jeudi 28 juillet 2011

Hollande dorée

Il y a quelques jours, F. m’a demandé d’où venait mon nouvel avatar. Il s’agit d’un tableau du peintre hollandais Gabriel Metsu (Leyde 1629 – Amsterdam 1667), un artiste peu connu que j’ai découvert grâce à un article sur le site de la National Public Radio étasunienne.
Metsu était un peintre très productif (on conserve aujourd’hui environ 150 de ses œuvres) et il est devenu populaire surtout pour sa représentation des lumières, son respect des proportions et son attention envers les gens communs, le “petit peuple”. Tous ces éléments se retrouvent dans un de ses tableaux les plus connus, Le marché aux herbes d’Amsterdam, exposé au musée du Louvre et que vous pouvez voir ci-contre. Metsu_LeMarchéAuxHerbesDAmsterdam

Gabriel_Metsu_-_Man_Writing_a_Letter Le tableau qui fait office d’avatar s’intitule Homme écrivant une lettre et il a été peint entre 1662 et 1665 environ. Il représente un homme assis, qui écrit en face d’une fenêtre, ouverte, avec un mappemonde à son coté et une peinture champêtre sur le fond. Le personnage a un air serein, tranquille, il semble écrire juste pour donner de ses nouvelles, de manière tout à fait relaxée.
Outre la finesse des détails du corps et l’attention dans le choix des couleurs et la représentation des ombres et des lumières, ce qui m’a plu dans ce tableau est la perfection d’exécution du visage, des mains et de la nappe sur la table. Ce tableau a une particularité en plus: la lettre n’est pas seulement écrite…mais aussi envoyée…et reçue!
En effet, dans la même période, Metsu a aussi peint Femme lisant une lettre, et on peut imaginer qu’il s’agit de la même missive puisque les deux personnages se trouvent dans deux endroits distincts (symbolisés par les peintures; dans le tableau avec la femme il n’y a plus un panorama champêtre mais un décor marin) et la femme lit avec une expression calme, comme s’il s’agissait de nouvelles courantes. Voilà donc une scène de vie domestique simple, rendue avec des détails soignés mais pas surabondants.

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Gabriel Metsu a vécu pendant le Siècle d’Or de l’histoire hollandaise (1584-1702), celui où les Provinces Unies deviennent la première puissance commerciale au monde et les arts du pays bénéficient de cette période de prospérité tout comme les sciences et la technique. Des nombreux artistes de la même période pourraient être mentionnés, puisque la grandeur du plus connu d’entre eux (Rembrandt) était accompagnée par celle de beaucoup de peintres moins fameux mais tout de même très talentueux.
Parmi eux, on peut citer le paysagiste Jan Van Goyen, dont le choix de couleurs n’est pas sans annoncer les thématiques romantiques qu’on retrouvera un siècle et demi plus tard. J’ai choisi de vous montrer son œuvre Vue de la Merwede près de Dordrecht, qui contient deux de ses éléments préférés, soit un grand espace laissé au ciel et l’investissement du paysage par les activités humaines.

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Un autre style de peinture très populaire de cette époque est la peinture d’architecture, dont Emanuel de Witte est probablement le peintre le plus représentatif.
800px-Emanuel_de_Witte_006 Bien qu’il ait réalisé plusieurs œuvres sur des architectures imposantes (souvent des églises), je pense qu’un de ses tableaux les plus beaux est l’Intérieur avec une femme jouant de l’épinette. Quelle étude des proportions et de la lumière!
Enfin, on ne peut pas ne pas mentionner un autre style majeur de la période, les œuvres mortes réalistes. Deux artistes méritent d’être cités ici.
Le premier est Pieter Claesz, connu essentiellement pour ses tableaux sur la vanité, dont s’inspirent encore aujourd’hui nombre de peintres et de photographes. Ici à coté sa Nature Morte Vanitas, que suscitera sans doute une sensation de déjà vu chez beaucoup d’entre vous.
Pieter Claesz-vanitas


