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vendredi 30 décembre 2011

Une histoire d’amour

Pendant ces jours de fête, quoi de mieux que s’adonner à ses activités préférées? A part le shopping et la cuisine, je me suis donc dédiée à la musique et à la lecture.

En ouvrant un de mes cadeaux de Noël, j’y ai découvert (avec grande satisfaction) un bouquin que j’avais remarqué sur une étagère de la FNAC depuis plusieurs semaines déjà: il s’agit de Perv, une histoire d’amour, dont voici mon appréciation.

Stahl, Jerry (2011) Perv, une histoire d’amour. Paris: 13e note éditions, 365 pp.

485px-JerryStahl_headshot             Jerry Stahl

Jerry Stahl est un écrivain étasunien né en 1953, auteur de plusieurs scénarios de films (dont Bad Boys II) et de séries télévisées (dont plusieurs épisodes de Alf et de CSI – Les experts).

Son livre “Perv: A love story” (1999) aura mis plus que 10 ans pour sortir en français.

Dans un style est propre et soigné, le protagoniste de ce roman, Bobby Stark, nous raconte quelques mois de son adolescence, à la fin des années 1960.

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Malgré un ton relativement monocorde (dû peut-être à la présence d’un narrateur unique), on se retrouve projetés dans une époque de changements majeurs en Amérique, entre la désintégration des familles “traditionnelles” de classe moyenne et la prolifération des hippies en tout genre…Le jeune Bobby, timide et sans confiance en lui-même, tente de survivre tant bien que mal à une série de disgrâces qui frappent lui et tous ceux qui l’entourent.

Les personnages du récit se trouvent progressivement submergés par leur tristesse et leurs névroses; une fois tous les repères perdus, ils tiennent le coup à force de dépendances aux médicaments, à la drogue, au sexe, à l’alcool, voire à un mix de cela. Les rites de passage de l’adolescent, ceux qui devraient lui permettre de grandir, se transforment ainsi en des initiations aux substances et pratiques lui permettant de s’oublier et d’effacer le monde qui l’entoure….tout ça dans un décor psychédélique, qui sent la marijuana et où on entend la guitare Jimi Hendrix comme musique de fond.

Au final, le récit ne semble tourner qu’au tour de la dualité (apparente) du plaisir et de la douleur. Pour Bobby, il ne s’agit pas de deux faces de la même médaille: dans sa vie, la douleur est prédominante, écrasante, et le plaisir en est seulement une échappatoire temporaire et limitée. Le monde entier lui semble grisâtre et souffrant, le monde entier sauf ces hippies (dont son premier amour Michelle), qu’il voit défiler au loin et qui lui paraissent presque venir d’un autre univers.

 

Blind Faith - Blind Faith
Blind Faith, Blind Faith, 1969

Et quand il trouve enfin le courage d’essayer de se transformer en hippy, non seulement pour lui ce n’est pas satisfaisant, mais de plus c’est dangereux et frustrant. Bref, une vie inéluctablement sans bonheur et où tout espoir se transforme en cuisante déception.

Des nombreux critiques ont trouvé ce livre drôle, voire hilarant (voir par exemple ici et ici). Malgré le bon rythme du récit et les aspects comiques de certains passages, je fatigue à trouver le livre tragicomique. Il s’agit pour moi d’une histoire essentiellement mélancolique, qui décrit en même temps la décadence d’un certain modèle de société occidentale, victime de ses propres obsessions, et la tristesse d’un gosse perdu au milieu de tout cela et dont les illusions s’envolent peu à peu.

C’est un très bon livre et cela pour plusieurs raisons:

  1. il vous (re)plonge dans l’atmosphère des 1960s, tels que vous les avez vécus ou juste imaginés, et cela par des références musicales un peu fouillées (bien qu’on reste dans les groupes et morceaux les plus connus) et des descriptions réalistes du climat de l’époque…en somme, un ouvrage bien sex, drugs & rock’n roll;
  2. il n’est pas un livre “tout gentil et tout mignon”, comme ceux qu’on est sensés lire pendant les fêtes: c’est un récit cru et (par passages) cruel, où la vie ressemble plus à une marche sur la braise qu’à une promenade en bord de mer;
  3. chose pas commune de nos temps, c’est une histoire qui ne se termine pas bien: à part des rares éclairs d’espoir, le protagoniste survit (ou du moins il cherche à survivre) dans une réalité qui l’écrase et à laquelle il ne peut pas vraiment réagir. Le thème du subir (opposé à l’agir) est bien représenté dans la littérature, mais le moment choisie pas Stahl est original: en une époque de révolutionnaires et réactionnaires, voici un gamin qui ne se révolte pas, qui ne réagit pas: il subit, et seulement en subissant, qu’il le veuille ou pas, il est entrainé vers l’action.

