samedi 29 octobre 2011

Qui a peur de Virginia Woolf?

Ces jours-ci le théâtre de la Grange de Dorigny (Université de Lausanne) fête ses 20 ans de programmation. La Grange est un petit bâtiment sur le campus de Dorigny, qui accueille une dizaine de spectacles pendant l’année académique ainsi que des stages et des expositions (pour le programme complet de cette année, voir ici).
Image de carte
Pour rendre honneur aux (premiers) 20 ans de la Grange, hier soir on est allé voir le premier spectacle de cette saison, “Qui a peur de Virginia Woolf”, une pièce de l’américain Edward Albee jouée par l’Helvetic Shakespeare Company et mise en scène par l’un des fondateurs de la compagnie, Valentin Rossier.
Cette pièce de 1962, primée à plusieurs reprises et même adaptée sur le grand écran, réussit à rendre tragi-comique et à traits hilarant un scénario en soi plutôt déprimant: plongé dans une atmosphère cynique et désabusée, le déchirement d’un couple de quadragénaires se déroule à l’aide de reproches amères et boutades sarcastiques…le tout sous les yeux d’un jeune couple d’invités, qui en seront les victimes collatérales.
L’œuvre d’Albee est comprise et interprétée avec des traits de maitre dans la version proposée par l’Helvetic Shakespeare Company, dont voici un court extrait:
Le talent des quatre protagonistes est mis en valeur par la vaste gamme de sentiments qui interviennent dans cette pièce, de la complicité et presque-tendresse à l’euphorie, la colère et un arrière-gout constant de mélancolie, voire de désespoir. Un très beau jeu donc, qui adopte un style assez classique et fort convaincant et dont la seule petite faiblesse sont les reprises trop rapides après les éclats de rire du public, avec des dialogues partiellement couverts par les bruits du public lui-même.
En somme, il s’agit d’une œuvre réussie, qui mérite le déplacement. De plus, les locaux  de la Grange sont agréables: la scène, au premier étage, est plus grande qu’on ne pourrait le croire de l’extérieur et elle est complétée par un confortable hall d’accueil au rez-de-chaussée, qui sert de billetterie et de bar (servant entre autre des cakes et des bières). Unique bémol: la scène n’est ouverte que 5 minutes avant le début, ce qui vous laisse à peine le temps de vous installer avant l’extinction des feux et vous prive d’une agréable conversation d’avant-spectacle.
Et s’il y en a qui ont peur de Virginia Wolf, il y en a des autres qui affirment “I’m afraid of who is afraid of Virginia Wolf”, tels les étasuniens Murder by Death. Bonne route!




Post scriptum: le mercredi 2 novembre de 15h à 17h les Affaires Culturelles de l'Unil organisent une rencontre avec les comédiens de l'Helvetic Shakespeare Company et la section d'anglais de l'Unil.

mercredi 26 octobre 2011

Boum!

