mercredi 10 juillet 2013

Oui, je suis une petite souris

Ca y est: enfin l’été…donc enfin le temps pour écrire ici!

Les choses à raconter ne manquent pas, mais je vais commencer par L’Évènement du printemps: je suis allée voir Renato Zero à Rome, pour son concert du 22 mai dernier (la photo n’est pas de moi, j’étais trop occupée à regarder et chanter pour prendre des photos qui ne soient pas floues)! J’en profite donc pour vous parler un peu de ce grand artiste et grand Homme.

,

Parmi les personnes importantes pour moi et dans ma vie, Renato Zero occupe une place de choix. Ca fait 15 ans que je suis une fan, une sorcina (petite souris) comme il les appelle. 15 ans sur 27, ça fait un bout…et pourtant, je n’ai jamais rien écrit sur lui, ni ici ni sur les autres blogs ou sites que j’ai pu avoir. C’est sans doute car j’ai toujours eu peur qu’un simple texte ne soit pas suffisant pour rendre compte de sa musique et de son art à leur juste valeur. Cependant, après longue réflexion j’ai décidé d’essayer…et j’espère que le résultat sera à la hauteur de ma passion pour ce grand artiste qui est Renato Zero!

Ma rencontre avec Renato Zero remonte à l’année 1998, quand est sorti son album “Amore dopo amore” (“Amour après amour") et les radios ont diffusé son titre Cercami (Cherche-moi), une chanson qui m’a tout de suite scotchée avec son texte mélancolique (je l’ai traduit en français). Quand j’ai vu Renato Zero à la télé, je suis restée extasiée.

Voici à quoi ressemblait Renato Zero en 1998-1999

Comment expliquer cela? Quand juste avec une chanson et quelques pas de danse on comprend qu’on partage tout un univers avec l’artiste, c’est magique. Et ainsi, je suis devenue une Zerofolle, malade de Zerofolie (Zerofollia)!

J’ai donc commencé à collectionner les albums, à enregistrer tous les passages télé de Renatino et, bien sûr, à chanter toutes ses chansons en essayant de rattraper le temps perdu (car il fait des tubes depuis 1967!) et de tout connaitre de son art et de sa poésie.

Maintenant vient la partie difficile, parce que je ne sais pas par où commencer. Renato Zero, à travers ses chansons, fait passer des messages qui m’ont apporté énormément et qui, j’en suis convaincue, ont fait de moi quelqu’un de meilleur. Je vais donc vous les présenter, du moins en partie, ces messages et ces idéaux qui sont aussi les miens, qui m’inspirent tous les jours et qui j’espère pourront aussi vous inspirer. Regardez les vidéos si vous avez le temps, ce sont en majorité des vidéos de concerts et ça vaut la peine de voir aussi les costumes et les chorégraphies.

Tout d’abord, Renato Zero m’a sauvée de moi même et des abimes noirs de l’âme où la méchanceté de certaines personnes peut nous faire tomber. Il y a des moments dans la vie où on croit n’avoir plus rien, où il n’y a plus que les ténèbres autour de nous, et où un sourire ou un mot de réconfort peut nous sauver. Voilà, pour moi ces mots étaient ceux de la chanson Chi (Ceux qui), dont j’ai aussi traduit le texte.

Chi – Renato Zero

En somme, Renato Zero agit aussi comme un anti-dépresseur et comme un vrai pot, qui est là à nous faire compagnie si on est seul, à nous réconforter si on est dans une mauvaise passe et à nous amuser si tout va bien (une chanson très amusante, par exemple, est Galeotto fu il canotto // C’était la faute au canot).

Un des messages centraux dans les textes de Renato Zero est celui-là: il ne faut pas se laisser abattre par le monde et les gens méchants, il faut regarder en avant et continuer d’être soi-même, d’avoir des vrais sentiments et d’aimer cette vie et les gens qu’on rencontre. C’est le message qu’on trouve par exemple dans Qualcuno mi ha ucciso (Quelqu’un m’a tué), dans Da uomo a uomo (D’homme à homme), dans E ci sei (Et tu es là) ou dans Ancora qui.

