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lundi 17 septembre 2012

Mariage homo: une réponse à Natacha Polony

Après un long (et mérité) calme estival, nous voici aux portes de la rentrée: tout se remet en marche, y compris les discours à propos des thèmes les plus divers. Parmi ces discours, on retrouve celui de Natacha Polony il y a deux jours dans l’émission “On n’est pas couché”… et on ne peut que réagir.


La ministre de la famille était l’invitée de l’émission pour présenter le projet de “Mariage pour tous”, qui est à présent seulement en phase d’examen. S’il est vrai, comme l’a dit entre autres Yves Delahaie, que la ministre Dominique Bertinotti était très mal préparée et ne voulait pas trop s’exposer, il est aussi vrai que les arguments contre le mariage homo avancés par Natacha Polony étaient au moins illogiques, et au plus réactionnaires.

En effet Mme Polony a argumenté:
  1. que le mariage est une chose naturelle
  2. que le but du mariage est la procréation
  3. que le mariage est réservé aux couples hétérosexuels et qu’il n’est pas un droit
  4. que l’introduction de la fécondation assistée pour les couples lesbiennes entrainerait l’introduction des mères-porteuses
  5. que les couples homo élèvent les enfants tout autant bien que les hétéros, mais ils ne devraient tout de même pas profiter du mariage.
Reprenons une à une les considérations de Natacha Polony et cherchons les erreurs.
  1. Le mariage n’est pas une chose naturelle. C’est un contrat entre deux personnes, et comme tout contrat il existe parce que la société lui donne de la légitimité: elle lui attribue le droit d’exister.
  2. Le contrat de mariage a comme but, historiquement, la règlementation des droits d’héritage et de patrimoine. C’était une formule formidable d’association entre familles et de fusion de différents patrimoines. En réfléchissant, on se souvient vite du fait que les enfants illégitimes ont toujours existé…et que la conséquence fondamentale de leur condition sur les gamins “bâtards” était qu’ils n’avaient pas accès à l’héritage. Certes, ça c’était avant. Mais si de nos jours le mariage  avait comme but la procréation, il faudrait empêcher les personnes stériles ou les vieux de se marier! Or, il est clair que si les vieux ou les infertiles se marient quand même c’est parce que le mariage permet de profiter de certains “privilèges” (sur le plan fiscal et légal, notamment), qui ne sont pas accordés aux personnes non mariées. 
  3. Etant donné que le mariage entraine des privilèges réservés aux gens mariés, on devrait permettre à tout le monde d’accéder à ces privilèges (ou à personne). En effet, en vertu de quoi un couple hétéro marié sans enfants aurait droit à des “cadeaux” fiscaux, et un couple homo dans la même condition non?
  4. A présent, la loi française autorise les couples hétérosexuelles stériles à avoir recours à la fécondation assistée et in vitro avec don de sperme anonyme, mais elle ne les autorise pas à avoir recours aux mères porteuses. Il existe donc d’ores et déjà une discrimination entre les couples hétérosexuelles où la femme peut porter des enfants et celles où elle ne peut pas…et cette discrimination est préexistante par rapport à la future législation sur le mariage pour tous. Il faudrait donc redresser la situation en permettant (ou en interdisant) à tout le monde le recours à des donneurs et donneuses anonymes.
  5. Ceci revient à dire que les enfants des couples homos devraient être discriminés à priori. Bien évidemment, c’est une affirmation grave et qui bafoue l’idéal républicain (où est passée l’égalité?).
En gros, donc, Mme Polony a profité de l’espace de parole offert par l’émission pour balancer une série de préjugés sans logique ni sens. Elle n’en a pas le monopole, certes (entre autre l’acteur Rupert Everett s’est distingué pour une prise de discussion discutable – surtout si elle provient d’un homo!). 

Contrairement à Everett (qui parle depuis le “champs de bataille et dit que son opinion ne concerne que lui), Natacha Polony parle de choses qu’elle connait de toute évidence mal et en plus elle le fait comme si elle détenait “LA Vérité” suprême sur le sujet. Désolant!

Après avoir démontré toute la fausseté du raisonnement de Mme Polony, j’ouvre une parenthèse pour dire que (comme souligné d’ailleurs par le journaliste Aymeric Caron lors de la même émission) le droit familial basé sur le mariage (même avec le “mariage pour tous”) est en tout cas discriminatoire pour les personnes non mariées. Le but d’un gouvernement réellement progressiste et libertaire serait d’annuler tous les privilèges pour les couples mariées, et de réduire le mariage à un contrat visant la simplification administrative (pour les choses de la vie courante, comme la location d’un appartement, le droit de décision en cas d’hospitalisation, etc.). En effet, si vraiment on veut la liberté et l’égalité, on doit ouvrir le droit du mariage à tout le monde…sans pour autant discriminer ceux qui ne sont pas mariés!

Pour une autre analyse du débat Bertinotti - Polony, vous pouvez regarder le post de Sandra ici.

