former à la vie. Les familles recomposées ou adoptives hétérosexuelles rencontrent souvent beaucoup de difficultés avec l'adolescence et je suis persuadé que ces difficultés seront augmentées par le facteur "gay".”
Pourquoi cela? Et c’est quoi le facteur “gay”? Heureusement, élever des gosses ne peut se faire en appliquant des équations du type P(père) + M(mère) - G(facteur gay)!
“Si je peux facilement concevoir qu'un couple féminin puisse élever un ou plusieurs enfants, car la femme est faite pour être mère, et ceci quelque soit le contexte. J'ai beaucoup plus de peine à imaginer deux hommes élever un ou une gosse, car la connaissance du côté féminin doit manquer cruellement à quelque part.”
La femelle a un corps qui peut porter des enfants, mais dire que seul la femme serait tendre, affectueuse et capable de prendre soin des autres reviendrait à nier que le genre est une construction sociale. Encore une fois, le sexe n’équivaut pas au genre!

Les victimes du genre
“Je vais jusqu'à me demander si le désir d'enfant des homos n'est pas finalement avouer que cette façon de vivre sa sexualité a un côté insupportable et qu'il faut donc, par un moyen détourné, retrouver une dualité du genre, mais sur le dos de l'enfant.”
Est-ce que c’est vraiment si difficile d’imaginer un ménage où les rôles (affectifs, sexuels, éducatifs) ne sont pas figés? Il est tout à fait possible d’établir un ménage lgbtq où il n’y a pas un qui “fait l’homme” et un qui “fait la femme”, mais où des adultes responsables s’occupent des mêmes tâches en même temps ou à tour de rôle.

Les législateurs fantaisistes
“Notre société a tendance à vouloir toujours adapter la loi aux situations existantes sans se demander si ces situations sont idéales. Il existe des couples divorcés ou séparés mais personne avant de se marier ou de se mettre en couple n'affirmerait qu'il sera heureux et qu'il vise comme situation "d'être divorcé". Nous visons l'idéal mais nous nous adaptons lorsque n'atteignons pas cet idéal. Par contre, faisons attention de n'inscrire dans nos lois que les situations idéales pour éviter un nivellement par le bas de notre société.”
Puisqu’on veut inscrire dans la loi seulement les situations idéales, supprimons aussi les lois régissant le divorce et tout ce qui ne nous plait pas vraiment…et puis déménageons tous ensemble au pays des bisounourses. De plus, pourquoi la parentalité lgbtq ne serait pas une situation idéale?
“L'Etat n'a pas a entrer en matière pour reconnaître une union entre personnes de même sexe. Cela doit rester privé. Enfin, l'Amour a un telle richesse qu'il est impossible de l'épuiser. Il y a l'Amour de Dieu, l'amour entre un homme et une femme, amour exclusif et sponsal, l'amour entre frère et soeur, l'amour d'amitié (qui ne peut être que cet amour entre deux personnes de même sexe)... Ces types d'Amour n'entraînent pas la sexualité, qui est accompli entre un homme et une femme dans le cadre fidèle du mariage.”
Puisqu’une union d’amour doit rester privée, privatisons aussi les mariages hétérosexuels, et régulons-les avec des contrats de droit privé sur le même type que les SàRL… De plus, l’amour entre personnes du même sexe entraine une sexualité tout comme l’amour hétérosexuelle.

Les paranos
“C'est clair qu'il y a un lobby des homosexuelles au niveau de la pouvoir qui est extrêmement fort. Si non on peut pas explique une pareille décision. je ne suis pas conspirationniste mais d'un point de vue politique c'est une gaffe. Ce comme ils on perdu leur tête ou, plus logique comme Berne a reçu l'ordre d'accepter cette chose-ci.”
Oui, bien sûr. Les membres de la communauté lgbtq sont si puissants que non seulement les lgbtq ne sont pas discriminés, mais ils ont même plus de droits que les autres….peut-être que dans les années 1960 c’est un lobby noir qui a fait passer le Civil Rights Act aux USA!

