mercredi 6 juin 2012

Balade entre les thermes de Bad Bellingen, Jeff Koons et ses œuvres bizarres

Pour me relaxer et essayer de me refaire une santé je suis allée passer quelques jours à Bad Bellingen, chouette village de 3800 âmes sur le Rhin en Bade-Wurtenberg, Allemagne. Cet endroit thermal à 20 km à peine de Bâle regorge de cliniques et d’hôtels et est rempli de touristes du troisième âge.

Les thermes se trouvent dans le village même, juste au bord d’une forêt aménagée pour les promeneurs et les fans de parcours à vélo, et elles sont entourées par un vaste parc avec des jeux d’eau plutôt jolis.

IMAG3114

Bien évidemment je n’ai pas de photos de l’intérieur, mais l’établissement est confortable, propre et bien aménagé. En plus des traditionnels jets d’eau et piscines qu’on trouve un peu partout aussi en Suisse, il y a aussi un grand espace naturiste avec un parc saunas, une vaste zone spa et une grotte en sel de la mer Morte. En plus de l’eau thermale, la grotte en particulier est réellement efficace, tant pour la respiration que pour la peau…surprenant!

IMAG3121

Quoi dire sinon, à part que c’est vraiment relaxant, que leurs massages sont extra (en tout cas la réflexologie) et que ça vaut la peine d’y aller (d’autant plus que ce n’est pas cher)?

Si vous vous y rendez, ne faites pas comme moi, et pensez à prendre votre demi tarif des CFF, vos papiers d’identité et des euros. Sinon, il vous faudra prendre une carte substitutive à la gare, puis espérer que personne n’ait envie de jeter un coup d’oeil à votre passeport et entrer (et sortir) en Allemagne en “clandestin” (après-coup, j’ai pensé que désormais il y a les accords Schegen…mais n’empêche que sur les trains de et pour l’Italie les contrôles sont réguliers…!). En somme, après m’être remise en forme (et toujours sans papiers) j’ai pris la direction de Bâle, où je suis aller me balader un petit coup.

Il faut savoir que le lundi n’est pas le meilleur jour de la semaine si vous avez l’intention de voir quelques musées (la plupart d’entre eux sont en effet fermés). Cependant, parmi les quelques choses ouvertes (à part le “Fruchtgummi Laden” qui est un mini-musée en soi) il y avait la Fondation Bayeler.

La Fondation se trouve quelque peu en dehors de Bâle, mais elle est facilement joignable grâce aux transports publics. Le musée, conçu exprès par l’italien Renzo Piano, est une belle oeuvre architecturale: le bâtiment conjugue la pureté des lignes et une belle luminosité des pièces avec une façade vitrée, donnant sur un éthéré petit bassin rempli de nénufars, et il est entouré par un jardin arboré presque collinaire.

Fondation_Beyeler_2011_B

A l’intérieur, des grands espaces neutres abritent des œuvres de quelques grands noms de la peinture et de la sculpture des XIXe et XXe siècles: de Van Gogh à Monet, de Picasso à Giacometti, en passant par Klee et Rousseau. Ces œuvres ont été sans aucun doute le point fort de ma visite. Celles que j’ai apprécié le plus sont probablement les tableaux de Paul Klee, particulièrement “Paysage du Passé”…

paysage-du-passé2 

…”Still glows”…

Paul_Klee_Glüht_nach

…et “Crépuscule tropical”.

Paul_Klee_Tropische_Dämmerung

La deuxième partie de ma visite a été consacrée à l’exposition temporaire sur l’américain Jeff Koons qui a beaucoup fait parler de soi recemment (1, 2). Cet ancien courtier en bourse et ancien mari de Cicciolina est célèbre pour des œuvres autant bizarres que controversées, et qui ont pour caractéristique fondamentale celle de créer le buzz (on dirait presque qu’elles ont été conçues exprès…on y reviendra).

On se balade donc entre de l’art conceptuel (notamment, les aspirateurs érigés à œuvre d’art et placés dans des cubes en plexiglass comme égéries du “neuf”), des gigantographies d’objets divers et variés tels que posés sur du papier aluminium et des sculptures aussi diverses qu’une (on ne peut plus kitch) représentation de Michael Jackson, un tendre chaton géant en plastique et un chien en acier à la forme des ballons des clowns.

