mercredi 27 juin 2012

Art Basel #4–Nus et érotisme

Depuis la nuit des temps, les scènes de nu et d’érotisme ont fasciné les artistes…et il ne pouvait qu’en être ainsi aussi à Art Basel 43. Voici une sélection des œuvres que j’ai pu admirer là-bas (celles que j’ai préféré sont toujours marquées par une étoileÉtoile).

Les nus classiques, généralement féminins, se distinguent souvent pour leur perfection, comme dans ce “Nu (ventre et cuisses)” (agrandissement photographique imprimé sur gélatine d’argent, 1930-32) de Brassaï

…ou dans “La prière” (païenne, aurait-on envie de rajouter!) de Man Ray (photo de 1930, impression de 1970).

Certains d'entre eux ne veulent pas être parfaits, mais faire preuve d’une maitrise d’une certaine technique. Tel est le cas de ces surprenants “Untitled – Naked woman” et Étoile“Untitled – Passage” de Kazuna Taguchi (impressions sur gélatine argentée, 2012), où les femmes semblent émerger du brouillard.

Un travail très créatif du point de vue de la technique est “The Love Warrior” (crayon, aquarelle et broderies, 2012) de Ghada Amer et Reza Farkhondeh, une guerrière “tropicale” et dessinée toute en délicatesse malgré l’agressivité relative du titre.

Toute une partie des nus essayent de convoyer un message, un concept. Tel est le cas de ce “Sans titre (de la série Totentaz mit Mädchen)” (dessin sur photo, 1979-80) de Birgit Jürgenssnen.

Toujours de Birgit Jürgenssen, Étoile“Nest” (1979) (photo, 1979) qui n’est pas un nu mais qui contient une indéniable dimension sensuelle et symbolique…

…et “Demenstration” (aquarelle, papier ménage, gaze, tissu, coton, épines sur papier, 1978/79).

(détail)

Quelques nus militent contre l’instrumentalisation du corps féminin et les femmes-objet, comme “Jo Spence as a Sex Object (How I would really like to be remembered aged 44)” (photo, 1979) de Jo Spence (je ne sais pas si cette œuvre faisait aussi référence à son cancer du sein) et Terry Dennett…

et Étoile“Sans titre” de Marlo Pascual.

Dans la militance on peut inscrire aussi ces deux non-nus, chargés en symboles: “Sigrid Agren for Acne” (impression, 2012) de Roe Ethridge (image tirée d’une vraie campagne publicitaire)…

…et “Old New Girl (Summer 2012)” (encre, peinture à l’huile, peinture acrylique, crayon, peinture spray et boutons sur feuille d’aluminium imprimée) de Lothar Hempel.

Finalement, il y a aussi les nus inutiles, comme ce “Sans titre” (collage sur papier cartonné, 1970-73) d’Erik Dietman. Peut-être que c’est moi qui n’ai pas compris, mais ce travail me semble juste triste et dégradant.

Si on considère les œuvres érotiques, là aussi il y en avait beaucoup d’inutiles. Par exemple, toute une panoplie de dessins et peintures dédiées à la fellation, que j’aurais vraiment de la peine à appeler de l’”Art”, comme “Mes dessins secrets” d’Annette Messager (76 dessins, 1992-2011), tous plus ou moins comme celui qui suit…

…ou “Sans titre” (aquarelle sur papier, 1965) de Tom Wesselmann, très pop mais franchement pas très intéressant (du moins pour moi).

Quelques oeuvres sont quand même dignes de note, pour avoir donné à la sexualité une note ironique, comme dans “Early Rider” de Kara Walker (papier coupé, 2001)…

…quelque peu surréaliste, comme dans “Ca” (huile sur toile, 1933) de Jean Marembert

…ou juste tendre, comme dans “Two Messiahs” (huile sur toile, 1988) de R.B. Kitaj.

Les oeuvres que j’ai préféré dans cette section sont sans aucune doute Étoile“Thread” de Njideka Akunyili (acrylique, charbon, crayon de couleur et transfert sur papier), avec cette image de femme si évanescente et transparente, presque une fantaisie, une projection de l’esprit…

…et Étoile“Lovers of a Blue Moon”, de Ghada Amer et Reza Farkhondeh (gravure et couture sur papier, 2009).