Renato Zero – Da uomo a uomo

C’est un cheminement que chacun fait à l’intérieur de soi-même, dans un bonheur qui n’a pas besoin de drogues ou autres artéfacts, que d’amour. Au contraire, Renato Zero a été actif très tôt dans la prévention contre les drogues et dans la sensibilisation, par exemple dans Uomo no (Homme, non) ou dans Non passerà (Ca ne passera pas), Bianca (Blanche) ou Pericolosamente amici (Dangereusement amis).

Cet amour est un amour qui sauve et qui est universel. Il n’y a pas de vraies frontières, dans la philosophie zerienne, entre l’amour qu’on peut ressentir pour un frère, une femme ou un homme, un ami, un inconnu. On aime tout le monde, parce qu’on est tous des êtres humains, qui partagent la même route, et on aime malgré les moments tristes, en portant un masque joyeux s’il le faut (dietro questa maschera, c’è un uomo e tu lo sai, l’uomo di una strada che è la stessa che tu fai…// derrière ce masque il y a un homme et tu le sais, l’homme sur une route qui est la même que tu prends – La favola mia // Ma fable à moi) et en pardonnant toujours (sauf si vraiment on a voulu nous faire du mal sciemment, et dans ce cas on n’oublie pas qui sont les amis et qui sont les requins).

Renato Zero – La favola mia

Ainsi, par amour des autres on donne le mieux de nous mêmes en tous les domaines et on améliore ce monde gratuitement, en échange d’un peu d’amour. C’est avec notre joie qu’on se sauve et qu’on sauve les autres, une joie spontanée et qui ne se prend pas au sérieux. C’est avec cette même joie et cette confiance en l’avenir qu’on se souvient de ceux qui nous ont quitté, que ce soit dans la mélancolie (il carrozzone riprende la via, facce truccate di malinconia // le char reprend sa route, visages maquillés de mélancolie – Il Carrozzone //  Le char) ou dans l’envie de continuer un projet commun (tu te ne vai fratello, ti giuro vincerò, quell’azzurro del cielo, tu vedrai con gli occhi miei // tu t’en vas mon frère, je te jure que je vais gagner, le bleu du ciel tu le verras avec mes yeux – Tu che sei mio fratello // Toi qui es mon frère).  

Il arrive aussi qu’on n’ait pas la pêche et qu’on ait le courage de montrer de la tristesse, comme dans Niente trucco stasera (Pas de maquillage ce soir) ou dans Il Jolly (Le Joker). Voici un autre point central dans la pensée zerienne : il faut avoir du courage dans la vie, le courage de ses émotions, de ses sensations, de ses sentiments et de ses idées (par exemple, dans Il coraggio delle idee – Le courage des idées). On n’impose pas tous cela aux autres, mais on s’autorise à vivre et à penser, en choquant si c’est nécessaire et en allant au bout de nos rêves. Seulement comme ça on peut s’élever vers le ciel et regarder le monde depuis les nuages qu’on atteint lorsqu’on est accompli (nuages de bonheur dans I migliori anni della nostra vita // Les meilleures années de notre vie), en essayant de faire comprendre aux autres qu’il faut chercher son propre bonheur, et pas en vouloir à qui est heureux et courageux (Non sparare // Ne tire pas).

Renato Zero – Non sparare

Ce courage, c’est aussi le courage d’être soi même. Un courage que Renato Zero a toujours vécu complètement, par exemple dans le choix de ses costumes, de son maquillage, de ses danses et qui est la force qui permet de voler haut (Vola alto).

Le ciel est chez Renato Zero le lieu de la plus haute poésie et des idées les plus nobles, lieu de l’amour romantique, de la spiritualité et de la rencontre avec Dieu. C’est Il cielo (Le ciel), l’endroit où se trouvent les amours comme des “perles d’or dans l’immensité”, et auquel on doit tendre pour s’approcher de Dieu à travers l’amour et la franchise dans les rapports humains, pour aller Plus haut (Più su, traduction en anglais ici).

Renato Zero – Piu su

Renato Zero a écrit de nombreuses chansons sur la spiritualité (Ave Maria, Padre nostro // Notre père, Potrebbe essere Dio // C’est peut être Dieu, qui témoignent d’une religiosité vécue au quotidien dans les relations humaines. C’est un autre message zerien: ayez la foi, la foi en vos prochains et en les relations que vous pouvez tisser avec eux. Dieu est en tout cela: dans la sincerité, dans la vérité, dans l’enthousiasme des contacts humains.

