dimanche 2 décembre 2012

Le caveau de famille

Avant mon voyage en Italie j’ai fait un tour à la Fnac pour voir qu’est-ce que je pouvais me procurer comme agréable lecture pour me tenir compagnie dans ce voyage. Parmi les ouvrages qui ont retenu mon attention…ta-dam: la suite de “Le mec de la tombe d’à côté”! Bien évidemment, je ne pouvais pas ne pas l’acheter! Sourire (à l’état de sa couverture, vous voyez qu’il a voyagé avec moi!)




On retrouve les deux protagonistes: Benny le paysan et Désirée la bibliothécaire. Ils ont tant bien que mal essayé de refaire leur vie chacun de son côté, dans des histoires “tranquilles” et rangées, mais moins passionnelles et moins intenses que celle qu’ils ont vécu ensemble.

Peu après leur rupture, Désirée avait demandé à Benny de faire trois tentatives pour essayer d’avoir un enfant avec elle. C’est pour cela que, tout au début du livre, ils se rencontrent et ils font l’amour. Malgré eu, la passion du début reprend le dessus. Ils essayent de faire comme si de rien était et de laisser ça derrière eux…mais Désirée tombe enceinte. Cette amour qui semblait impossible devient plus que possible: Benny vire sa nouvelle compagne Anita et les deux tourtereaux s’installent ensemble à la ferme. C’est le début d’une nouvelle vie, d’abord à deux et puis en famille. Certes, il y a moins de suspense et de tension sensuelle que dans l’épisode précédent. Désirée et Benny changent, pour devenir similaires sans s’en apercevoir et sans pour autant devenir identiques. Le suspense n’est plus seulement lié à eux, mais aussi à leurs enfants, à l’exploitation: l’histoire romantique évolue en histoire familiale. 

Dans cette évolution du récit, le style de l’auteure reste tout aussi soigné, propre et agréable que dans le premier livre. L’humour est aussi présent, drôle et parfois caustique. Les sentiments sont décrits avec autant de précision, mais de manière plus effacée, moins explicite: les personnages n’ont plus le temps pour faire des grandes introspections et les envolées lyriques se font moins fréquentes. Apparait aussi un nouveau type de peur, de tension: celle liée à la vie de tous les jours, et à ses évolutions souvent imprévisibles, tant dans la joie que dans la tristesse, la fatigue ou l’amertume (une mention spéciale pour la qualité du récit dans les pages dédiées à la tragédie du tracteur; je n’en dirai pas plus pour ne pas vous gâcher la lecture). Aussi, les conflits liés aux rôles de genre sont remarquablement bien décrits.

En somme, les personnes évoluent, les situations évoluent et les sentiments aussi. Benny et Désirée s’aiment mais d’une autre manière qu’avant: ils ne sont pas amoureux, ils s’aiment et se connaissent bien…connaissant donc aussi leurs défauts respectifs, à détester ou à regarder avec tendresse selon les circonstances. Ils ne dépensent plus leurs énergies pour se trouver: ils se sont trouvés et ne veulent pas se perdre…