Une chose nous interpelle grandement dans tous ces commentaires, c'est qu'ils concernent quasiment tous le droit d’existence des familles homoparentales. Donc en gros, on se pose le problème de voir si d'un point de vue éthique les homosexuels ont-ils le droit ou non d'avoir des enfants et de former une famille homoparentale, si c'est bien ou non. Mais aujourd'hui cette problématique est dépassée, les homosexuels n'ont pas attendu une quelconque approbation pour former des familles avec enfants, ces familles existent que les gens le veulent ou non!
En Suisse plusieurs milliers d'enfants (entre 6000 et 20000) vivent dans des familles homoparentales et ces enfants n'ont pas de protection juridique égale à celle des autres enfants: les droits de visite de la part du parent non biologique en cas de séparation ainsi que l'héritage n'existent pas.
Ces familles ne vont pas disparaître si Berne, ou le peuple en cas de référendum, donnent un avis défavorable à l'adoption par le conjoint de l'enfant voire à l'adoption totale, alors il serait temps qu'on pense à ces enfants avant de se préoccuper d'une pseudo morale qui n'existe pas réellement et qui masque juste un profond malaise face à ces familles.

Maintenant que nous avons utilisé notre droit de réponse, et en espérant d’avoir éclairé le brouillard dans lequel nombre de personnes se baladent, quittons-nous avec la toute nouvelle vidéo d’Arielle Dombasle sur le mariage homo. Bonne route!

Arielle Dombasle pour Act Up Paris (2012)

jeudi 15 mars 2012

Egalité?

Comme toujours, surtout en période de campagne politique, tout prétexte est bon pour s’en prendre aux minorités sexuelles et en particulier aux homosexuels. Ainsi en France le candidat-président Sarkozy affirme son opposition au mariage gay, en Italie tant la gauche que la droite s’empressent de s’en dissocier, en Suisse il y en a qui s’indignent contre l’adoption par les parents gays (pour halluciner jusqu’au bout, lire avec attention les commentaires à ce lien), et on en trouve même qui sont prêts aux croisades contre “l’idéologie du gender”! Surpris

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Cependant, dans les faits, la politique est très loin du vécu réel des populations. En effet, le mariage gay et l’adoption sont légaux dans plusieurs pays et cela ne provoque aucun dégât: les seuls problèmes sont donc dans la tête de ceux qui s’y opposent.

Or, puisque les êtres humains sont les mêmes partout, ils sont en tout contexte capables d’éprouver des sentiments et d’aimer, que cela soit permis ou pas. Ce qui se passe est que dans les pays où aucunes lois réglant les statuts des couples homosexuelles et de leur progéniture n’existent, ces familles “arc-en-ciel” sont privées de tout droit. Elles existent bel et bien, mais les conjoints n’ont pas les mêmes droits que les membres d’un couple hétérosexuel, ni vis-à-vis de leur ménage ni vis-à-vis des éventuels enfants. Il y a donc un vide légal, que la politique peine à combler.

Une grande partie de la population est souvent favorable au mariage et à l’adoption gay, mais dans beaucoup de cas les politiciens n’ont pas assez d’ouverture mentale et quand ils n’attaquent pas les communautés lgbtq ils proposent seulement des petites avancées (voir ici pour la France et ici pour l’Italie).

Les derniers recours pour voir reconnaitre ses droits semblent donc les tribunaux: cours nationales de cassation et Cour européenne des droits de l’homme. Malheureusement, non seulement ce n’est pas l’endroit pour légiférer (en tout cas pas dans des pays qui n’appliquent pas la common law), mais en plus le résultat n’est pas garanti.

Juste aujourd’hui deux jugements importants étaient rendus.

  • Le premier, par la Cour de cassation italienne, qui a statué que même en dépit d’un contrat de mariage (le mariage homosexuel et le pacs n’étant bien sûr pas légaux en Italie) les conjoints gays doivent avoir les mêmes droits que les autres; on s’en réjouit (même si ce n’est qu’une goutte dans l’océan)!
  • Le deuxième, par la Cour européenne des droits de l’homme, qui a statué que, puisque les gays ne peuvent pas se marier, ils ne peuvent pas adopter d’enfant en France…mais ils ne sont pas discriminés pour autant! Il s’agit clairement d’une ânerie sans paire, équivalente à dire que si les noirs à l’époque de l’apartheid ne pouvaient pas être médecins c’est car ils ne pouvaient pas aller à l’uni…mais sans être pour autant discriminés. Lamentable!

Heureusement que cette réalité n’est pas la même partout. Si quelques pays sont à tel point civilisés que le nom des deux conjoints est inscrit sur l’acte de naissance des enfants, en Suisse aussi les choses bougent et cette semaine le Conseil des Etats a accordé aux couples homosexuelles le droit d’adopter des enfants, en acceptant la motion «Même droit pour toutes les familles»…espérons de ne pas être déçus par le Conseil National!

En attente de voir ce qu’ils décideront, croisons les doigts et détendons nous avec ce tube de Lily Allen…en souhaitant que l’homophobie disparaisse bientôt et que ce ne soit plus nécessaire de leur dire Fuck you. Bonne route!