Pour nous quitter sur un ton plus gai, voici “Fiori d’arancio” de l’incomparable artiste italien Renato Zero. Bonne route!

Renato Zero – Fiori d’arancio

jeudi 15 mars 2012

Egalité?

Comme toujours, surtout en période de campagne politique, tout prétexte est bon pour s’en prendre aux minorités sexuelles et en particulier aux homosexuels. Ainsi en France le candidat-président Sarkozy affirme son opposition au mariage gay, en Italie tant la gauche que la droite s’empressent de s’en dissocier, en Suisse il y en a qui s’indignent contre l’adoption par les parents gays (pour halluciner jusqu’au bout, lire avec attention les commentaires à ce lien), et on en trouve même qui sont prêts aux croisades contre “l’idéologie du gender”! Surpris

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Cependant, dans les faits, la politique est très loin du vécu réel des populations. En effet, le mariage gay et l’adoption sont légaux dans plusieurs pays et cela ne provoque aucun dégât: les seuls problèmes sont donc dans la tête de ceux qui s’y opposent.

Or, puisque les êtres humains sont les mêmes partout, ils sont en tout contexte capables d’éprouver des sentiments et d’aimer, que cela soit permis ou pas. Ce qui se passe est que dans les pays où aucunes lois réglant les statuts des couples homosexuelles et de leur progéniture n’existent, ces familles “arc-en-ciel” sont privées de tout droit. Elles existent bel et bien, mais les conjoints n’ont pas les mêmes droits que les membres d’un couple hétérosexuel, ni vis-à-vis de leur ménage ni vis-à-vis des éventuels enfants. Il y a donc un vide légal, que la politique peine à combler.

Une grande partie de la population est souvent favorable au mariage et à l’adoption gay, mais dans beaucoup de cas les politiciens n’ont pas assez d’ouverture mentale et quand ils n’attaquent pas les communautés lgbtq ils proposent seulement des petites avancées (voir ici pour la France et ici pour l’Italie).

Les derniers recours pour voir reconnaitre ses droits semblent donc les tribunaux: cours nationales de cassation et Cour européenne des droits de l’homme. Malheureusement, non seulement ce n’est pas l’endroit pour légiférer (en tout cas pas dans des pays qui n’appliquent pas la common law), mais en plus le résultat n’est pas garanti.

Juste aujourd’hui deux jugements importants étaient rendus.

  • Le premier, par la Cour de cassation italienne, qui a statué que même en dépit d’un contrat de mariage (le mariage homosexuel et le pacs n’étant bien sûr pas légaux en Italie) les conjoints gays doivent avoir les mêmes droits que les autres; on s’en réjouit (même si ce n’est qu’une goutte dans l’océan)!
  • Le deuxième, par la Cour européenne des droits de l’homme, qui a statué que, puisque les gays ne peuvent pas se marier, ils ne peuvent pas adopter d’enfant en France…mais ils ne sont pas discriminés pour autant! Il s’agit clairement d’une ânerie sans paire, équivalente à dire que si les noirs à l’époque de l’apartheid ne pouvaient pas être médecins c’est car ils ne pouvaient pas aller à l’uni…mais sans être pour autant discriminés. Lamentable!

Heureusement que cette réalité n’est pas la même partout. Si quelques pays sont à tel point civilisés que le nom des deux conjoints est inscrit sur l’acte de naissance des enfants, en Suisse aussi les choses bougent et cette semaine le Conseil des Etats a accordé aux couples homosexuelles le droit d’adopter des enfants, en acceptant la motion «Même droit pour toutes les familles»…espérons de ne pas être déçus par le Conseil National!

En attente de voir ce qu’ils décideront, croisons les doigts et détendons nous avec ce tube de Lily Allen…en souhaitant que l’homophobie disparaisse bientôt et que ce ne soit plus nécessaire de leur dire Fuck you. Bonne route!

Lily Allen–Fuck you – Clip réalisé par gayhomo.fr

dimanche 4 décembre 2011

Sécuri-sexe

En occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida, qui a eu lieu jeudi dernier, nous avons été bombardés un peu de partout de messages concernant le VIH, sa transmission et les progrès des trithérapies. Après avoir lu la presse, écouté la télé et résisté aux réclames demandant des dons généreux et promptes, il m’est arrivé d’aller au supermarché, et même là j’ai trouvé des jolies jeunes filles, la quinzaine, arborant des grands sourires et distribuant gratuitement des petits rubans rouges (en faite, la grande majorité des gens autour de moi jeudi soir exposaient fièrement leur ruban sur les vestes, les sacs ou même les pantalons).

C’est quand même surprenant cette tendance moutonnière de l’être humain: se sentir concerné par quelque chose un jour par année, de 17h00 (heure à laquelle on sort du supermarché) à 20h00 (quand on enlève la veste avec le ruban et on enfile sa robe de chambre). En fin de compte, on a bien l’impression que l’important n’est pas qu’on se protège contre le SIDA, pour en bloquer l’avancée, mais juste qu’on “se sente concernés” (c’est pourquoi ils distribuent des rubans, et non pas des capotes).