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Le deuxième artiste est Willem Claeszoon Heda, dont on peut admirer des nombreuses natures mortes représentant des verres, de la vaisselle et des vases. Un de ses tableaux est la Nature Morte (Petit déjeuner) ici à gauche: tellement réaliste qu’on pourrait croire qu’il s’agit d’une photo!
Si ce petit aperçu de la peinture hollandaise de l’âge d’or vous a intéressé et vous voulez en (sa)voir plus, vous pouvez visionner des autres images ici et avoir des explications plus détaillées en lisant le livre "Painting in the Dutch Golden Age”, édité par la National Gallery of Art de Washington et disponible gratuitement en ligne.
Le moment de nous laisser est arrivé. J’aurais pu choisir n’importe quelle chanson (puisque que font les chansonniers si ce n’est pas peindre des tableaux avec des mots et des notes?), mais, en partie en réfléchissant sur la qualité médiocre de la musique contemporaine et en partie à cause du pur hasard (j’y suis tombée dessus cet après-midi), je vous propose Ruins. C’est un morceau de Cat Stevens (Yusuf Islam) tiré de l’album Catch Bull At Four, qui contient aussi les plus connues House of Freezing Steel, O Caritas et Can’t Keep It In. Bref, il faut ressortir les vieilles cassettes, entre autres pour se consoler de la mort d’une des rares chanteuses douées contemporaines. Bonne écoute et bonne route!

samedi 16 juillet 2011

Qu’est-ce que tu aimes?

Après avoir observé la naissance (et bien souvent la disparition) de moteurs de recherche divers et variés, avec leurs logiques propres et leurs niches en termes de contenu (un disparu parmi d’autres mérite d’être rappelé, le français Kartoo), la plupart d’entre nous s’étaient résignés à utiliser des moteurs conventionnels. En particulier, le géant Google, possesseur du plus gros parc de serveurs au monde, s’est rapidement imposé comme un incontournable du web , aussi bien pour ses acquisitions et/ou contrats avec ceux qui étaient ses principaux concurrents (AOL, Yahoo, Youtube…pour les détails, voir ici). A la suite de cette escalade et de sa position de facto de monopole, nous nous étions donc plus ou moins résignés à utiliser Google et, selon nos besoins spécifiques, à jongler entre les différentes fonctions proposées par sa barre d’outils.
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Cependant, il semblerait que ce temps sera bientôt révolu. En effet, depuis quelques jours, est en ligne le nouveau-né de chez Google, What do you love? (Qu’est-ce que tu aimes?). Comme on l’a vu, Google+ nous permet déjà de regrouper nos activités sociales dans un seul et même outil (ou presque)…et maintenant, l’heure est au regroupement des recherches. Plus besoin de jongler entre Google web, images, patents etc.: tout cela apparaîtra sur la même fenêtre, nous laissant le soin de cliquer sur ce que nous aimons.
Faisons un petit test.
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J’ai ouvert le navigateur et j’ai tapé “diamond”. On est dirigé sur cette page:
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Comme on peut voir, l’accès à tous les services Google est du coup plus facile: cartes, livres, images, vidéos, brevets: tout est beaucoup plus accessible et cela réduit le temps d’accès à l’information. Si pour l’instant on ne peut pas déplacer tous les cadres (comme c’est le cas pas exemple sur iGoogle), on a quand même la possibilité d’en agrandir quelques uns, notamment celui des images:
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De plus, les outils sociaux ne sont pas oubliés: on peut envoyer des e-mails, créer un forum ou un blog sur le sujet ou même passer un coup de fil (si on est aux USA)…et tout cela à partir du même écran. Enfin, la barre latérale (ici à droite) nous permet de voir où nous sommes dans la page, ce qui peut être bien pratique

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Une autre fonction assez sympa est la visualisation 3D, qui présente des illustrations pouvant être tournées à 360°.
En somme, WDYL est un outil intéressant, qui donne un coté ludique à la recherche d’informations tout en la simplifiant. Seul aspect négatif, la concentration de pouvoir dans le mains du colosse Google. En effet, si les recherches performées d’une telle manière et les communications à leur sujet étaient systématiquement traçables et tracées, l’entreprise de Larry Page et Sergey Brin disposerait d’une énormité de données précieuses et sensibles, avec les conséquences que cela pourrait engendrer. Pour l’instant, toutefois, on n’en est pas là…donc, en suivant le slogan de Google même, ne soyons pas malveillants!  
Je vais souligner, avant de nous quitter, que WDYL est sans doute performant, cependant il ne sait pas toujours deviner ce que vous aimez. Eh oui, il me suggère des très beaux diamants, sans doute en “pensant” que “les diamants sont les meilleurs amis des filles”…. mais, par dessus les diamants j’aime la musique de Diamond, Neil, chanteur et compositeur new-yorkais! C’est avec une de ses plus belles chansons qu’on va se quitter, comme toujours, en musique. Bon week-end et bonne route!