Malgré ce côté spirituel, Renato Zero n’oublie pas qu’on peut s’amuser, avec les bons amis, ceux qui sont toujours là comme lui pour son public (Amico//Ami, qui est selon moi la plus belle chanson dédiée à l’amitié, parle aussi de la relation amicale de l’artiste avec son public – Io e te, lo stesso pensiero…io e te, il tuo il mio respiro // Toi et moi, la même pensée…toi et moi, le même souffle), mais aussi avec des connaissances ou…. des amants!

Renato Zero – Amico

La vision zerienne de la sexualité est extrêmement ouverte et a largement contribué à la révolution des mœurs en Italie. Ainsi, Renato Zero a chanté la sexualité romantique de Motel, mais aussi les ménage à trois de Il triangolo (Le triangle), la surprise de trouver un amant inattendu dans le lit de Sbattiamoci (Cognons nous), la fougue de Metro(Métro), le sexe tariffé de Mi vendo (Je me vends), l’échange de Il Baratto (Le troc), ou encore les partenaires multiples de La fregata (La frégate) ou L’ammucchiata (L’orgie). C’est une sexualité joyeuse, qui ne se prend pas la tête et qui est grandement libérée.

Renato Zero – Il triangolo

Ceci ne veut pas dire qu’on couche à droite et à gauche sans discernement. Dans la philosophie zerienne, on a d’abord la rencontre de deux âmes. C’est une rencontre qui ne prend pas en compte les sexes, les âges, les apparences (Madame) une rencontre entre des esprits qui se comprennent et s’aiment (La rete d’oro // Le filet d’or, mais aussi Ed io ti seguirò // Et je vais te suivre). [Rien à voir, mais le concert ci-dessous j’y étais, et j’aurais trop voulu être à la place de la chanteuse Alexia!!!]

Renato Zero – Madame

Quand c’est une union de deux corps, sans engagement spirituel, c’est une tromperie sans intérêt, où quelqu’un veut notre corps, mais pas notre esprit (dans Fortuna // Chance, ou encore dans Ambulanza // Ambulance ou dans Sesso o esse // Sexe ou S), ou bien il s’agit de personnes superficielles, n’ayant pas compris la valeur des sentiments (par exemple dans Dana, ou dans Scegli adesso oppure mai // Choisis maintenant ou bien jamaisl’amore come intendo io, è un letto che non trema // l’amour comme je l’entend c’est un lit qui ne tremble pas).

Dans l’amour romantique, il y a aussi les doutes (par exemple Mi ameresti // Tu m’aimerais, mais aussi Libera // Libre, ou Un’apertura d’ali // Une ouverture d’ailes, Sterili // Steriles), l’attente (Mentre aspetto che ritorni // Pendant que j’attend ton retour), l’abandon (Quando parlerò di te // Quand je vais parler de toi, ou encore Fine favola // Fin de la fable).

Renato Zero – Mentre aspetto che ritorni

A côté de tout cela, Renato Zero touche à plein d’autres sujets, en prenant notamment toujours la défense des “différents” et des faibles, que ce soient des malades (Nei giardini che nessuno sa // Dans les jardins que personne ne connait), les personnes âgées (Spalle al muro // Dos au mur, une des chansons les plus tristes que je connais), les enfants (No mamma no // Non, maman, non et aussi Una guerra senza eroi // Une guerre sans héros)…

Il y aurait encore tellement à dire sur Renato Zero, mais je laisse ça pour la prochaine fois (d’autant plus que j’ai un tout nouveau bouquin sur lui à lire!). Si vous voulez en savoir plus sur lui, sur sa vie etc. vous pouvez me demander (je prête aussi les CDs si jamais…pourvu qu’on me les ramène après écoute car, vous l’aurez compris, j’y tiens!!!) ou aussi regarder cette magnifique émission (malheureusement seulement en italien), qui montre aussi des vidéos d’époque. Bonne route et, comme dit toujours Renato Zero, ne m’oubliez pas hein (non dimenticatemi eh)!

Emission “Emozioni” sur Renato Zero, 2013