mercredi 20 juin 2012

ArtBasel 43 #1–Portraits et antiportraits

Le week-end dernier je me suis rendue à ArtBasel, une des plus grandes et importantes foires de l’art contemporain au monde. Cette gigantesque exposition accueillait 300 galeries représentant 2500 artistes et plus ou moins tous les styles de l’art contemporain, de la sculpture hyperréaliste à la peinture abstraite en passant par la vidéo et la photographie.

Une fois qu’on rentre dans le pavillon on est submergé par la quantité et la diversité des œuvres, et les plus fragiles risqueraient sans doute de développer le syndrome de Stendhal. Vu le nombre de travaux remarquables, je ne pourrai pas tout vous montrer dans un seul post (ce qui vous empêchera aussi de développer le fameux syndrome, en tout cas je l’espère Rire à gorge déployée). J’ai donc décidé décrire plusieurs posts à ce sujet; chacun d’entre eux sera dédié à une thématique particulière et ne présentera que les œuvres qui m’ont le plus frappée. Mes préférées pour chaque catégorie sont signalées par une étoile Étoile.

Ce premier post est dédié à un grand sujet de la peinture et de la sculpture depuis la nuit des temps, à savoir les portraits – et, comme mentionné dans le titre, les “antiportraits”, c’est-à-dire des portraits sans visage.

L’exposition a laissé de la place à un grand nombre d’”antiportraits”, comme par exemple ce “Portrait of a woman” de Florin Mitroi (huile sur bois, 1975-1985), où on remarquera la précision et la simplicité des traits

ou ce “VK.R. 17” de Gabriel de la Mora (photographies grattées, 2011), où l’on distingue un seul visage encore en place.

Trois antiportraits méritent d’être mis sur le devant de la scène.

Le premier est ce “sans titre” de Michael Van Ofen (huile sur toile, 2011), un travail magistral pour sa capacité de réduire un portrait de femme à ses lignes essentielles, et pour l’atmosphère mélancolique mais douce due à cette lumière qui vient frapper ce bonnet un peu incliné, qui regarde quelque chose ou quelqu’un plus bas (un enfant? ou un chien?).

Deuxième antiportrait digne de mention, ce “Sans titre (bloody head)” de Llyn Foulkes (technique mixte, 1975). Terriblement angoissant, ce qui le distingue des autres qu’on a vu jusque là est le fait que la tête n’est pas invisible parce qu’on a choisi de ne pas la montrer ou de l’effacer; elle est cachée par le sang, et la violence symbolique de l’effacement réalisée sur un objet (présente, par exemple, dans l’oeuvre de de la Mora) est remplacée par une violence physique (qu’on imagine létale) faite sur un sujet.

Finalement, cet Étoile“Autoportrait (Dasha)” (sérigraphie sur toile, 2012) réalisé par The Bruce High Quality Foundation est aussi angoissant, mais dans un autre registre. En effet c’est le regard du sujet qui est angoissé, mais on ne comprend pas vraiment pourquoi. Serait-ce l’angoisse que tout sujet dissimule au fond de soi, sous les nombreux masques qu’il montre aux autres? Cette même angoisse qui transparait dès que les masques sont mal ajustés… En tout cas, ce type de portraits peuvent être commissionnés par tout un chacun aux artistes de la BHQF.

Après les antiportrait, place aux portraits. Il y en avait pour tous les gouts: des adolescents plus ou moins rebelles aux jeunes femmes et aux personnes âgées, en passant par les enfants.

Dans la catégorie enfants, on a remarqué les deux asiatiques tristounets et plutôt sombres de Leiko Ikemura “M & lago” (tempera sur juta, 2009)

et de Li Tianbing Étoile“Walking with the umbrella” (huile sur toile, 2012), avec un très beau contraste entre la gaieté du décor et des gamins sur le fond et la tristesse et sobriété du protagoniste, dont la couleur est autant terne que l’expression.

J’ai aussi bien apprécié ce “Moïses” de Pierre Gonnord (photo, 2006), qui rappelle, dans la thématique et les couleurs, les travaux de Mathieu Grosjean qu’on avait eu l’occasion de voir quelque temps en arrière à La Chaux-de-Fonds (vu les dates des oeuvres, c’est plutôt Grosjean qui s’est inspiré de Gonnord).

Catégorie adolescents, quelques photos et un tableau.

Le premier travail est Étoile“Lou”, de Moyra Davey (impression sur gel argentique, 1975), qui capture bien la rébellion et la physicité des ados.

Encore de la physicité dans ce “Ryan in the tub, Provincetown, Mass, 1976” de Nan Goldin. Ma photo de l’œuvre n’est pas de très bonne qualité, mais ce portrait est une belle représentation d’un simple moment de relax, avec des couleurs plutôt sombres qui donnent plus d’éclat à la peau du garçon.

Finalement, la “Pinup” d’Eric van Lieshout (médias mixtes sur papier, 2011) est une œuvre plus centrée sur la psychologie et le coté “emo” des jeunes. Ce qui fait en grande partie l’originalité de l’œuvre est la distribution de la couleur, à souligner le mouvement du bras dans l’acte de soulever le t-shirt.