mercredi 13 juillet 2011

On a de la chance

Il y a quelques jours je faisais des recherches sur internet et je suis tombée presque par hasard sur “Propre en Ordre”, un livre écrit par Geneviève Heller et publié à Lausanne en 1979. Commençant par se demander comment la légendaire propreté suisse a été socialement construite, cet ouvrage présente une histoire sociale de la vie domestique dans le canton de Vaud couvrant la période entre 1850 et 1930. Il s’agit d’un livre extrêmement bien documenté, qui présente avec un langage assez simple tous les bouleversements intervenus dans la vie de tous les jours au tournant du siècle dernier.
On voit ainsi apparaître progressivement les machines à vapeur, les laveries collectives, les réseaux de gaz, d’eau et d’électricité qui envahissent les rues et les foyers. Comme Foucault nous l’a appris, ceci ne se fait bien évidemment pas sans l’intervention des disciplines scientifiques, d’abord et avant tout l’hygiène. Ainsi, l’auteur nous présente les propos et les oeuvres de plusieurs hygiénistes suisses et en particulier lausannois et la manière dont ils ont fait évoluer les moeurs (par exemple pour ce qui concerne les bains dans le lac). Les médecins et les “services sociaux” de l’époque apparaissent comme les grands inventeurs et propagateurs de la propreté en Suisse: on nous décrit non seulement les avancées théoriques, mais aussi la surveillance pratique exercée au quotidien sur la population (par exemple à l’école) et la lente évolution des habitudes. C’étaient bien les débuts de la biopolitique! En même temps, des intérêts politico-économiques ont poussé pour le passage de la saleté à la propreté. A une époque où des maladies telle la tuberculose étaient très diffuses et la Suisse se définissait en tant que lieu touristique thérapeutique et sain (exemple), la propreté apparût comme un élément fondamental pour garder cette connotation. En effet, l’hygiène impeccable des établissement et des villes attrayait les touristes, mais il empêchait aussi aux germes de se propager (c’étaient les années des découvertes de Pasteur). En plus, l’amélioration des conditions de vie des ménages populaires était soutenue par les milieux aisés, puisqu’elle calmait les esprits et éloignait la menace communiste.
Ces phénomènes ont certes été décrits dans plusieurs ouvrages, mais il y a plusieurs raison de lire celui-ci. Premièrement il intègre beaucoup de références, de citations, d’images et il permet non seulement de se faire une idée claire des événements, mais aussi de les visualiser grâce aux photos et aux gravures reproduites. En outre, il se focalise presque complètement sur Lausanne et ses environs, donc il fait voyager ses lecteurs dans une autre époque, où la ville elle-même était différente. Enfin, il ne faut pas se déplacer pour l’avoir (!): la version intégrale est disponible en ligne et peut être téléchargée gratuitement en format .pdf (voir l’image).
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Si vous voulez vous distancier de tous les conforts dont notre époque nous fait profiter, prendre du recul, et réaliser que certains instruments et quelques habitudes sont plutôt récents (que sont cent ans à l’échelle de l’humanité?), cet ouvrage est fait pour vous!
Voici quelques passages qui m’ont beaucoup plu:
