Entre les déboires financières et les frasques “fêtardes” du gouvernement Berlusconi (putes, drogue et rock ’n roll”), quelques semaines en arrière en Italie on a beaucoup parlé du rejet de la loi contre l’homophobie. En riposte, une liste de outing a été diffusée par certains activistes, contenant les noms d’une dizaine de politiciens italiens ayant pris des positions homophobes par le passé. Cette liste, publiée hier, a fait beaucoup parler, surtout sur le net et les commentateurs n’ont pas hésité à discuter d’un éclatement de la communauté LGBTQ du pays (voir ici, ici et ici pour un résumé en français). En partageant l’avis d’un ami, Aurelio Mancuso, et en ayant assisté à des nombreuses prises de position plus ou moins critiques de la part d’amis et de connaissances plus ou moins proches (en italien: Anna Paola Concia, Imma Battaglia, Paolo Patané, Alessandro Capriccioli; en français: Nicola Accardo), j’ai finalement décidé de m’exprimer sur le sujet. Voici donc une série de remarques avancées par les contestataires de cette forme d’action, suivies par mes commentaires.
1. Les listes sont fascistes
Ceci ne veut rien dire. Les listes de proscription du temps des romains, ainsi que les listes d’ennemis politiques pendant les dictatures (par exemple de type fasciste) avaient comme but l’épuration et l’élimination de ces personnes, donc quelque chose d’abominable. La liste de outing, au contraire, a un but citoyen, qui est de vérifier la cohérence entre les propos et le style de vie des politiciens élus. Personne ne trouverait rien à redire si on diffusait une liste de dirigeants d’un parti ouvrier aux revenus millionnaires, ou d’exposants d’un parti écologiste roulant en 4X4. Donc, les listes de gens ne sont pas plus nocives que les listes des courses, il faut juste voir pourquoi on les a rédigées et comment on les utilise.
2. La liste viole la privacité de ces braves gens
Ces “braves gens” ont assumé des positions violentes et discriminatoires par le passé et ils ont contribué à discriminer une partie de la population à travers leur (in)action législatrice. De ce fait, ils ont fait de l’orientation sexuelle des autres une question publique et politique. Or, il est du ressort de l’électeur de vérifier l’honnêteté de ses représentants…et cette honnêteté inclût toutes les questions que les politiciens touchent par leurs discours, agissements et/ou omissions. Donc, si on est tout à fait d’accord que les choix sexuelles des citoyens comme vous et moi ne concernent que l’individu et n’ont pas à être dévoilées par d’autres voies que par choix personnel (coming out), tous les choix privés des politiciens sur des thématiques Y deviennent des sujets d’intérêt public (et perdent de ce fait toutes les prérogatives liées à la sphère privée) si ce sont les mêmes élus qui prennent des décisions sur ces thématiques Y.
3. Ce sont des insultes infamantes et violentes
Cette affirmation est la perle des perles, surtout venant d’activistes de la communauté LGBTQ. Si les mouvements se battent pour qu’une loi contre l’homophobie soit approuvée, c’est exactement pour que certaines affirmations cessent d’être perçues comme des insultes, encore plus comme infamantes ou violentes. Ainsi, qui soutiendrait que la phrase “Sarkozy est hétérosexuel” équivaut à une insulte infamante envers le président français? Si on croit qu’il s’agit d’une insulte, c’est probablement parce qu’on a tendance à la percevoir (voire à l’utiliser) en tant que telle. Mon conseil pour les militants qui ont proféré cette ânerie est alors de commencer un travail sur soi, tous seuls comme des grands ou avec un bon psy…après quelques séances ça devrait déjà aller mieux!
4. C’est une action violente et nous on est pour la non-violence
Depuis les temps de Gandhi et de Martin Luther King être contre la non violence en terrain de lutte politique est un concept communément accepté et partagé, donc je ne peux qu’’être d’accord (quoique on rencontre toujours des exceptions où la violence voire la lutte armée est justifiable, mais ce n’est pas le cas ici et ça mériterait en tout cas un autre post). Donc, je suis tout à fait d’accord avec les tenants de la non-violence. Cependant, il faudrait que, au vu du point 3, les militants qui ont soutenu cet argumentaire m’expliquent en quoi la diffusion de dix noms est plus violente que la négation de certains droits civiques, que la stigmatisation et la moquerie quotidienne sur les médias et les passages à tabac eux aussi quotidiens…violences que les affirmations et les agissements d’une certaine partie de la classe politique italienne contribuent à encourager.