Afin que vous puissiez en avoir un aperçu, je vous propose de lire les quelques citations suivantes; ce ne sont pas les plus drôles ni les plus profondes mais elles ont assez d’intérêt tout en étant suffisamment courtes pour être transcrites.

Pour finir, M. Schmidlap m’a fait un signe de la tête, et a pris mon menton entre ses doigts. – Il y a deux types de gens sur terre, mon pote: ceux qui font semblant d’exister, et ceux qui font semblant d’être inexistants. Suis bien mon conseil, et évite les uns comme les autres. (p.66)

Dans la rue où j’étais né, habitait un type du nom de Herbert Pazahowski. Herb était un type d’une trentaine d’années, aux épaules voutées. Une antiquité. Il vivait chez sa mère, Mme Pahazowzki, vieille peau d’un mètre cinquante, avec laquelle Herbert passait devant chez nous, gravissant la colline jusqu’au supermarché, chaque jour avant le déjeuner. Quelques images impossibles à oublier: un gros poireau aux poils noirs sur la gorge de Mme Pahazowski, un autre sur le menton, aux poils blancs et aux allures de mollusque. J’avais beau aimer les films d’horreur, l’idée de me transformer en Herbert, tenir la main de ma mère en nous trainant jusqu’au supermarché pour notre pâté de foie quotidien était trop horrible à supporter. C’était bien plus flippant que La malédiction des pharaons ou Godzilla. – Le pire, me disait maman lorsque nous apercevions les Pahazowski, c’est que Herbert n’est pas un imbécile. C’est juste un bon garçon… (p. 74-75)

Varnish a dit quelque chose que je n’ai pas saisi. Impossible de décrypter le message jusqu’à ce que je tende le bras pour tourner le bouton du volume et que je sois complètement paniqué à cette idée, pensant: “Quel bouton du volume? Ca va pas ou quoi? JE SUIS TARÉ OU QUOI?” –Héro et DMT, disait Varnish. Il a levé les yeux du joint qu’il était en train de rouler, et je me suis vaguement demandé pourquoi il était sur la banquette arrière. Ma nuque était douloureuse et j’avais le gout du sang à l’endroit où j’avais mordu ma langue. (p. 277)

Pour nous saluer, voici un groupe de l’époque, les Blind Faith (d’ailleurs mentionnés dans le bouquin, et dont la fille de la fameuse couverture objet de scandale – ci dessus - rappelle quelque peu la Michelle du livre) avec Presence of the Lord. Bonne route!

Blind Faith, Presence of the Lord–live @ Hide Park, 1969

vendredi 2 décembre 2011

20 minutes et l’alcotest

Apparemment le président français Nicolas Sarkozy a demandé le port obligatoire d’un alcotest à bord de tout véhicule, un peu comme on amène avec soi le triangle ou la roue de secours. A priori, je n’avais aucune raison de m’intéresser à la question, étant donné que je n’ai ni voiture ni permis, mais hier on m’a demandé mon avis, donc voilà ce que j’en pense (version intégrale).

Je crois que ce soit une assez bonne idée, puisque ce n’est pas nuisible et il se pourrait que quelqu’un l’utilise. Cependant, si on a bu on a une perception du danger qui est différente: d’un côté on ne se sent pas forcément en un état de détresse tel qu’il justifierait de faire le test, et d’un autre côté même si le résultat est positif on n’a pas automatiquement envie de le prendre en compte dans la décision de se mettre au volant. En effet, combien de personnes savent pertinemment qu’ils ont trop bu (sans pour autant avoir fait un alcotest) et prennent quand même le volant, tout en ayant conscience de leur état d’ivresse?

Donc, oui à la prévention mais en tenant à l’esprit qu’une personne alcoolisée aura du mal à adopter spontanément un comportement préventif rationnel. Il vaudrait probablement mieux introduire le système Alcolock, qui empêche à la voiture de démarrer.

Si vous voulez lire la version (très) synthétisée de ma pensée, ouvrez le 20minutes romand d’aujourd’hui, page 2… Star

20 min

Quittons nous avec une des rares chansons qui mettent en valeur (entre autres) le fait de ne pas savoir conduire, la magnifique "Quattro stracci” de l’italien Francesco Guccini (interviewé juste hier par le quotidien La Repubblica”). Bonne route!

Francesco Guccini, Quattro stracci