Ces derniers jours on entend beaucoup parler de la crise de la zone euro. Entre gaffes plus ou moins drôles (voir vidéo plus bas), annonces de reformes et coupes drastiques et une annonce de défaut de paiement partiel, on voit que des bouleversements du système monétaire se profilent à l’horizon.
Ca, c’est se marrer!
Depuis la révolution industrielle, l’organisation du système monétaire mondial a été un bon indicateur des équilibres de pouvoir au niveau international. Ainsi, la domination de la livre sterling jusqu’à la première guerre mondiale, accompagné par le refus de la couronne anglaise de sortir du système de taux de change variables jusqu’en 1931 – alors que les autres puissances étaient passées aux taux de change fixes à la fin du XIXe, laissait clairement deviner la domination de l’économie de l’empire britannique sur le reste du monde. De même, le rôle clé joué par le dollar à partir de la fin de la 1ère guerre mondiale et la progressive domination du billet vert dans l’économie mondiale – cristallisée par les accords de Bretton Woods et par le Gold Exchange Standard de 1944 - ont symbolisé la puissance américaine au moins jusqu’à la crise de convertibilité des années 1970 et la successive adoption du système de taux de changes flottants en 1973 (“curieuse” coïncidence avec les chocs pétroliers). Le dollar, soutenu par les institutions internationales de Bretton Woods et par le rôle de “seule superpuissance” des USA à la fin de la guerre froide, reste au centre du système monétaire international. Cependant, d’autres monnaies complémentaires savent s’approprier des rôles de premier plan, tel le Deutsche Mark, monnaie forte du Serpent Monétaire Européen (1972-1978) et puis du Système Monétaire Européen (1979-1993). Le véritable pouvoir économique n’est donc plus limité aux USA: d’autres Etats apparaissent comme protagonistes sur les marchés mondiaux, notamment l’Allemagne pour ce qui est de l’Europe.
Suite à un processus commencé au début des années 1990 (Traité de Maastricht), une monnaie unique est créée pour une série de pays européens: c’est l’Euro, mis en circulation entre 1999  et 2002. Cette monnaie, qui substitue les monnaies nationales des pays de la zone euro, se propose comme une nouvelle donnée centrale dans le système monétaire international. Le principe de fonctionnement est clair: une banque centrale indépendante (la Banque Centrale Européenne) émet la monnaie pour tous les Etats, selon des principes de rigueur inspirés par la tradition monétaire allemande – qui est connue pour être très centrée sur des politiques monétaires restrictives, suite au traumatisme de l’hyperinflation des années 1920. Cette banque centrale ne suit l’intérêt d’aucun pays en particulier, tout en adoptant un style qui est plus proche des habitudes allemandes.
Comme le bon sens le suggère, ce qu’on fait (ou qu’on ne fait pas) avec une monnaie est très important pour les sorts d’une économie et d’une société. En effet, la politique monétaire forme, avec la politique budgétaire, ce qui est appelé le policy mix: les armes politiques qui permettent de manœuvrer l’économie d’un Etat (le niveau d’emploi, la croissance économique, la stabilité des prix)…en tout cas, selon la théorie keynesienne et des modèles qui n’ont pas tous été démentis. Les dynamiques propres aux deux politiques comme outils combinés s’étudient normalement en un parcours classique de Bachelor’s en sciences économiques ou même en sciences sociales…mais apparemment ce n’est pas le cas chez tout le monde. En effet les grands savants qui ont conçu le fonctionnement de la zone euro, foudroyés par une attaque de génie absolu, ont bien pensé de découpler les deux! On se retrouve donc dans une situation où la BCE règle la politique monétaire pour toute la zone, tandis que les gouvernements nationaux gèrent les politiques budgétaires selon une logique du “chacun pour soi”, et en plus sans aucun contrôle. D’un côté, donc, les gouvernements ne peuvent pas disposer librement de moyens pour, disons, financer une politique industrielle…et de l’autre leurs comptes ne sont pas contrôlés de manière efficace. Voilà donc que, grâce à cette recette magique, certains Etats se retrouvent non seulement avec un bilan en rouge, mais aussi sans politique économique digne de ce nom, ce qui fait disparaitre toute velléité de croissance pour les 20 prochaines années au moins (les PIGS –Portugal, Italie, Grèce, Espagne). Pour ne citer que l’exemple de l’Italie, le bilan de l’Etat est déficitaire et en plus le tissu industriel est complètement délabré; les efforts en Recherche et Développement ont disparu, tant du côté des entreprises, abandonnées à leur destin depuis des dizaines d’années, que du côté de l’Etat (qui avait pourtant joué un rôle fondamental pour l’’émergence de celle qu’on connait comme la “Troisième Italie”). Entretemps, des autres Etats (par exemple, l’Allemagne) ont connu une forte croissance et ont su maitriser leurs finances. Or, qu’ont-elles en commun ces économies? Et pourquoi, contre toute évidence et contre tout bon sens, devraient-elles profiter d’une politique monétaire commune?
Ces vérités si anodines, si banales, commencent à apparaitre au grand jour, aussi à tous ces leaders qui s’étaient jusque là voilés la face. C’est peut-être pour cela que l’atmosphère devient à présent si tendue, que les yeux du monde se rivent sur l’Europe et qu’on commence même a entendre des bruits d’aide externe à la zone. En particulier, certains parlent d’une intervention de la Chine, qui rachèterait une partie de la dette de certains pays européens: symbole d’un imminent déplacement des équilibres de pouvoir? Pourvu que ça ne fasse pas boum!
A propos de boum, voici une découverte d’aujourd’hui, “Boum Boum” du français Jérôme Van Den Hole. Bonne route!