Deux lanternes à gaz étaient allumées, Place de la Riponne, le 31 décembre 1846! Presque partout l’on choisissait les fêtes de fin d’'année, la nuit de la Saint-Sylvestre particulièrement, pour introduire les premiers éclairages publics, à gaz puis électriques. Lausanne n’était alors éclairée que par une dizaine de falots à huile accrochés à un câble tendu entre les maisons. Frédéric Loba, un chimiste, venait de recevoir de la commune de Lausanne le monopole de l’éclairage au gaz public et privé. Constituée en société privée, son entreprise installa en 1848 sa première usine à gaz au port de Lausanne, à Ouchy. “Le samedi 22 janvier 1848, on vit le Bazar vaudois éclairé par une vingtaine de becs d’espèces différentes, qui attirèrent la visite d’une foule de curieux. La place de la Palud fut éclairée au gaz quelques jours après, et les rues ne tardèrent pas à être dotées de nouveaux réverbères (…) Puis divers établissements publics et des magasins (…) C’était l’âge d'or de la compagnie; chacun admirait cette flamme sans mèche qui s’étalait aux yeux sous la forme d’un papillon”  [page 47]
La plus éclatante, la plus blanche enfin, presque comme le soleil! Non pas jaune comme les lampes habituelles. “Non seulement elle n’altère pas les couleurs des tissus ou autres objets, mais nous les montre comme la lumière du jour, sous leur véritable aspect.” Cette qualité fut d’ailleurs la seule qui lui fut nuisible pendant un certain temps: on craignait de s’abîmer les yeux, de les brûler à la longue en vivant sous un éclairage si éclatant. Le préjugé était plus fort que la réalité, l’ampoule habituelle était alors de 20 watts! Enfin, l’électricité, auréolée d’une puissance quasiment miraculeuse, devait susciter des commentaires lyriques: “Combien de fois n’avons-nous pas admiré, des hauteurs, la plaine qui s’étend au loin, toute parsemée de constellations. Ce sont les villes et les villages éclairés à l’électricité. Ne dirait-on pas vraiment que cette fée, en parcourant monts et vallées, dans une chevauchée désordonnée, a pris plaisir à laisser tomber de son chariot lumineux quelques fleurs aux brillantes couleurs.” [pages 50-51]
Suite à la lecture de cet ouvrage, j’ai décidé de poursuivre mes promenades dans la Suisse d’un temps avec un petit livre (d’ailleurs cité par Heller à la page 208), “Pipes de terre et pipes de porcelaine”, qui recueille les souvenirs de Madeleine Lamouille, femme de chambre en Suisse romande entre 1920 et 1937, tels que recueillis par Luc Weibel. Cet ouvrage d’histoire orale en réalité commence bien avant 1920, avec l’enfance de madame Lamouille au début de 1900, dans un petit village du canton de Fribourg. Ils nous raconte l’histoire d’une famille pauvre, d’un pays très inégalitaire et profondément différent de celui qu’on connait aujourd’hui. Après avoir été ouvrière en France, la protagoniste revient en Suisse et elle commence à travailler comme gouvernante chez des familles aisées de la Suisse romande, chose qu’elle fera jusqu’à son mariage. Les scènes répertoriées dans ces récits sont touchantes et dramatiques; beaucoup d’entre elles seraient impensables dans la société suisse contemporaine. Le monde qu’on nous décrit est dur, classiste, épouvantable. Il s’agit, en somme, d’un magnifique témoignage qui laisse révoltés, mais aussi satisfaits du progrès que des personnes comme madame Lamouille ont construit et ont offert aux générations actuelles.
Plus ou moins entre 1915 et 1919, on retrouve les deux premières scènes que je vais citer plus bas. Je les ai lues dans un moment banal, assise à un arrêt de bus bien propre, en attendant un bus ponctuel, avec des habits neufs, un bon petit déjeuner dans le ventre et, aux oreilles, un iPod qui chantait la chanson que vous trouvez ci-bas. Ce que je vous propose, c’est de faire partir la vidéo et de lire les quelques lignes qui suivent…peut-être en vous disant qu’en vivant de nos jours, dans nos pays, on a quand même vraiment de la chance. Bonne route!