Lily Allen–Fuck you – Clip réalisé par gayhomo.fr

dimanche 4 mars 2012

Shake your spear while Tom Waits

En occasion du Festival Objectif Mars, qui se déroule en ce mois de mars à Lausanne, nous sommes allées voir “Shake your spear while Tom Waits” sur le campus de l’Unil.

Une structure en bois assez pittoresque, la “Tour Vagabonde”, a fait son apparition il y a deux semaines juste en face du lac; il s’agit d’un théâtre élisabéthain, et c’est là qu’on s’est rendu pour le spectacle.

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Le début était plutôt prometteur: déjà de par la “Tour Vagabonde”, on s’est retrouvé projeté dans l’atmosphère de l’époque shakespearienne, avec une scène insérée dans le public et un accueil festif et musical.

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Le spectacle, (trop) bien publicisé par le site de l’Unil, s’annonçait comme une reprise moderne des principales œuvres de Shakespeare, entrecoupée par des reprises des titres de l’américain Tom Waits…mais après un court enthousiasme au début de la représentation on a très vite été déçu.

En effet, malgré une scénette amusante et bien pensée sur Roméo et Juliette tout au début, le récit n’a pas tardé à montrer des nombreuses lacunes.

La structure narrative était complètement absente, et on assistait grosso modo à un collage d’extraits shakespeariens successifs, sans articulation ni suite logique. Ces séquences étaient entrecoupées par une sélection de titres de Waits, exécutés assez bien du point de vue instrumental, mais avec un chant peu compréhensible malgré le charisme du chanteur.



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Cette difficulté de compréhension était en réalité un des problèmes majeurs du spectacle: des textes pourtant en français étaient extrêmement difficiles à écouter à cause de la mauvaise intonation et d’une certaine monotonie dans l’interprétation. Monotones étaient aussi les costumes, un assemblage de tenues farfelues sans sens ni cohérence aucune, sauf l’appartenance à un univers décalé.

Mauvaise pièce (mais: peut-on parler d’une pièce pour ce méli-mélo d’extraits?), donc, et mauvaise récitation. Mais là n’était pas le pire. En effet, outre une structure sans places assises et tout à fait inadaptée pour une pièce de plus de deux heures, ce qui en soi pouvait encore être supportable pour des jeunes (on a du personnellement aider une vieille personne à abandonner la loge!), les membres de la troupe nous ont offert un spectacle tout à fait détestable avec leurs attitudes vis-à-vis de l’alcool et de la fumée.

Premièrement, ils ont préparé et distribué une espèce de cocktail à base d’alcools forts à toute l’assemblée, en plus de s’être ostensiblement alcoolisés pendant toute la durée de la représentation (en potentielle violation de la loi cantonale sur les procédés de réclame et avec une attitude moralement discutable sur la remise gratuite et indifférenciée d’alcool, qui n’est pas interdite dans le Canton de Vaud mais qui l’est dans la plupart des cantons suisses): en faite, on se serait cru à une soirée de propagande de la Trojka plus que dans un théâtre.





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Deuxièmement, ils ont fumé (et nous ont enfumés) pendant tout le spectacle, ce qui n’est pas seulement désagréable (surtout pour quelqu’un qui est asthmatique comme moi, qui ai eu de la fatigue respiratoire pendant toute une journée après cela), mais qui est aussi une violation flagrante de la Loi cantonale sur l’interdiction de fumer dans des lieux publics (en particulier article 3 lettre d). Il y a de quoi rester surpris (et scandalisé) qu’une organisation publique telle que l’Université auberge et cautionne des tels agissements.


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Certes, il y avait quelques coups de génie, comme l’exhibition d’une violoniste-équilibriste suspendue à des cordes, ou encore l’idée d’un vrai “spectacle total”, avec les acteurs dispersés dans la totalité des étages et mêlés au public, mais dans le complexe il s’agissait de bonnes idées avortées à cause de tout ce qui les entourait…dommage!

On aurait presque dit qu’il n’y avait pas de metteur en scène, et que personne n’avait vu cette pièce avant la représentation du vendredi soir.

En somme, il ne nous reste qu’espérer que le reste du festival Objectif Mars sera un peu plus réussi, même si ce début si décevant n’est pas forcément la meilleure carte de visite ni l’encouragement le plus convaincant pour aller voir le reste.

Après cette critique négative (ma foi, ça arrive aussi), il me semble adéquat de nous quitter avec “Bad as you”, de Tom Waits. Bonne route!

Tom Waits, Bad as you, 2011