dimanche 23 octobre 2011

Parcours du combattant

Mon week-end est d’ordinaire assez rempli, tout comme celui de la plupart des gens qui travaillent: un peu de ménage, beaucoup de relax, quelques heures en cuisine (entre autres pour préparer des cupcakes avec cette recette et ce glaçage, une délice!) et encore quelques heures sur l’ordi (par exemple pour le réinitialiser et refaire toutes les mises à jour, total = 10 heures de boulot).
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Deux des cupcakes
Si jamais ce programme n’était pas suffisant, on pourrait sans autre y rajouter une activité, la reine des occupations du “temps libre”: faire les courses. Il faut dire d’abord que, pendant la semaine, les moments pour s’aventurer au supermarché comportent des dégrés de difficulté variables: du “niveau débutant” (par exemple le mardi matin à 10h, quand il n’y a personne), au “niveau moyen” (disons, mardi soir à 17h50, juste avant la fermeture) et même jusqu’au “niveau expert” du mercredi après-midi (mères avec enfants en vue). Seulement après avoir passé ces étapes avec succès on peut se risquer au tout dernier niveau, celui pour des vrais pros du supermarché, le “niveau GIGN” du samedi après-midi (si possible entre 16h et 17h30). Et bien oui, c’est à ce perilleux exercice que je me suis livrée ce samedi!
En premier lieu, les conditions de la mission: à pied, en zone périphérique, mais au moins il ne pluvait pas (encore heureux!); dans ces circonstances, normalement, un bon 97% des êtres humains que vous allez croiser sont dans leur confortable baignole et il y en a même qui font grise mine si on ose appuyer au feu rouge pour atteindre notre but. Consigne fondamentale: ne pas se décourager et avancer coute que coute.
Quelques dizaines de minutes plus tard, nous voici enfin dans le lieu même de l’opération: le fameux supermarché. Mais attention: avant de procéder, il faut encore s’arrêter au parking pour se débarasser de nos bouteilles en PET, comme tout bon citoyen éco-responsable. Là aussi, il faudra s’armer de patience, parce que le container des bouteilles n’a qu’une petite ouverture en haut, de forme allongée, qui rend impossible d’y déposer une bouteille qui ne soit pas pliée. Apparemment, le génie qui a inventé ce système n’a pas réalisé qu’une bouteille écrasée, ça se tord (ce devait être sa femme qui portait le fardeau du PET)…donc, pour chaque exemplaire que vous essayerez de déposer, il faudra entamer une étude trigonométrique poussée, permettant de déterminer le meilleur angle d’insertion. Une fois cette tache achevée, vous aurez votre chariot vide, et c’est là que la vraie bataille commence. Ruez-vous sans hésiter vers l’entrée, le “niveau GIGN” commence ici!
Rentrer dans le champ de bataille est déjà une bataille en soi. Il faut éviter les titubants, les bavards et, surtout, l’ennemi le plus rédouté: les familles avec enfants en bas âge, ceux qui ne savent pas d’où ils viennent ni où ils vont, mais ils savent très bien qu’ils ne pouvaient pas s’empêcher de venir à 4,5,6 ou plus (soit 2+x, où x est le nombre de marmots hurlant) dans ce temple de la consommation. Avec une certaine dose de détresse et de préparation physique, vous pourrez les esquiver, pour vous emparer d’un joli panier en plastique. Faites surtout gaffe à ne pas prendre le plus proche de vous: en effet, le “niveau GIGN” est bien connu pour être celui qui se déroule en contemporaine du passage de ordes barbares en tout genre, qui déposent des détritus divers et variés – feuilles, sachets, papiers, résidus alimentaires… - dans lesdits paniers (oui oui oui, là où vous vous apprêtiez à poser votre petite brioche).