Avec cette écorce (ou parfois avec de l’osier) mon père fabriquait ses paniers. Quand ils étaient faits, nous, les pauvres enfants, on allait les vendre: on partait à l’aventure, on allait jusqu’à Arissoules, à quatre kilomètres de Cheyres – en général le mercredi, qui était jour de congé pour les écoles –. On partait avec chacun deux paniers au bras, peut-être trois. On les vendait toujours, nos paniers: ils étaient très bien faits. On les vendait deux francs pièce. Pour cette journée, nos parents ne nous donnaient pas de provisions. Il n’y avait peut-être pas de pain à la maison ou, s’il y en avait, il fallait le garder pour le repas du soir: on en avait si peu. Mon père nous disait: “Vous avez des belles voix; vous chanterez, et on vous donnera à manger.” C’est ce qu’on faisait: on chantait dans les cours des fermes.[13-14] 
Mon père, dans son petit plantage, faisait quelques plantons de tomates, de pensées, de pâquerettes. Ca aussi on allait le vendre: on avait une vieille poussette, on y mettait nos cageots, qui contenaient les plants avec un peu de terre. Et on partait, tous les quatre, pour aller vendre cette marchandise à plusieurs kilomètres à la ronde. Nous avions respectivement douze, onze, neuf et six ans.  [14-15] 
Chez les B, on nous faisait travailler comme des esclaves. Mais je leur ai toujours été reconnaissante de m’avoir soignée, de ne pas m’avoir renvoyée. Si j’étais revenue à la maison, je serais peut-être morte. Qui est-ce qui 'm’aurait soignée? Pauvres comme on était, ma mère malade, mon frère qui faisait déjà le valet de ferme tout en allant à l’école: personne ne se serait occupé de moi. En tout cas pas Monsieur le curé.[41] 
J’étais arrivée en fin de matinée. Mon premier choc, c’est que personne ne m’a touché la main. Personne ne m’a dit: “Bonjour Mademoiselle, vous avez fait bon voyage?” Rien. Ni Monsieur ni Madame: rien du tout. On m’a tout de suite mise à mon travail. (…) Alors j’ai pris le plateau, je suis allée au salon et j’ai dit “Bonsoir messieurs-dames”, comme je faisais chez les B. Ils se sont tous regardés, stupéfaits. Il y a eu un moment de silence. Enfin ils ont dit: “Bonsoir, Madeleine”. (…) Marie m’a répondu: “C’est qu’ici on ne salue pas les bonnes: on ne se dit jamais ni bonjour ni bonsoir, pas même le jour de Noël ou le jour de Nouvel An: rien, jamais.” (…) En somme nous étions uniquement des machines à travailler, et nous étions traitées comme telles.[81-84] 
Madame W. tenait son rang, mais elle n’était pas hautaine. Monsieur W, lui, était méprisant. Il détestait la classe ouvrière. Quand on ne portait pas veston et cravate, on n’existait pas pour lui. Au moment où on a construit sur les Tranchées un immeuble locatif en face de l’appartement de la famille, il disait: “C’est affreux, on verra aux fenêtres des hommes en manches de chemise!” En ce temps-là, les Messieurs n’ôtaient jamais leur veston. [89] 
Monsieur était assez gentil, mais Madame était très hautaine, et ne lui adressait pas la parole. Elle avait une chambre minuscule, sans autre aération qu’une fenêtre donnant sur l’escalier. Au moment de l’engager Monsieur lui avait dit: “Comment vous appelez-vous?” “Marie” “Ici, on vous appellera Bobonne. C’est la coutume dans notre famille” [92-93] 
Pendant les repas, elle restait à la cuisine. A un moment donné, Madame la sonnait, elle allait avec son assiette à la salle à manger, et Madame lui mettait dans son assiette ce qui restait. [93]

mercredi 6 juillet 2011

La nutrigénomique dans notre assiette #2 – L’apéro

Après le post sur “La nutrigénomique dans notre assiette”, j’étais invitée hier à l’apéro pour fêter la parution de l’ouvrage. C’était la première fois que je visitais le bâtiment “Génopode” sur le campus de l’Unil, qui est très particulier, puisque on voit dès qu’on rentre des labos, des blouses et des machines diverses.

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Ca a été l’occasion pour rencontrer les auteurs du livre, le professeur Walter Wahli et sa collaboratrice Nathalie Constantin, et les personnes qui travaillent avec eux. C’est une belle équipe de scientifiques sympathiques et motivés, qui ont essayé de m’expliquer leurs champs de recherche avec une grande clarté et aussi pas mal de patience (vu mon ignorance en matière des “sciences dures” :-) ).