En tout cas, malgré l’hypocrisie du ruban, pratiquement tous les médias ont insisté un peu sur la protection, rappelant l’existence des préservatifs et l’importance de leur utilisation (partout sauf en Italie, comme toujours). Cependant, là aussi il y a de quoi critiquer: la prévention est toujours et uniquement liée au condom, et de ce fait:
  1. le choix et la responsabilité pour la protection sont déclinés au masculins actif, de par la nature même du dispositif de protection;
  2. la relation sexuelle est envisagée dans une optique phallocentrique, ce qui bien évidemment laisse de côté nombre de possibilités alternatives.
Constatant ces deux manques dans les discours médiatiques, j’ai décidé de saisir l’occasion pour dire deux mots à propos du “safe sex”, soit ce qui se traduit en français par “sécuri-sexe” ou “relations sexuelles protégés”. Je ne vais donc pas parler de capote anglaise, elle est déjà très bien présentée ailleurs. Par contre, j’aimerais approfondir les points mentionnés ci-dessus.

La première question est celle de la responsabilité pour la protection, qui peut désormais être endossée aussi par la femme grâce à la création du femidom (ou préservatif féminin), disponible sur le marché depuis les années 1990 et encore peu connu (probablement parce qu’il ne semble pas très glamour).


Tout savoir sur le préservatif féminin ! par mairiedeparis

En Suisse il peut être acheté à 0.95 CHF/pièce à l’Aide Suisse contre le Sida et en pharmacie, il est parfois distribué gratuitement dans les milieux associatifs; en France il peut être acheté en pharmacie (prix: 2 à 3 euros/pièce) et il est distribué gratuitement dans les milieux associatifs, les centres de planification familiale, les centres de dépistage anonyme et gratuit (CDAG).

Le deuxième point est que non toutes les relations sexuelles incluent une pénétration ni même la présence d’un membre viril. Or, bien que dans ces cas le risque de contracter le VIH ou une autre IST soit moins important, il est présent. Des protections existent pour ces cas de figure, mais elles ne sont pas souvent mentionnées ni bien connues. Sans en faire une liste exhaustive, je vais me contenter de citer les dental dams, ou digues dentaires, qui permettent de limiter les risques en cas de contacts bucco-génitaux. En Suisse, les dental dams peuvent être achetées à l’Aide Suisse contre le sida pour 2.65 CHF/pièce ou en pharmacie; en France, on peut les acheter en pharmacie. Des autres méthodes de protection contre les IST et le VIH existent; il s’agit principalement de mesures hygiéniques concernant les mains et la peau en général et des éventuels objets (plus d’informations ici et ici).

Nous voici arrivés à la fin. Il a été difficile de trouver une chanson pour clore ce post, puisqu’il n’en existe pas beaucoup sur le sujet et, qui plus est, la plupart d’entre elles sont trop “gnan-gnan” (comme dirait S.L. Clignement d'œil). Je me suis enfin décidée pour “Protège-moi” des Placebo, dont je ne vais toutefois pas vous proposer le clip original, que je trouve pornographique et à la limite de la décence, mais une vidéo tirée d’un de leurs concerts parisiens. Bonne route!

Placebo, Protège-moi

vendredi 2 décembre 2011

20 minutes et l’alcotest

Apparemment le président français Nicolas Sarkozy a demandé le port obligatoire d’un alcotest à bord de tout véhicule, un peu comme on amène avec soi le triangle ou la roue de secours. A priori, je n’avais aucune raison de m’intéresser à la question, étant donné que je n’ai ni voiture ni permis, mais hier on m’a demandé mon avis, donc voilà ce que j’en pense (version intégrale).

Je crois que ce soit une assez bonne idée, puisque ce n’est pas nuisible et il se pourrait que quelqu’un l’utilise. Cependant, si on a bu on a une perception du danger qui est différente: d’un côté on ne se sent pas forcément en un état de détresse tel qu’il justifierait de faire le test, et d’un autre côté même si le résultat est positif on n’a pas automatiquement envie de le prendre en compte dans la décision de se mettre au volant. En effet, combien de personnes savent pertinemment qu’ils ont trop bu (sans pour autant avoir fait un alcotest) et prennent quand même le volant, tout en ayant conscience de leur état d’ivresse?

Donc, oui à la prévention mais en tenant à l’esprit qu’une personne alcoolisée aura du mal à adopter spontanément un comportement préventif rationnel. Il vaudrait probablement mieux introduire le système Alcolock, qui empêche à la voiture de démarrer.

Si vous voulez lire la version (très) synthétisée de ma pensée, ouvrez le 20minutes romand d’aujourd’hui, page 2… Star

20 min

Quittons nous avec une des rares chansons qui mettent en valeur (entre autres) le fait de ne pas savoir conduire, la magnifique "Quattro stracci” de l’italien Francesco Guccini (interviewé juste hier par le quotidien La Repubblica”). Bonne route!

Francesco Guccini, Quattro stracci