dimanche 2 octobre 2011

Klaas Hendrikse: un pasteur athée

+Mardi soir (27.9.2011) à l’Espace culturel des Terraux (Lausanne) a eu lieu une rencontre intéressante avec Klaas Hendrike, un pasteur néerlandais qui se proclame athée et qui a recueilli ses idées dans un livre publié pour la première fois en 2007. Organisée par l’Eglise réformée vaudoise, cette conférence lausannoise nous a permis de découvrir une pensée intéressante, contenant toutefois quelques zones d’ombre (voire carrément des incohérences).
Selon Hendrikse, le “dieu” mentionné dans la bible ne serait qu’un mot indiquant l’ensemble des relations et des expériences humaines (en particulier les expériences interpersonnelles); en somme, ce serait un peu ce que certains sociologues appelleraient le “capital social”.
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Le centre de la pensée du pasteur est “transformer les événements indifférents en des expériences significatives”. La bible elle-même serait un livre mythologique, contenant des fables sur comment mieux avancer dans la vie: par exemple, l’histoire de Noé et de son arche indiquerait que quand on se trouve dans une situation difficile et désagréable on doit bouger, provoquer le changement, et ça ira mieux. Cependant, puisque les expériences vécues sont propres à tout un chacun, le “dieu” qui va avec serait lui aussi personnel (et non pas universel). Dans ce contexte, le rôle de l’église serait de faire l’exégèse de la bible elle-même, afin que les “croyants” puissent tirer le plus grand parti de l’interprétation des histoires qui y sont contenues. En plus, il n’y aurait rien de transcendant (pas d’élément ou d’être surnaturel)…et la religion aurait comme seul but de stimuler la réflexion sur les attitudes quotidiennes des gens. Malgré tout cela, le pasteur souligne que dans sa paroisse il pratique un culte traditionnel, avec sermon et récitation du “Notre Père”.
Or, si le principe de considérer la bible comme un livre mythologique est à priori partageable, tout le reste de la théorie est un peu bancal (voire beaucoup). Depuis le début, quand le pasteur affirme que des êtres surnaturels n’existent pas, il se démontre tout autant borné que les intégristes religieux: au fond, il n’en sait rien (exactement comme vous et moi), donc il ne peut nier l’existence d’un ou plusieurs “dieux” pas plus qu’il ne peut l’affirmer. Ensuite, il soutient que le mot “dieu” indiquerait des relations, des expériences…mais dans ce cas, étant donné que les expériences individuelles sont uniques et propres à celui qui les a vécues, en fonction de quoi identifierait-on des principes universels? En plus, pourquoi la bible aurait-elle un statut supérieur aux centaines de milliers de livres et autres œuvres dont on peut faire l’exégèse, de l’Iliade aux chansons des Nirvana? En outre, pourquoi le pasteur en tant qu’exégète aurait-il un statut différent de celui du prof de lettres, du théologien ou encore du simple lecteur – d’autant plus que si “dieu” est personnel, la lecture et l‘interprétation des textes le sont tout autant? Et enfin, à quoi bon croire en une religion immanente – dans ce cas, on n’a pas meilleur temps de se contenter de ce qu’on voit et d’appeler les expériences avec leur nom, sans le substituer par “dieu”? Tant de questions qui restent sans réponse.
Face à ce drôle de pasteur, à la théorie bizarre et un peu incohérente, on reste sceptique. En effet, être pasteur tout en niant l’existence de dieu n’a pas grand sens à mes yeux…et en plus le fait de nier l’existence d’un dieu n’est une moindre preuve de naïveté que l’affirmer. Il aurait probablement été plus judicieux de ne pas se prononcer sur l’existence d’une dimension transcendante et d’essayer d’améliorer la vie des hommes à travers des réflexions vraiment philosophiques (par exemple sur l’efficacité de la règle d’or pour structurer la vie sociale).
Pour rester en thème, je vous propose la classique “Losing my religion”, des américains R.E.M., qui ont annoncé leur séparation la semaine dernière. Bonne route!

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