dimanche 4 mars 2012

Shake your spear while Tom Waits

En occasion du Festival Objectif Mars, qui se déroule en ce mois de mars à Lausanne, nous sommes allées voir “Shake your spear while Tom Waits” sur le campus de l’Unil.

Une structure en bois assez pittoresque, la “Tour Vagabonde”, a fait son apparition il y a deux semaines juste en face du lac; il s’agit d’un théâtre élisabéthain, et c’est là qu’on s’est rendu pour le spectacle.

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Le début était plutôt prometteur: déjà de par la “Tour Vagabonde”, on s’est retrouvé projeté dans l’atmosphère de l’époque shakespearienne, avec une scène insérée dans le public et un accueil festif et musical.

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Le spectacle, (trop) bien publicisé par le site de l’Unil, s’annonçait comme une reprise moderne des principales œuvres de Shakespeare, entrecoupée par des reprises des titres de l’américain Tom Waits…mais après un court enthousiasme au début de la représentation on a très vite été déçu.

En effet, malgré une scénette amusante et bien pensée sur Roméo et Juliette tout au début, le récit n’a pas tardé à montrer des nombreuses lacunes.

La structure narrative était complètement absente, et on assistait grosso modo à un collage d’extraits shakespeariens successifs, sans articulation ni suite logique. Ces séquences étaient entrecoupées par une sélection de titres de Waits, exécutés assez bien du point de vue instrumental, mais avec un chant peu compréhensible malgré le charisme du chanteur.



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Cette difficulté de compréhension était en réalité un des problèmes majeurs du spectacle: des textes pourtant en français étaient extrêmement difficiles à écouter à cause de la mauvaise intonation et d’une certaine monotonie dans l’interprétation. Monotones étaient aussi les costumes, un assemblage de tenues farfelues sans sens ni cohérence aucune, sauf l’appartenance à un univers décalé.

Mauvaise pièce (mais: peut-on parler d’une pièce pour ce méli-mélo d’extraits?), donc, et mauvaise récitation. Mais là n’était pas le pire. En effet, outre une structure sans places assises et tout à fait inadaptée pour une pièce de plus de deux heures, ce qui en soi pouvait encore être supportable pour des jeunes (on a du personnellement aider une vieille personne à abandonner la loge!), les membres de la troupe nous ont offert un spectacle tout à fait détestable avec leurs attitudes vis-à-vis de l’alcool et de la fumée.

Premièrement, ils ont préparé et distribué une espèce de cocktail à base d’alcools forts à toute l’assemblée, en plus de s’être ostensiblement alcoolisés pendant toute la durée de la représentation (en potentielle violation de la loi cantonale sur les procédés de réclame et avec une attitude moralement discutable sur la remise gratuite et indifférenciée d’alcool, qui n’est pas interdite dans le Canton de Vaud mais qui l’est dans la plupart des cantons suisses): en faite, on se serait cru à une soirée de propagande de la Trojka plus que dans un théâtre.





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Deuxièmement, ils ont fumé (et nous ont enfumés) pendant tout le spectacle, ce qui n’est pas seulement désagréable (surtout pour quelqu’un qui est asthmatique comme moi, qui ai eu de la fatigue respiratoire pendant toute une journée après cela), mais qui est aussi une violation flagrante de la Loi cantonale sur l’interdiction de fumer dans des lieux publics (en particulier article 3 lettre d). Il y a de quoi rester surpris (et scandalisé) qu’une organisation publique telle que l’Université auberge et cautionne des tels agissements.


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Certes, il y avait quelques coups de génie, comme l’exhibition d’une violoniste-équilibriste suspendue à des cordes, ou encore l’idée d’un vrai “spectacle total”, avec les acteurs dispersés dans la totalité des étages et mêlés au public, mais dans le complexe il s’agissait de bonnes idées avortées à cause de tout ce qui les entourait…dommage!

On aurait presque dit qu’il n’y avait pas de metteur en scène, et que personne n’avait vu cette pièce avant la représentation du vendredi soir.

En somme, il ne nous reste qu’espérer que le reste du festival Objectif Mars sera un peu plus réussi, même si ce début si décevant n’est pas forcément la meilleure carte de visite ni l’encouragement le plus convaincant pour aller voir le reste.

Après cette critique négative (ma foi, ça arrive aussi), il me semble adéquat de nous quitter avec “Bad as you”, de Tom Waits. Bonne route!

Tom Waits, Bad as you, 2011

14 commentaires:

  1. S'agissant de la récitation, cela est un calomnie, bien entendu...
    J'ai travaillé durement la prosodie et l'articulation pour rendre ce texte scandée comme en recitativo mais à la manière d'un opéra rock...

    Jean-Paul Favre jouant et Juliette, et Lady Anne et Désdemona.

    Pour le reste, cela est votre constat.

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    1. M. Favre,

      Pour avoir également assisté à la présentation je suis parfaitement d'accord, autant pour le duo de récitateurs que pour le chanteur, l’acoustique ainsi que l'articulation n'étaient pas bonnes.

      On peut travailler aussi durement que possible ce n'est pas pour autant que le résultat escompté est là et comme le reste ça fait partie du constat de la blogueuse...

      Et je reviens sur l'aspect qui m'a le plus choquée, qui est l'attitude douteuse vis-à-vis du tabac (une infraction à la loi!!!) et de l'alcool. Je crois en effet que ce n'était pas du tout appropriée.