Vous voilà désormais dans l’arène: prêts ou pas, la bataille a déjà commencé. Vos adversaires sont partout; souvent ils se placent à votre droite et à votre gauche…et vous vous retrouvez au beau milieu d’une conversation, d’un échange de produits ou encore pire. Certains d’entre eux sont très sûrs d’eux-mêmes: ils avancent en direction précise vers ce qui leur intéresse et leur chariot leur sert de bulldozer, pour baliser la piste avant de la parcourir; dans ce cas, il faut garder les yeux ouverts et ne pas finir sous les roues. Des autres, au contraire, ne savent pas du tout où ils vont (ni, certains d’entre eux, ce qu’ils font sur cette planète); ils vont se balader, alors, avec un regard perdu dans le vide – normalement en attendant que leur femme fasse les courses, le plus souvent avec un, deux ou trois morveux criant et courant partout; aucune théorie n’a permis d’expliquer cette bizarre coutume, mais la pratique suggère de se tenir en alerte quand on cotoye ces individus, pour ne pas pietiner leurs pauvres gamins et pour ne pas être surpris pas un brusque changement dans le sens de marche de leur chariot. Des autres charmants personnages de ce niveau sont les colocs sans dialogue, qui prétendent décider la liste des courses au rayon fruits et légumes, les vieillards à deux-à-l’heure, qui avaient toute la semaine pour passer mais qui viennent là, à ce moment précis, et qui vous lancent des foudres si vous osez leur piquer le tout dernier céleri-rave (ben quoi, il y a pas que les vieux qui font la soupe!). Pour finir en “beauté”, comment pourrait-on ne pas mentionner les top-models des pauvres, celles qui confondent le couloir des surgélés avec le podium et qui vous envoyent leur chevelure en pleine figure sans même pas imaginer que cela ait pu vous gêner (ce n’est pas une invention, malheureusement!).
Vous y êtes presque, vous apercevez désormais la fin du tunnel. Mais avant de quitter le jeu, il faut encore passer à la caisse. Malgré l’apparence anodine, ce passage n’a rien de simple. En effet, vous devrez faire appel à vos réflexes de membre du GIGN pour organiser la disposition de vos courses sur le tapis, les déposer en un temps record de 1 minute (à tout péter), commencer à les ranger (avec ce facheux tapis roulant qui vous envoie toutes vos courses sur les mains et fiche en l’air tous vos plans de disposition rationnelle) et enfin payer, sans que la caissière ait digné vous dire bonjour (probablement elle est déjà épuisée par tous les blaireaux qui ont, avant vous, arpenté les rayons, perdu leurs gosses, sali les paniers, etc.).
Payé? C’est bon? Le “game over” n’est pas encore apparu? Alors, la misson est presque terminée: vous n’avez plus qu’à sortir du bâtiment. Ah-ah, ça semblait simple, jusqu’à quand vous avez rencontré des nouveaux acheteurs, avec le regard encore plus vide que les précédents, et des enfants avec des parents encore plus désorganisés que ceux d’avant…et tout ce joli monde qui s’agglutine à la sortie de votre supermarché, à votre sortie… Courage, vous êtes arrivés au dernier niveau, vous pouvez le faire… Et quand, ouf, vous serez enfin déhors, vous aurez encore tout le trajet vers chez vous pour vous relaxer et penser très fort: “OUAIS, j’ai réussi! Médaille à la valeur et bonus de 500000 points!”. Morale: je suis désormais un gourou en matière de courses en grande surface…mais si vous pouvez, évitez les supermarchés le samedi après-midi!
A propos de samedi, voici une chanson qui lui est dédiée, la très agréable “On a Saturday” des Herman Dune, dont on a déjà parlé la dernière fois. Bonne route!