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L’ouvrage de Wahli et Constantin est née suite à deux articles (1, 2) publiés sur le Swiss Medical Forum en 2009, qui ont donné aux auteurs l’idée d’écrire un livre de vulgarisation sur la nutrigénomique. En plus du livre, pour les étudiants en Biologie et Médecine il existe à l’Unil depuis le semestre de printemps 2011 un cours dédié à cette discipline.
Ce qui est sûr est que, dans un monde toujours plus inquiet par rapport à l’alimentation (on est arrivé cette semaine à ouvrir un social network entièrement dédié à la nourriture!) et de plus en plus fasciné par la génétique, on va sans doute entendre beaucoup parler de la nutrigénomique dans le futur!
Pour rester en thème alimentaire et pour nous quitter en musique, comme toujours, voici “Strawberries”, des new-yorkais Asobi Seksu. Bonne route!

dimanche 3 juillet 2011

Google+ : du réseautage massif à la communication flexible

Quelques semaines en arrière Daniel Sieberg sur le Washington Post faisait la promotion de son dernier livre et nous mettait en garde sur les dangers de la dépendance aux nouvelles technologies. En effet, même sans arriver au degré des no-life, selon une étude de la Stanford University rien que le multitasking serait dangereux pour le cerveaux et, à la longue, il nous empêcherait de faire le tri parmi les informations pertinentes et donc il mènerait vers la prise de décisions irrationnelles. Sieberg, repris par des nombreux médias (ex. 1, 2) allait jusqu’à proposer le test suivant pour déterminer son “Index de masse technologique” (“IMT”?!):

Comptez et sommez les points suivants:
Pour chaque natel que vous possédez: 3 points
Pour chaque ordinateur portable: 1 points
Pour chaque tablette: 2 points
Pour chaque liseuse: 1 point
Pour chaque service SMS: 5 points
Pour chaque identité online ayant un login différent: 5 points
Pour chaque ordinateur fixe: 1 point
Pour chaque compte e-mail: 2 points
Pour chaque appareil digital: 1 point
Pour chaque gadget ne rentrant pas dans ces catégories et ayant un chargeur: 1 point
Pour chaque blog que vous tenez ou suivez: 2 points
Résultats:
<24 points: niveau bas (une réduction de l’activité online peut à la limite calmer votre stress)
25-35 points: niveau moyen (un “régime numérique” peut vous aider à mieux vous organiser et à améliorer votre qualité de vie)
>36 points: niveau élevé (une baisse de votre “consommation digitale” peut réellement améliorer votre vie)

J’ai fait le test et mon (désastreux) score est de 63 minimum (j’ai sans doute oublié quelque chose). Un dilemme majeur se pose: comment conjuguer la nécessité de s’informer et de “rester connecté”, qui a notre époque est presque une obligation, avec la charge de travail que les différents comptes-réseaux-sites-machines représentent? Et comment traquer rapidement le contenu qui nous intéresse sans pour autant passer des siècles à feuilleter des milliers de sites différents? Des soucis de taille, tout particulièrement si on considère le volume du matériel (infos, contacts, images, nouveautés) injecté chaque jour sur la toile (on estime par exemple que Youtube reçoive 48 heures de nouveau contenu chaque minute!).  Que faire donc?
La semaine dernière Google a lancé un nouveau projet qui propose de nous simplifier la vie: Google+! Il s’agit d’un outil flambant neuf, à mi chemin entre le réseau social, l’application online, le liseur de flux, le gestionnaire de contenu, le gadget: bref, le super-site qu’on attendait!

Mais……qu’est-ce qu’on peut faire sur Google+?


En individuel:
  • On peut créer un profil public, qui contiendra les informations sur notre formation, nos passions, nos coordonnées et qui sera indexé en tête sur le moteur de recherche Google. Il n’est pas obligatoire d’insérer ces informations ni de les rendre publiques. Cela pourrait se rendre utile, par exemple, si on cherche un emploi, mais aussi avoir des désavantages si on y insère des données sensibles.
  • On peut gérer de manière groupée nos contenus qui avant étaient dispatchés aux quatre coins du net. En effet, Google+ intègre des outils si disparates que Flickr, Youtube, Blogspot(Blogger.com), LinkdeIn, Quora, Picasa et permet donc d’avoir une sorte de “tableau de bord” unique pour tous ces instruments.