Sur cela, je voulais vous proposer de nous quitter avec un morceau adéquat: l’endiablé et décalé “High voltage” des Electric Six…

…mais après je réalisé que aussi “Satisfaction” de Benny Benassi méritait d’être citée, du moins pour la vidéo…

…suite à quoi je me suis souvenue des deux parodies de cette dernière vidéo, si drôles qu’il faut bien qu’on les montre:

 

Et donc voilà qu’exceptionnellement on se quitte avec quatre vidéos! Bonne route!

lundi 25 juin 2012

Art Basel #3 – Scènes d’intérieur

Le troisième volet de cette série dédiée à Art Basel 43 concerne les scènes d’intérieur. Mes œuvres préférées sont toujours signalées par une étoileÉtoile.

Pour commencer, quelques œuvres qui ne rentrent pas aisément dans des catégories.

Un lampadaire intitulé “Scheme”, par Michael Raedecker (acrylique et fil sur toile, 2011), qui semble émerger de la brume…

…puis des “Ombres”, par Victor Keppler (tirage sur papier aux sels d’argent, 1931), avec des beaux contrastes entre les lignes droites sur le vette et les mouvements circulaires des ombres et de l’assiette…

…ce “Studio d’un Sculpteur Classique II” (techniques mixtes, 2003) par Charles Matton (artiste français connu pour ses “boites” de lieux, où ce qui frappe est la minutie dans la disposition des détails (certains visibles seulement grâce à un jeu de miroirs à l’intérieur), un peu comme dans une maison de poupée…

…et “Farewell to Washington Square” (acrylique sur toile, 1972) de Paul Thek, où ce qui frappe est surtout l’atmosphère nocturne, avec ce personnage du voleur que peu auraient l’idée de peindre…et une orange perdue au milieu de tout cela.

Ensuite, plusieurs œuvres ayant des sujets glauques, tristes ou oppressants, comme ce Étoile“Pattaya Bar” de Caro Niederer, sombre et pesant, qui dégage une atmosphère entre le fantaisiste (lanternes “volantes”) et le morbide (contraste entre le rouge et le noir, femme en attente).

Plutôt désolant est aussi Étoile“Out My Window, Chelsea, Expecting” (impression, 2010) de Gail Albert Halaban, qui oppose les couleurs froides des murs aux tons chauds de l’intérieur de l’appartement.

“Undurchdringliche Gebiete” (huile sur lin, 2011) de Bernhard Martin est quant à lui, avec une figure qui semble entrainée vers la mort, à mi chemin entre le rêve et la réalité.

Enfin, le vol ou la chute vers la mort est beaucoup plus explicite dans deux autres œuvres: cette photo sans titre de Gusmao et Paiva, où un oiseau très coloré vole (ou meurt?) sur un fond d’étagères sombres…

…et cette impression par Yasumasa Morimura, “A requiem: theater of creativity / Self portrait as Yves Klein” (2010). Yves Klein était un artiste français connu pour son bleu (International Klein Blue) et pour ses oeuvres dont certaines sur le thème de la chute (voir ici par exemple); même Takashi Murakami lui a rendu hommage avec une sculpture sur la chute.

Finalement, les scènes plus calmes et relaxées: une chambre à coucher “Sans titre (private parts)” de Johannes Kahrs (huile sur toile, 2011), avec des teintes floutées…

…une pièce avec du vent, représentée avec des clins d’œil au graphisme digital, dans Étoile“Sans titre” de Karin Kneffel (huile sur toile, 2011-12)…

…une scène de tendresse domestique très pop et qui rappelle les années 1970 dans Étoile“The Facett” de James Rosenquist (huile sur toile, 1978)…

…et finalement une jolie maitresse de maison installée sur le canapé dans Étoile“Der rosa Salon” d’Albert Oehlen (huile et papier sur plastique, 2004).

Voilà que le tour de ces scènes d’intérieur est fait! Pour nous quitter, je vous propose une chanson qui n’a rien à voir; il s’agit d’une cover que je viens de découvrir, John Lennon chantant Stand By Me (j’adore!*). Bonne route!

* De temps à autre je me demande si je ne serai pas appelée à vivre cette scène d’un de mes films préférés (ou l’ai-je peut-être déjà vécue?!) – en moins tragique, bien entendu Sourire: (min. 1.37) “Gilberto tu sais comment tu passes tes soirées? Tu le sais oui ou non? Non parce que tu n’es pas conscient de ce que tu fais! Le soir tu t’enfermes dans ta chambre, tu mets tes écouteurs sur la tête, et tu écoutes les chansons de 30 ans en arrière…pas celles de maintenant, celles de 30 ans en arrière.” “Tu nies mon intimité?!” “Tu es loin Gilberto, tu es ailleurs!

samedi 23 juin 2012

Art Basel 43 #2–Paysages

On continue la série de billets dédiés à Art Basel 43 avec, cette fois-ci, quelques paysages choisis (ceux que j’ai préféré sont toujours signalés par une étoile Étoile). J’ai remarqué plusieurs oeuvres, dans des registres différents: fantaisistes, réalistes, glauques…

D’abord, les paysages fantaisistes, comme ce “Dominus Aeris – Escape II) (huile sur toile, 2011) de Thukral et Tagra. Le style est très particulier et quelque part exotique, tout comme le thème, même si parfois ça s’approche (trop) du kitch.