mercredi 19 octobre 2011

Réflexivité

Les derniers jours n’ont pas été riches en nouveautés. En effet les médias continuent de nous proposer du contenu, mais que pourrait-on dire sauf “pfffffff”? Les langues (de bois) des journalistes se déchainent, entre les “primaires” françaises grisâtres et insipides, des “indignés” à la sauce bon-enfant/pas-méchant/baba-cool, des gouvernements qui s’agrippent sans honte aucune à leurs béquilles dans l’indifférence générale et des pseudo-intellectuels qui se scandalisent pour quelques vitrines cassées (ah si seulement ils avaient gouté une fois dans leur vie à la véritable rage et révolte sociale, ils verraient bien la différence entre une boite-à-meuh et un coup de canon!)….bref, face à cela on ne saurait même pas si rire ou pleurer. Pour ma part j’ai choisi de ne faire ni l’un ni l’autre, et de prendre pour un jour au moins le parti de l’apathie (et, dans une certaine mesure, d’une quelque forme de nombrilisme?).

Pour des raisons professionnelles, je suis revenue sur celle qui était la raison même de l’ouverture de ce blog, soit mon expérience en Inde (de là le titre du post). Bien que je ne me sois pas encore complètement reprise de cette expérience, ça va considérablement mieux…et, aussi, ça aurait pu aller bien pire. En effet de plus en plus de nouvelles circulent sur l’existence de super-bactéries dans les mégalopoles indiennes. Par exemple, juste il y a quelques semaines, ces blogs (1, 2) annonçaient la découverte en Inde d’un gène, capable de s’introduire dans des bactéries et de les rendre résistantes à presque tous les antibiotiques connus…. avec un peu de chance, ce n’est pas ce que j’ai chopé là-bas!!!
Voici donc ma présentation à propos de mon séjour en Inde: quand j’ai découvert que Prezi avait une fonction d’intégration, je n’ai pas résisté à la tentation de la tester! Le formatter en html prend 3 heures, mais c'est joli, n’est-ce pas?



 Pour rester dans le thème du voyage, quittons nous avec le bon country de Lovers are waterproof des Herman Dune (un de mes groupes préférés qui sera, qui plus est, bientôt en Suisse….réservez vos billets si vous aimez la bonne musique!). Bonne route!

dimanche 9 octobre 2011

Panic of girls (Blondie)