Coté portraits d’adultes, il y avait aussi plusieurs travaux admirables. A coté de portraits féminins plutôt classiques et pas vraiment épatants comme ces “Sans titre” (“Die Blaue”, “Die Grüne”, “Die Rote” et “Die Gelbe”; 2012) de Zilla Leutenegger,

on trouvait aussi des travaux plus provocateurs, comme cette “Girl with rose” de Otto Dix (gouache, aquarelle et crayon sur papier, 1923), à l’air malade et quelque peu morbide,

cette inquiétante “Me as Claude Cahun Holding a Mask” (impression photographique, 2012) de Gillian Wearing, qui dégage une atmosphère plutôt malsaine et démodée,

la numérique “Notebook 132” de Terry Winters (collage, 2003-2011),

et la dame “Sans titre” de Kiki Smith (encre sur papier, 2008), dont on apprécie le contraste entre le papier, la robe noire et le lampadaire en paillettes.

Les portraits féminins que j’ai préféré sont deux photos, très différentes mais à leur manière aussi très semblables, à cause de leur équilibre précaire entre pose et spontanéité, construction et masque social et pureté du regard. La première photo est “International Hotel #4” (photographie en noir et blanc, 2010) de Yang Fudong.

La deuxième photo est Étoile“Sans titre #122” de Cindy Sherman (photographie en couleurs, 1983). Ma photo de l’œuvre est gâchée par un bout de visiteur, mais ce qui compte est la force de ce regard, perçant entre la masse de cheveux qui surplombe une triste robe bleue.

Les portraits masculin étaient tout autant variés. Coté peinture, on a remarqué ce Christ radiographié intitulé “Beyond Eros et Thanatos” de  Fabrice Samyn (peinture, 2012)

et ce portrait d’“Europa” tatoué et portant un masque par Marianna Gartner (huile sur lin, 2011).

Pour ce qui est des photos, au delà de l’étrange “von der Strange 9” de Manfred Pernice (bois, peinture, photocopies, cinq livres, 2011)…

et du fumeux portrait de Chen Wei (même si la photo n’est pas excellente à cause des reflets, l’œuvre était très belle en vrai)…

…on pouvait bien apprécier quelques portrait de groupe. En particulier, “Clairon’s Souvenir from the Algo’s crew” (collage de papier et photos, 1960),  hommage aux soldats de Jess (Collins)

…”Bye bye” de Danh Vo (gravure, 2010), où on remarque les visages bizarres (malades?) des prêtres mais surtout la tendresse entre les deux au premier rang…

…et finalement ce portrait de groupe des artistes de la Factory (on peut distinguer Andy Warhol sur le coté droit).

Outre ce retour de l’éternelle figure du pisseur, plus grand que nature dans “Untitled (peeing figure)” (acier sans plomb, 2012) de Tom Friedman,

…et ce “Josh” hyperréaliste, qui tombe sur sa tête, par Tony Matelli (silicone, cheveux, fibre de verre, acier, habits, 2010)…

…la sculpture masculine la plus étonnante est sans doute ce Étoile“Self” d’Evan Penny (silicone, pigment, cheveux), un autoportrait déformé, presque un hologramme sortant de la paroi, qui change selon la perspective qu’on prend pour le regarder.

Finalement, on pouvait aussi regarder le portrait de soi même dans les très nombreux miroirs exposés, comme le “Sans titre” (acier sans plomb, 2012) de Anish Kapoor, rouge et concave, accroché à la paroi.

Et voici qu’on a fait le tour des meilleurs portraits d’Art Basel 43! En attendant les autres catégories, quittons nous avec “Ma il cielo è sempre più blu” de Rino Gaetano (texte et traduction en français ici), un artiste génial qui, dans ses chansons, a été capable de dresser des portraits quelque peu impressionnistes de toute une série de personnages plus ou moins chanceux. Bonne route!

Rino Gaetano – Ma il cielo è sempre più blu (1975)

1 commentaire:

  1. Bella scorpacciata d'arte, davvero difficile uscirne "vivi"..e lucidi e poi riparlarne e crticare...Comunque le cose che hai pubblicato non mi hanno entusiasmato, dovendo sceglierne uno, direi che il bambino con l'ombrello è ciò che ho apprezzato di più. Dai ritratti senza volto mi aspettavo di più, proprio perchè senza volto avrebbero dovuto caratterizzarsi per il resto. Ma, a parte il volto coperto di sangue, (che sembra più passato di pomodoro rovesciato in testa)gli altri sono tanto simili da essere monotoni tanto che visto uno li hai visti tutti, e forse questo era l'intento. Buona l'idea delle maschere disegnate sopra i 4 volti del self portrait, ma la semplificazione delle espressioni è così eccessiva da sembrare uno scarabocchio di un bambino che voleva vendicarsi della persona ritratta! Ora aspetto le altre cose che pubblicherai, spero mi piacciano di più. Ciao bacioni Francesca

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