dimanche 23 octobre 2011

Parcours du combattant

Mon week-end est d’ordinaire assez rempli, tout comme celui de la plupart des gens qui travaillent: un peu de ménage, beaucoup de relax, quelques heures en cuisine (entre autres pour préparer des cupcakes avec cette recette et ce glaçage, une délice!) et encore quelques heures sur l’ordi (par exemple pour le réinitialiser et refaire toutes les mises à jour, total = 10 heures de boulot).
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Deux des cupcakes
Si jamais ce programme n’était pas suffisant, on pourrait sans autre y rajouter une activité, la reine des occupations du “temps libre”: faire les courses. Il faut dire d’abord que, pendant la semaine, les moments pour s’aventurer au supermarché comportent des dégrés de difficulté variables: du “niveau débutant” (par exemple le mardi matin à 10h, quand il n’y a personne), au “niveau moyen” (disons, mardi soir à 17h50, juste avant la fermeture) et même jusqu’au “niveau expert” du mercredi après-midi (mères avec enfants en vue). Seulement après avoir passé ces étapes avec succès on peut se risquer au tout dernier niveau, celui pour des vrais pros du supermarché, le “niveau GIGN” du samedi après-midi (si possible entre 16h et 17h30). Et bien oui, c’est à ce perilleux exercice que je me suis livrée ce samedi!
En premier lieu, les conditions de la mission: à pied, en zone périphérique, mais au moins il ne pluvait pas (encore heureux!); dans ces circonstances, normalement, un bon 97% des êtres humains que vous allez croiser sont dans leur confortable baignole et il y en a même qui font grise mine si on ose appuyer au feu rouge pour atteindre notre but. Consigne fondamentale: ne pas se décourager et avancer coute que coute.
Quelques dizaines de minutes plus tard, nous voici enfin dans le lieu même de l’opération: le fameux supermarché. Mais attention: avant de procéder, il faut encore s’arrêter au parking pour se débarasser de nos bouteilles en PET, comme tout bon citoyen éco-responsable. Là aussi, il faudra s’armer de patience, parce que le container des bouteilles n’a qu’une petite ouverture en haut, de forme allongée, qui rend impossible d’y déposer une bouteille qui ne soit pas pliée. Apparemment, le génie qui a inventé ce système n’a pas réalisé qu’une bouteille écrasée, ça se tord (ce devait être sa femme qui portait le fardeau du PET)…donc, pour chaque exemplaire que vous essayerez de déposer, il faudra entamer une étude trigonométrique poussée, permettant de déterminer le meilleur angle d’insertion. Une fois cette tache achevée, vous aurez votre chariot vide, et c’est là que la vraie bataille commence. Ruez-vous sans hésiter vers l’entrée, le “niveau GIGN” commence ici!
Rentrer dans le champ de bataille est déjà une bataille en soi. Il faut éviter les titubants, les bavards et, surtout, l’ennemi le plus rédouté: les familles avec enfants en bas âge, ceux qui ne savent pas d’où ils viennent ni où ils vont, mais ils savent très bien qu’ils ne pouvaient pas s’empêcher de venir à 4,5,6 ou plus (soit 2+x, où x est le nombre de marmots hurlant) dans ce temple de la consommation. Avec une certaine dose de détresse et de préparation physique, vous pourrez les esquiver, pour vous emparer d’un joli panier en plastique. Faites surtout gaffe à ne pas prendre le plus proche de vous: en effet, le “niveau GIGN” est bien connu pour être celui qui se déroule en contemporaine du passage de ordes barbares en tout genre, qui déposent des détritus divers et variés – feuilles, sachets, papiers, résidus alimentaires… - dans lesdits paniers (oui oui oui, là où vous vous apprêtiez à poser votre petite brioche).