Entre la semaine dernière (édition USA) et cette semaine (édition USA-CNN), les lecteurs de Rolling Stone ont pu enfin lire la recension du neuvième album studio du groupe étasunien Blondie. Il s’agit de “Panic of Girls”, qui a été diffusé de manière assez novatrice en plusieurs pays entre décembre 2010 et septembre 2011...et qu’il vaut la peine d’écouter!
La version base de l’album contient 11 chansons aux styles variées (parfois trop: on tombe facilement d’accord avec le critique de Rolling Stone sur le manque de cohérence de ce travail!).
Plusieurs particularités caractérisent cet album. Comme j’ai déjà dit, en premier lieu le choix des chansons est excentrique et il dresse une sorte d’inventaire de tout ce que les Blondie ont pu faire musicalement, du rock à la musique commerciale aux ballades hispano-américaines (assez kitch).
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Deuxièmement, le mode de diffusion de l’album a été assez spécial, puisque certaines chansons ont été mises à disposition gratuitement (sur internet et avec le journal britannique “The Mail on Sunday”), tandis que l’album a été créé en plusieurs versions (des morceaux “bonus” qui changent selon la version achetée - USA, UK, Japon, Allemagne – sont ajoutés aux 11 morceaux de base) et mis en vente en des lieux non conventionnels (grande distribution, internet). Le choix d’éditer plusieurs versions de l’album a d’ailleurs été grandement critiquée par les fans du groupe, certains d’entre eux soutenant que les meilleures chansons n’apparaissaient que comme bonus et seulement dans certains pays. Enfin, la pochette de l’album (voir la vidéo ci-dessous) est en réalité une œuvre d’art, commissionnée en 2010 au peintre surréaliste néerlandais Chris Berens.
Quelques uns de ces titres ont une allure de déjà vu et auraient facilement pu être supprimés, par exemple “The End, the End”, “Wipe Off My Sweat” ou “Love Doesn’t Frighten Me” (ce qui est bizarre, si on pense que la sélection des chansons publiées a été faite à partir de 35 morceaux)!. Cependant, les bons morceaux sont “du vrai Blondie” et leur qualité excellente compense les fausses notes présentes ici et là.
DH1 Ainsi, on passe des dance-rock “D-Day” (qui vous donnera envie de bien monter le volume de votre enceinte hi-fi) et “What I Heard” au reggae de “Girlie Girlie” (une petite chanson au texte facile et au rythme entrainant, qui rend justice à la belle voix de la front-woman du groupe, l’éternelle Debbie Harry, ici à côté) et à une reprise de “Sunday Smile”, du groupe folk Beirut.
Parmi les bonus-tracks, méritent d’être mentionnées “Sleeping Giant”, un autre morceau de disco-rock en pure style Blondie, “End Of The World”, une chanson qui s’écoute bien et qui est presque du rock progressif (avec 30 ans de retard) et “Please Please Me”, reprise du titre des Beatles qui met aussi en valeur la voix de la chanteuse.
Le son saturé des versions studio est fait pour plaire, surtout au nouveau public jeune du groupe.
Cependant, si vous avez connu les Blondie depuis leurs débuts (je parle bien évidemment de grands classiques comme “Heart of glass”, “Call me”, “Atomic”, “X-Offender”), vous apprécierez mieux les versions live… Blondie_(Debbie_Harry)_One
…heureusement qu’il y a Youtube, par exemple pour cet aperçu de “D-Day” avec des tons bien plus acides que la version studio!
Bien sûr, si jamais vous êtes au bon endroit au bon moment, vous pouvez aussi profiter des versions live en live (notamment ce soir même à Palm Desert, California)…eheheh. Par contre, si vous n’y êtes pas, et que vous êtes nostalgiques des Blondie en français (notamment “Denis”, qui a été reprise entre autres par Sophie Ellis-Bextor bien de temps après), vous pouvez vous consoler en écoutant l’hommage que la band a réservé à la chanson française dans le morceau n° 10 de ce nouvel album, “Le Bleu”. Bonne écoute et bonne route!