IMAG3171 

Si quelques unes (la majorité ?) de ses œuvres sont incontestablement moches et ne méritent pas (du moins à mon avis) le titre honorifique d’“œuvres d’art”, quelques unes sont particulièrement intéressantes. Ainsi, l’idée d’une série de sculptures géantes en acier, massives et persistantes, sur le thème des ballons de clown, éphémères, légers et fragiles,  est en soi frappante et séduisante de par sa contradiction (dans la photo on voit “Balloon Dog” et aussi “Tulips”, réalisées sur le même principe).

De la même manière, cette “Woman in bath” décérébrée est une sculpture intrigante, surtout quand on est à coté d’elle, parce qu’on met un moment avant de s’apercevoir qu’il lui manque un bout…drôle d’illusion qui remet en cause une série d’attitudes vis-à-vis des corps et surtout des corps des femmes.

4107984072_9370484907

L’œuvre de Koons présente donc bien quelques éléments dignes d’intérêt. Cependant, il y a dans son “art” plusieurs éléments que je trouve indigestes et, à leur façon, assez scandaleux pour que je n’apprécie pas ce qu’il fait.

Le premier point négatif est qu’il n’est pas l’auteur de ses œuvres; il ne fait que les imaginer, tel un publicitaire, et ensuite il les commandite à des artisans spécialisés. Du gros travail, pour un artiste…qui plus est, pour un artiste qui œuvre dans une “usine à art” entouré par 100 assistants!

Le deuxième (et le plus grave) c’est qu’il livre une interprétation pré-mâchée de son “art”, et que tel un vrai publicitaire il assaisonne sa sauce avec des immangeables flatteries sur le public. Ainsi, si on l’écoute, il voudrait “démocratiser l’art” et en faire un instrument cathartique pour les masses, une sorte de psychanalyse des foules dont le but serait (très approximativement) de faire en sorte que les admirateurs de son travail reconnaissent ces petites zones d’ombre que tout un chacun traine au fond de soi et qu’ils les acceptent avec gaieté et grande satisfaction. Ainsi par exemple dans son discours, l’abominable “Michael Jackson + Singe” (“Michael Jackson and Bubbles” de son vrai titre) devient une “représentation de La Pietà contemporaine, qui transcende toutes les différences d’âge, de sexe et même d’espèce”. Ou encore, “Pink Panther” devient “un instrument pour se réconcilier avec ses propres pratiques masturbatoires”.

Or, en partant du présupposé que chacun gère sa fascination pour Michael Jackson et/ou son autoérotisme comme bon lui semble, ce qui me dérange est la volonté d’imposer, à travers le discours, une signification à son art (d’autant plus que cette signification est la plupart du temps si farfelue qu’il est impossible de la saisir quand on est face à l’œuvre). Le but semble être non pas celui de démocratiser l’art, mais bien celui de faire croire en une démocratisation. Cependant s’il s’agissait d’art véritable il ne serait pas nécessaire que l’artiste l’explique, n’est-ce pas? Elle serait probablement lâchée “dans la nature”, avec un message universel ou presque, et puis libre à chacun de l’interpréter comme il veut!

Donc voilà, pour toutes ces raisons je crois que Koons est plus un magicien du marketing qu’un fin artiste, malgré le fait qu’il a pu faire des choses intéressantes.

Ceci dit, si vous avez l’occasion allez quand même voir le reste du musée, ça mérite le détour.

Pour nous quitter, voici une chanson qui n’a pas grande chose à voir avec cela, excepté le fait que c’était dans ma playlist pour cette balade et que c’est une belle démonstration de comment l’art n’a pas besoin de grands discours pour être compréhensible: il s’agit de Non l’hai mica capito du rockeur italien Vasco Rossi. Bonne route!

Vasco Rossi – Non l’hai mica capito (1980)

1 commentaire:

  1. Che bel fine settimana! Nelle terme che hai descritto credo che ci si possa rilassare per benino e ritemprarsi a dovere, dovresti andarci più spesso, tu che puoi :-)
    Ed anche la visita la museo mi è sembrata molto interessante, a parte le opere di Koons che non mi piacciono proprio, tantomeno mi piacciono i suoi discorsi; son d'accordo con te, non ci dovrebbero volere chissà quali spiegazioni per un opera d'arte. E poi Vasco, sempre in gamba, anche se preferisco le canzoni successive.
    Ciao, a presto

    RépondreSupprimer