Vous voilà désormais dans l’arène: prêts ou pas, la bataille a déjà commencé. Vos adversaires sont partout; souvent ils se placent à votre droite et à votre gauche…et vous vous retrouvez au beau milieu d’une conversation, d’un échange de produits ou encore pire. Certains d’entre eux sont très sûrs d’eux-mêmes: ils avancent en direction précise vers ce qui leur intéresse et leur chariot leur sert de bulldozer, pour baliser la piste avant de la parcourir; dans ce cas, il faut garder les yeux ouverts et ne pas finir sous les roues. Des autres, au contraire, ne savent pas du tout où ils vont (ni, certains d’entre eux, ce qu’ils font sur cette planète); ils vont se balader, alors, avec un regard perdu dans le vide – normalement en attendant que leur femme fasse les courses, le plus souvent avec un, deux ou trois morveux criant et courant partout; aucune théorie n’a permis d’expliquer cette bizarre coutume, mais la pratique suggère de se tenir en alerte quand on cotoye ces individus, pour ne pas pietiner leurs pauvres gamins et pour ne pas être surpris pas un brusque changement dans le sens de marche de leur chariot. Des autres charmants personnages de ce niveau sont les colocs sans dialogue, qui prétendent décider la liste des courses au rayon fruits et légumes, les vieillards à deux-à-l’heure, qui avaient toute la semaine pour passer mais qui viennent là, à ce moment précis, et qui vous lancent des foudres si vous osez leur piquer le tout dernier céleri-rave (ben quoi, il y a pas que les vieux qui font la soupe!). Pour finir en “beauté”, comment pourrait-on ne pas mentionner les top-models des pauvres, celles qui confondent le couloir des surgélés avec le podium et qui vous envoyent leur chevelure en pleine figure sans même pas imaginer que cela ait pu vous gêner (ce n’est pas une invention, malheureusement!).
Vous y êtes presque, vous apercevez désormais la fin du tunnel. Mais avant de quitter le jeu, il faut encore passer à la caisse. Malgré l’apparence anodine, ce passage n’a rien de simple. En effet, vous devrez faire appel à vos réflexes de membre du GIGN pour organiser la disposition de vos courses sur le tapis, les déposer en un temps record de 1 minute (à tout péter), commencer à les ranger (avec ce facheux tapis roulant qui vous envoie toutes vos courses sur les mains et fiche en l’air tous vos plans de disposition rationnelle) et enfin payer, sans que la caissière ait digné vous dire bonjour (probablement elle est déjà épuisée par tous les blaireaux qui ont, avant vous, arpenté les rayons, perdu leurs gosses, sali les paniers, etc.).
Payé? C’est bon? Le “game over” n’est pas encore apparu? Alors, la misson est presque terminée: vous n’avez plus qu’à sortir du bâtiment. Ah-ah, ça semblait simple, jusqu’à quand vous avez rencontré des nouveaux acheteurs, avec le regard encore plus vide que les précédents, et des enfants avec des parents encore plus désorganisés que ceux d’avant…et tout ce joli monde qui s’agglutine à la sortie de votre supermarché, à votre sortie… Courage, vous êtes arrivés au dernier niveau, vous pouvez le faire… Et quand, ouf, vous serez enfin déhors, vous aurez encore tout le trajet vers chez vous pour vous relaxer et penser très fort: “OUAIS, j’ai réussi! Médaille à la valeur et bonus de 500000 points!”. Morale: je suis désormais un gourou en matière de courses en grande surface…mais si vous pouvez, évitez les supermarchés le samedi après-midi!
A propos de samedi, voici une chanson qui lui est dédiée, la très agréable “On a Saturday” des Herman Dune, dont on a déjà parlé la dernière fois. Bonne route!

1 commentaire:

  1. Sei stata molto brava a descrivere la "vita " e "le vite " del supermercato; il tuo racconto è acuto e spassoso, sembra di essere lì, con te che fai da guida, e con la colonna sonora degli herman dune, davvero bella.Che dire poi dei dolcetti, sembrano davvero deliziosi,tra l'altro colorati elegantemente, fanno anche un figurone! Mi piacerebbe assaggiarli, anche perchè è ora di cena e sento un certo languorino.. Ciao bacioni, francesca

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