dimanche 2 octobre 2011

Trouvailles sur le web: Google Music et IFTTT.com

Cette semaine on a fait la connaissance de deux nouveaux outils du web, Google Music et iftt.com.
Google Music, pour l’instant en version beta, est une plateforme de gestion de musique en ligne. Pour l’instant elle aurait dû être disponible seulement sur invitation et aux USA, mais si vous réussissez à vous faire inviter (merci E.N.; si jamais, j’ai encore 8 invitations à distribuer) il vous suffit de masquer votre adresse IP pour y accéder.
Le principe est plutôt simple: grosso modo il s’agit d’une copie virtuelle de iTunes (moins performante), qui vous permet de télécharger sur la plateforme toute la musique qui se trouve sur votre ordinateur…et après de l’écouter en ligne où que vous soyez, aussi bien sur l’ordinateur qu’à travers l’application pour Android (disponible aussi seulement aux USA).
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De plus, Google Music permet de télécharger des nouvelles chansons gratuitement. Bien que l’idée d’offrir un portail centré sur la musique soit bonne et probablement porteuse, cette version contient encore plusieurs défauts, en tout cas pour un utilisateur européen. Premièrement, les connexions internet domestiques ne sont souvent pas assez performantes pour qu’on puisse télécharger toutes les chansons de notre collection dans un temps raisonnable…et on doit donc faire face à des attentes assez longues (j’ai mis 45 min – 1h pour 14 albums avant de laisser tomber).
Il semblerait cependant que les réalisateurs de la plateforme aient déjà remarqué cela, puisqu’ils ont crée aussi le logiciel Music Manager (encore une espèce de iTunes moins élégant que l’original), proposé au démarrage de votre compte, qui débute les téléchargements dès le démarrage de votre ordinateur.

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Deuxièmement, les abonnements de téléphone portable ont souvent des forfaits de téléchargement qui ne sont pas trop importants (500 méga avec Swisscom dans les abonnements moyenne gamme) et qui risquent de vite s’épuiser si on profite la musique en ligne à travers l’application pour Android. De plus, l’accessibilité depuis le natel est réduite à cause du débit de la connexion internet, souvent trop faible pour qu’on envisage d’écouter de la musique en streaming.
Enfin, cette nouvelle facette de Google n’est pas connecté aux autres services offerts par le groupe. Ainsi, l’aspect le plus intéressant qu’un service de ce type aurait pu offrir, notamment l’interaction et l’insertion de la musique sur les réseaux sociaux, n’est absolument pas exploité. C’est bien dommage, puisqu’il s’agit d’une part de marché juteuse que ni Facebook ni Apple/iTunes (avec Ping) n’ont réussi à conquérir de manière convaincante.
Vu qu’il s’agit d’une version provisoire, ça va probablement s’améliorer avec le temps…mais pour l’instant elle n’apporte pas grande chose en plus que ce qui existait déjà, du moins selon moi.
IFTTT.com est une plateforme permettant d’exploiter au mieux les autres services et informations présentes sur internet grâce à la création de commandes simples, basées sur la syntaxe “si X, alors Y” (IF This, Than That).
Ainsi, on peut créer une série de formules qui permettent de faire communiquer plusieurs applications entre elles, et même d’envoyer des SMS (pour le moment seulement aux USA). Par exemple, j’ai crée une formule qui dit “si un nouvel élément apparait dans le feed rss du blog, alors un nouveau statut contenant le lien vers l’article apparait sur facebook”… idd
et voilà le resultat: à peine une minute après la publication du post sur Klaas Hendrikse, le statut relatif a été publié de manière automatique sur mon profil Facebook!
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Toutes les formules peuvent être partagées grâce à l’onglet “recipes”…de cette manière, on peut aussi apprendre des autres participants.
Pour l’instant, ifttt.com permet de combiner 35 éléments et services différents, parmi lesquels Youtube, Twitter, WordPress, Delicious, Instagram. Chaque utilisateur peut créer un maximum de 10 taches, qui sont répétées chaque 15 minutes; la plateforme a fait le buzz ces derniers temps, comptant déjà un total de 100.000 tâches enregistrées…et une fois qu’on l’a essayée, on n’a pas de mal à comprendre pourquoi! Donc, une excellente idée qu’il vaut la peine de tester!
Pour aujourd’hui, nous voilà arrivés à la fin. En vous souhaitant une bonne semaine (qui est d’ailleurs la Semaine végétarienne mondiale), et après la chanson des REM du post précédant, je vous propose de nous quitter sur un morceau très connu d’un autre groupe qui quitte les scènes, à savoir “Wind of change” des Scorpions. Bonne route!