      Sandra

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    2. J'accepte toutes vos critiques sauf l'articulation, non ! pas l'articulation. Elle a été camouflée par la mauvaise audibilité ! Madame
      Sang d'rat,

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  2. Cher Monsieur Favre,

    Je ne met pas en doute la quantité de votre travail, ni la volonté de fournir une prestation réussie...

    Je ne parle que du spectacle auquel j'ai assisté, et pendant lequel j'ai eu énormément de peine pour distinguer tous les mots d'une phrase.
    Sans doute, l'articulation des mots tant de votre part que de la part de votre collègue (voix si grave et monocorde qu'à un certain moment on s'est demandé si le micro n'était pas truqué) n'était pas le seul élément mis en cause: s'y ajoutaient le bruit ambiant, la circulation incessante des membres de la troupe dans les loges (en soi, pas une mauvaise idée...sauf que c'était parfois si brusque et rapide qu'on a failli nous rentrer dedans), l'air enfumé, l'excès de messages visuels et sonores non coordonnés... Bref, je vous le répète, on a sincèrement pensé que cette pièce n'avait jamais été essayée avant et qu'il n'y avait pas de metteur en scène.

    D'ailleurs, je ne sais pas si vous l'avez remarqué, mais le public du début était composé en majorité de gens de plus de 30 ans...qui se sont enfuis au fur et à mesure que le spectacle avançait, justement parce que c'était difficilement compréhensible dans son ensemble, au delà du texte joué.

    Vous pouvez sans doute me reprocher de ne pas avoir une grande ouverture d'esprit, ou d'être "de la vieille école", mais malheureusement ni mon cerveau ni mon corps tout entier ne supportent de recevoir un bazar de stimuli superposés, qui plus est noyés dans un nuage d'épaisse fumée.

    Cordialement,

    Paola

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    1. J'accepte. Et vous savez, chère madame, moi aussi je suis de la vieille école...
      Quant à la fumée...encore heureux que vous ne fussiez pas là pendant les répétitions...car il y avait également tout le staff technique qui "toraillait", malgré mes protestations.
      Mais enfin, Paola, vous auriez pu vous douter que Tom Waits n'était pas un ange et qu'un groupe de hard et rap ne peu que se produire dans un excès de décibels, (signe des temps que je déplore également)...Qu'alliez-vous faire dans cette galère...? Dernièrement, je suis allé écouter Turandot de Puccini en pays de Fribourg. De toute beauté !
      Alors, bon, j'espère pouvoir rendre verbe et lyrisme dans d'autre occasion, et vous salue à la XVII ème ! Votre dévoué, Jean-Paul Favre

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    2. Je suis contente de savoir que finalement on s'entend!
      Hm...que vais je faire...peut-être aller moi aussi voir la Turandot?
      Au plaisir de vous revoir dans d'autres occasions, surtout que votre passage en Juliette c'est un des moments du spectacle qu'on a le plus apprécié. =)

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  3. Et bien, il semble que nous n'étions pas au même spectacle.
    Que de violence dans les violations de lois!
    Cheers et bonne morts à vous tou-te-s, et rappelez lorsque vous serez plus vivants.
    SK

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    1. Chacun peut choisir quand et de quoi (ne pas) mourir, pas vrai?

      Allons, le parc de Dorigny est si grand, que personne n'y aurait vu quelque chose de mal si l'on avait fumé à l'extérieur... et si on avait laissé les breuvages à la buvette!!!!

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  4. PS
    Allez-y, n'ayez pas peur.
    SK

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  5. Cara Paola ho letto il tuo articolo ma non posso dire nulla sullo spettacolo, dato che non l'ho visto. Concordo con te sul fatto che il fumo in luoghi pubblici è sicuramnete molto fastidioso, tanto più per chi soffre di disturbi respiratori, io al posto tuo sarei andata subito via. Purtroppo se sei lì devi respirare l'aria che c'è, a differenza dell'alcool, che puoi scegliere se bere o meno. Bella la canzone, ma dovrei tradurmi il testo... Ciao bacioni, a presto Francesca

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    1. Eh Francesca, che vuoi, sono restata perché per criticare bisogna prima vedere (non come nella canzone di Rino Gaetano, "Mio fratello è figlio unico"...). Comunque credo e spero che questa esperienza non si ripeterà!!
      A presto,
      Paola

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  6. Just a hangover that'll disappear by the time you get your next drink.
    Take a taxi next time.
    And don't come back...

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    1. As Charles Kingsley wrote, "There are two freedoms - the false, where a man is free to do what he likes; the true, where he is free to do what he ought."

      When you play in a public place, you should respect others, especially because you don't know them and their problems. You are free to drink as much as you want, as it only harms your liver and no one cares about it except (maybe) yourself. But you do not have the right to endanger the lungs of other people, that come to have fun and not to be sick.

      Not only your lack of respect and comprehension forced me to spend one day at home after the show, but you are also proving your ability to confound anarchy and disregard, liberty and disrespect, freedom and arrogance.

      Given that I fortunately am not masochist, I will undoubtedly not be back, and I certainly won't be the only one: if you want to have an audience, you should learn to regard it.

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  7. Sorry, but we have an audience. Enthusiastic.
    Think of it.
    End of line for me.
    Enjoy !

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