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  • Cette fonction pour l’instant est en train d’être mise en place et ne marche pas pour tous les sites que j’ai cité; cependant, pour certains d’entre eux elle est déjà pleinement fonctionnelle. Ainsi, par exemple, en intégrant Picasa on peut rapatrier toutes les photos. En outre, dès qu’on insère une photo sur Google+ celle-ci est automatiquement intégrée à un de nos albums Picasa et on peut aussi la modifier en ligne!

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    • On peut suivre des contenus qui nous intéressent grâce à la fonction “Déclics”. En effet, en insérant un certain argument dans la fonction, le moteur de recherche se charge de nous envoyer des contenus à ce propos de manière continue. Voici par exemple ce qui apparait si on tape “Doris Leutard”:

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      • Grâce à la nouvelle barre Google on a aisément accès à Google Documents, Google Calendar, Google Reader et à tous les autres services de Google.

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        Avec les autres:


      • On peut rajouter nos contacts, avec nom quand ils sont déjà sur le réseau, ou bien par leur adresse e-mail ou en les important de Yahoo Mail ou de Hotmail-MSN





      • On peut inviter nos contacts sur le réseau à travers leur e-mail





      • On peut organiser nos contacts en des cercles, en fonction de notre relation avec eux: famille, amis, connaissances.





      • En fonction de cette organisation on peut partager des informations (écrits,  photos, vidéos, liens internet) avec nos contacts de manière beaucoup plus spécifique par rapport aux autres réseaux sociaux. En effet, chaque fois qu’on partage un contenu on peut choisir quels en seront les destinataires… et on peut aussi envoyer le contenu à des contacts externes au réseau. Ainsi, le “partage” d’informations est ciblé et la gestion des contacts est efficace!





        • On peut suivre les publications de quelqu’un qu’on ne connait pas en l’insérant dans nos cercles en tant que “suivi”; de cette manière, nous verrons tout ce qu’il envoie à ses “suiveurs”
        • Il en sera de même pour ceux qui nous “suivent”: à chaque fois on peut partager avec eux des contenus spécifiques…sans qu’on ait à partager des informations plus personnelles.
        • On peut créer des contenus de très bonne qualité grâce à des fonctions spécifiques (par exemple caractéristiques de la police, insertion de liens, images, vidéos, géolocalisation dans un seul et même post; géolocalisation des images)

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          • On peut communiquer en temps réel avec nos contacts avec les fonctions de chat et de vidéoconférence (pour cette dernière il faut tout de même installer un petit plugin). La vidéoconférence permet de combiner le dialogue oral et le chat écrit et elle permet de dialoguer avec un maximum de 10 contacts à la fois: pas mal!
          • On peut utiliser le réseau en tout lieu pourvu qu’il y ait un réseau de téléphonie mobile grâce au navigateur du natel ou, encore mieux, à travers l’application pour Android, qui est graphiquement simple, facile à utiliser et assez pratique pour des courtes communications ou pour partager des photos. [p.s.: aux dernières nouvelles (4.7.11, 21h51) l'application pour iPhone a été soumise à l'App Store et attend juste d'être validée]
          Bref, malgré quelques petits soucis probablement dus à l’activation récente (par exemple les posts n’apparaissent pas toujours en ordre chronologique, il faut attendre 1 ou 2 minutes pour que les changements dans les profils ou les ajouts soient actifs), Google+ apparait comme un petit bijou qui va (on l’espère) nous permettre d’optimiser une bonne partie de nos activités sur le net et de passer d’un réseautage social massif (comme Facebook) à une communication flexible et de qualité.
          Pour l’instant, Google+ est en phase de test et on peut y accéder seulement avec une invitation: si vous en voulez une,  n’hésitez pas à m’envoyer un mail ou à laisser un commentaire avec votre adresse e-mail! En attendant que ça se développe comme il faut, essayons quand même de réduire notre “IMT”…eh, ils sont bien loin les temps du jeu vidéo qu’on voit dans le clip de Air ci-dessous! Bonne écoute et, comme toujours, bonne route!