Klaas Hendrikse: un pasteur athée

+Mardi soir (27.9.2011) à l’Espace culturel des Terraux (Lausanne) a eu lieu une rencontre intéressante avec Klaas Hendrike, un pasteur néerlandais qui se proclame athée et qui a recueilli ses idées dans un livre publié pour la première fois en 2007. Organisée par l’Eglise réformée vaudoise, cette conférence lausannoise nous a permis de découvrir une pensée intéressante, contenant toutefois quelques zones d’ombre (voire carrément des incohérences).
Selon Hendrikse, le “dieu” mentionné dans la bible ne serait qu’un mot indiquant l’ensemble des relations et des expériences humaines (en particulier les expériences interpersonnelles); en somme, ce serait un peu ce que certains sociologues appelleraient le “capital social”.
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Le centre de la pensée du pasteur est “transformer les événements indifférents en des expériences significatives”. La bible elle-même serait un livre mythologique, contenant des fables sur comment mieux avancer dans la vie: par exemple, l’histoire de Noé et de son arche indiquerait que quand on se trouve dans une situation difficile et désagréable on doit bouger, provoquer le changement, et ça ira mieux. Cependant, puisque les expériences vécues sont propres à tout un chacun, le “dieu” qui va avec serait lui aussi personnel (et non pas universel). Dans ce contexte, le rôle de l’église serait de faire l’exégèse de la bible elle-même, afin que les “croyants” puissent tirer le plus grand parti de l’interprétation des histoires qui y sont contenues. En plus, il n’y aurait rien de transcendant (pas d’élément ou d’être surnaturel)…et la religion aurait comme seul but de stimuler la réflexion sur les attitudes quotidiennes des gens. Malgré tout cela, le pasteur souligne que dans sa paroisse il pratique un culte traditionnel, avec sermon et récitation du “Notre Père”.
Or, si le principe de considérer la bible comme un livre mythologique est à priori partageable, tout le reste de la théorie est un peu bancal (voire beaucoup). Depuis le début, quand le pasteur affirme que des êtres surnaturels n’existent pas, il se démontre tout autant borné que les intégristes religieux: au fond, il n’en sait rien (exactement comme vous et moi), donc il ne peut nier l’existence d’un ou plusieurs “dieux” pas plus qu’il ne peut l’affirmer. Ensuite, il soutient que le mot “dieu” indiquerait des relations, des expériences…mais dans ce cas, étant donné que les expériences individuelles sont uniques et propres à celui qui les a vécues, en fonction de quoi identifierait-on des principes universels? En plus, pourquoi la bible aurait-elle un statut supérieur aux centaines de milliers de livres et autres œuvres dont on peut faire l’exégèse, de l’Iliade aux chansons des Nirvana? En outre, pourquoi le pasteur en tant qu’exégète aurait-il un statut différent de celui du prof de lettres, du théologien ou encore du simple lecteur – d’autant plus que si “dieu” est personnel, la lecture et l‘interprétation des textes le sont tout autant? Et enfin, à quoi bon croire en une religion immanente – dans ce cas, on n’a pas meilleur temps de se contenter de ce qu’on voit et d’appeler les expériences avec leur nom, sans le substituer par “dieu”? Tant de questions qui restent sans réponse.
Face à ce drôle de pasteur, à la théorie bizarre et un peu incohérente, on reste sceptique. En effet, être pasteur tout en niant l’existence de dieu n’a pas grand sens à mes yeux…et en plus le fait de nier l’existence d’un dieu n’est une moindre preuve de naïveté que l’affirmer. Il aurait probablement été plus judicieux de ne pas se prononcer sur l’existence d’une dimension transcendante et d’essayer d’améliorer la vie des hommes à travers des réflexions vraiment philosophiques (par exemple sur l’efficacité de la règle d’or pour structurer la vie sociale).
Pour rester en thème, je vous propose la classique “Losing my religion”, des américains R.E.M., qui ont annoncé leur séparation la semaine dernière. Bonne route!