Comme vous l’aurez deviné, j’ai adoré ce petit bouquin! La belle histoire et le style agréable rencontrés dans le premier livre évoluent et continuent à être soignés, vraisemblables, plaisants et intrigants. De plus on voit ces deux personnages, auxquels on s’était déjà attaché (oui, je m’attache aux personnages des bouquins!), continuer à avancer dans la vie et faire des compromis sur leurs différences tout en restant eux-mêmes.
Pour vous encourager à la lecture de ce bel ouvrage, en voici deux extraits (un de la voix de Benny, l’autre de la voix de Désirée).
Benny (pp. 64-66)
Mon père disait toujours que personne ne peut rester amoureux plus de trois mois, après il devient fou. Maman le regardait un peu de travers quand il parlait comme ça et alors il se dépêchait d’ajouter: “Et ensuite, eh bien ensuite on s’aime pour de vrai, si on a de la chance! Comme moi!” Et même s’il n’était pas un Roméo, je crois qu’il était sincère, et maman aussi. Elle n’a jamais vraiment encaissé sa mort. Après sa disparition, elle avait pris une drôle d’habitude, elle tournait tout le temps la tête, comme si elle s’attendait à ce qu’il soit là, à côté d’elle.
Si ça se trouve, elle sentait sa présence.
J’aimerais qu’on soit soudés de cette manière, Désirée et moi. Sauf qu’à tous les coups, il y aura plus d’un écueil pour y arriver.
Il m’a fallu deux mois pour lui faire dire si elle voulait venir vivre avec moi ou pas. Elle a fini par déclarer qu’elle ne pensait pas le vouloir, mais qu’elle le ferait. Merci bien, en matière d’enthousiasme, on peut faire mieux!
De plus en plus souvent elle restait la nuit. Au matin elle prenait la bagnole pour retourner en ville, en bâillant et pestant. Il faut l’avoir vue dans la cour en train de gueuler et de filer des coups de pied à ma vieille Subaru, qui ne supporte pas quand il gèle.
Souvent, quand on regardait la télé, je l’emmitouflais dans une couverture et ça ne loupait pas, elle s’endormait immanquablement sur le canapé et ensuite elle n’avait plus le courage de repartir chez elle. C’était exactement ce que je voulais. […] je voulais qu’elle reste la nuit surtout pour lui démontrer que c’était possible de faire la navette entre la ville et la ferme et quoi qu’il en soit, il faudrait bientôt qu’on soit fixés, si elle ne voulait pas me voir investir son appartement avec mes vaches.
Parce que le berceau du têtard, il n’y en aurait qu’un, à un seul endroit, on était assez d’accord là-dessus.
Puis elle a fermé les yeux et elle a fait le saut de l’ange!
Désirée (pp. 78-81)
Jusque-là, je n’avais absolument pas réalisé qu’à l’instant où le camion de déménagement partirait pour Rönngarden, je pourrais dire adieu à ma confortable vie de célibataire. Plus jamais je ne mènerai mes rituels du soir toute seule, par exemple. […]
Puis le jour est arrivé, et j’ai surveillé d’un air inquiet le déménagement de mes possessions, rares mais tellement appréciées. Benny a commencé par laisser tomber un joli plat en céramique dans l’escalier et il a tout de suite pesté contre des assiettes aussi grandes qui de toute façon ne rentreraient pas dans les placards. Et en fin de compte, il n’a pas voulu s’encombrer de mon lit en tubes d’acier réglable en plusieurs positions
- On aura un lit double, toi et moi, large et d’un seul tenant, dit-il. Pas besoin de réglage, on s’occupera des positions nous-mêmes…
[…] Nous avons donc emménagé à Rönngarden, ensemble et officiellement, avec changement d’adresse pour moi et résiliation de mon abonnement téléphonique. C’était un jour de printemps froid et couvert, et j’aurais aimé qu’il me porte pour franchir la porte, mais Benny a ahané et dit que je devais choisir, soit il portait mes cartons de livres soit ma personne. Mais il a offert de me tenir la main si je voulais avoir la gentillesse de faire un petit saut pour marquer mon entrée dans la maison.
Nous avons beaucoup ri pendant cette première période. Jamais je n’aurais cru que ça pouvait être aussi chouette de se trouver sur un pied d’égalité et d’aménager son petit nid. J’étais aux pinceaux, je posais le papier peint et Benny s’occupait des menuiseries. J’ai bien vu qu’il s’est gardé de faire des commentaires sur mon choix de couleurs – la jungle hystérique d’Anita est devenue blanc antiquaire, et les volants des rideaux de cuisine ont fini en chiffons – et bien sûr que j’ai battu en retraite devant deux ou trois de ses idées d’aménagement alors qu’elles me donnaient envie de me rouler par terre de rire. Mais je pense qu’on peut globalement dire que nous étions heureux sans réserve pendant cette période. Plus heureux que je ne l’avais jamais été avec Örjan, alors que lui et moi étions toujours d’accord sur la décoration de notre appartement.
Chaque nuit je m’endormais dans l’immonde lit double avec Benny derrière mon dos et sa main sur mon ventre.
Voilà donc pour ce deuxième volume d’une histoire romantique de laquelle on attend avec hâte une suite. Je vous souhaite une bonne lecture et je vous propose de nous quitter avec une chanson d’amour (j’avoue: c’était prévisible!) : Fou de love, écrite et chantée par Angelo Branduardi, un des plus brillants (à mon goût) artistes italiens contemporains. Bonne route!

Angelo Branduardi – Fou de love

1 commentaire:

  1. E sì l'entusiasmo che metti nel descivere il libro fa venir voglia di di leggerlo, chissà che un giorno non mi ci metta, dato che da tempo non ci riesco più (sarà colpa dell'ecccesso di lettura al lavoro?) . Bravo Branduardi, anche se non è dei miei preferiti:-)
    Ciao, a presto Francesca

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