Toujours dans la thématique fantaisiste, “Good Friday” de Julian Schnabel (huile sur polyester) est surprenant, car il rapproche une représentation classique de armées et soldats (sur le fond) avec un portrait réaliste d’un mouton au premier plan (une allusion au comportement moutonnier des êtres humains?), le tout avec des accents fluo (qu’on ne voit malheureusement pas très bien dans ma photo).

Le travail de Christine Ödlund “Greetings from Uranus H.P. Blavatsky” (pastel et feutre sur papier, 2012) est nettement plus abstrait, mais pas moins intéressant pour autant. Il transporte celui qui le regarde dans un autre univers imaginé par l’artiste. Seule fausse note: les deux feuilles de cannabis en bas à gauche, symbole moche et désormais abusé (on l’a vu trop, partout et en toutes les sauces…même dans les contextes comme celui-là, où il n’a rien à voir avec le sujet du tableau – le cannabis ne causant pas d’hallucinations!).

Plusieurs paysages imaginaires reprennent des esthétismes anciens pour créer des illusions (et dystopies) plutôt glauques. C’est le cas des 7 eaux-fortes de Ged Quinn dans la série “Utopia Dystopia”, dont celle-ci intitulée “Honour Thy Superior”. Si les sujets sont plutôt intéressants et bien construits, ils ne sont pas toujours aisés à comprendre, surtout à cause de la petite taille des œuvres et de la conséquente difficulté de voir les détails.

Bien plus noires sont les deux oeuvres suivantes, d’un coté ce “Fucking Plasma Sun Heater” sur une hypothétique et monstrueuse centrale pour chauffer le soleil (médias mixtes sur papier, 2012) de Chris Hipkiss

…et de l’autre ce “Sans titre” de Michael Wutz (techniques mixtes, 2012), allégorie de la mort où on voit tout un joli monde marcher en haut d’une colline (haut du tableau) et inexorablement précipiter dans les entrailles de la terre, où de nombreux squelettes les ont précédés.

Dans tout un autre style, les paysages proposés par Max Gomez Canle (dans l’ordre, “Entrada”, Espejimos” et “Escenario”; huiles sur toile, 2012) proposent un monde vide d’êtres humains, mais contenant quand même des éléments géométriques tels murs et escaliers. Il ne s’agit pas d’œuvres renversantes, mais ils sont quand même agréables à regarder.

Dans le domaine réaliste, on retrouve “The Bush”, de Nedko Solakov (huile sur toile, 1985), qui m’a plu pour les couleurs pastel et l’atmosphère relaxante malgré la présence d’un gros serpent au centre du tableau…

…“The Rie” (?-je ne retrouve plus le titre!), de Enrique Martinez Celaya (huile et cire sur toile, 2009), un paysage hivernal triste…

…et “Armchair Painting – Untitled (high voltage)” (huile sur toile, 1999) de Amikam Toren, qui joue sur les contrastes entre l’image et les mots incisés sur la toile.

Et finalement mes quatre œuvres préférées, des paysages grandioses dans lesquels les éléments naturels dominent et sont représentés avec un grand talent.

Premièrement, ce collage sur table de Joseph Cornell (1960), intitulé “The Human TermostatÉtoile, avec des très belles couleurs automnales.

En deuxième lieu, j’ai adoré ce “Ink Sky 2”Étoile de Teresita Fernandez (technique mixte, 2011), une nuit sur la mer représentée de manière magistrale avec des variations sur le noir.

Mon troisième choix se porte sur un jeune artiste, Takeo Hanazawa, et sur son œuvre “Goldman: A Poet By The Waterfall”Étoile, d’une fraicheur admirable.

Finalement, l’œuvre la plus étonnante est “Sans titre (seascape)”Étoile de Tom Friedman (papier, 2012): une feuille de papier pliée, plissée et travaillée de manière à lui donner l’aspect d’un paysage marin seulement grâce aux ombres créées, dans un blanc total, sans la moindre goutte de peinture. Il fallait le faire!

Pour nous quitter, voici le panorama “marin” de “Oh Gaby Gaby” par Alain Bashung. Bonne route!

Alain Bashung – Gaby Oh Gaby