5. Ca va éloigner la communauté LGBTQ du reste de la population
Quelques années en arrière, en parlant d’Edith Cresson, le politicien français André Santini avait affirmé: “A force de descendre dans les sondages, elle va finir par trouver du pétrole”. Dans notre cas, au pétrole on y est déjà, donc il serait bien difficile de descendre encore plus bas (sauf à se retrouver en Australie). Après une action coup de poing telle que celle dont on parle, au mieux les choses vont bouger et s’améliorer, et au pire elles vont rester telles quelles. Victimes d’une mentalité catholique et des codes moraux qui vont avec, certains militants vont pousser le principe du “tendre l’autre joue” jusqu’à ce que ce ne soit plus que du pur masochisme. Or, arrêtez de vous faire du mal et répondez aux arguments par des argument, sans avoir peur de la discussion. Des fois il faut oser s’imposer et les militants devraient avoir à cœur l’intérêt de leur communauté avant de préserver leur arrière cour et leur petite vie tranquille (si on veut faire ça, on ne milite pas!)…ce n’est sans doute pas en évitant la confrontation qu’on peut atteindre un consensus!
Pour nous quitter voici un grand classique en thème avec l’article, qui n’a presque pas besoin de présentations, YMCA des Village People (la rigolade relative à la choré détendra l’atmosphère après les propos incendiaires…).
Sur cela, rien à voir, mais notre petit sac à dos est presque bouclé pour aller à la Fête des Vendanges de Neuchâtel (en plus cet année c’est le Millénaire de la ville, donc on se réjouit déjà du spectacle et du bon vin!!!). Bon week-end (arrosé) à tous et bonne route!
P.S.: Un grand merci à S. pour le support grammatical et philosophique! =)
1. Les listes sont fascistes
Ceci ne veut rien dire. Les listes de proscription du temps des romains, ainsi que les listes d’ennemis politiques pendant les dictatures (par exemple de type fasciste) avaient comme but l’épuration et l’élimination de ces personnes, donc quelque chose d’abominable. La liste de outing, au contraire, a un but citoyen, qui est de vérifier la cohérence entre les propos et le style de vie des politiciens élus. Personne ne trouverait rien à redire si on diffusait une liste de dirigeants d’un parti ouvrier aux revenus millionnaires, ou d’exposants d’un parti écologiste roulant en 4X4. Donc, les listes de gens ne sont pas plus nocives que les listes des courses, il faut juste voir pourquoi on les a rédigées et comment on les utilise.
2. La liste viole la privacité de ces braves gens
Ces “braves gens” ont assumé des positions violentes et discriminatoires par le passé et ils ont contribué à discriminer une partie de la population à travers leur (in)action législatrice. De ce fait, ils ont fait de l’orientation sexuelle des autres une question publique et politique. Or, il est du ressort de l’électeur de vérifier l’honnêteté de ses représentants…et cette honnêteté inclût toutes les questions que les politiciens touchent par leurs discours, agissements et/ou omissions. Donc, si on est tout à fait d’accord que les choix sexuelles des citoyens comme vous et moi ne concernent que l’individu et n’ont pas à être dévoilées par d’autres voies que par choix personnel (coming out), tous les choix privés des politiciens sur des thématiques Y deviennent des sujets d’intérêt public (et perdent de ce fait toutes les prérogatives liées à la sphère privée) si ce sont les mêmes élus qui prennent des décisions sur ces thématiques Y.
3. Ce sont des insultes infamantes et violentes
Cette affirmation est la perle des perles, surtout venant d’activistes de la communauté LGBTQ. Si les mouvements se battent pour qu’une loi contre l’homophobie soit approuvée, c’est exactement pour que certaines affirmations cessent d’être perçues comme des insultes, encore plus comme infamantes ou violentes. Ainsi, qui soutiendrait que la phrase “Sarkozy est hétérosexuel” équivaut à une insulte infamante envers le président français? Si on croit qu’il s’agit d’une insulte, c’est probablement parce qu’on a tendance à la percevoir (voire à l’utiliser) en tant que telle. Mon conseil pour les militants qui ont proféré cette ânerie est alors de commencer un travail sur soi, tous seuls comme des grands ou avec un bon psy…après quelques séances ça devrait déjà aller mieux!
4. C’est une action violente et nous on est pour la non-violence
Depuis les temps de Gandhi et de Martin Luther King être contre la non violence en terrain de lutte politique est un concept communément accepté et partagé, donc je ne peux qu’’être d’accord (quoique on rencontre toujours des exceptions où la violence voire la lutte armée est justifiable, mais ce n’est pas le cas ici et ça mériterait en tout cas un autre post). Donc, je suis tout à fait d’accord avec les tenants de la non-violence. Cependant, il faudrait que, au vu du point 3, les militants qui ont soutenu cet argumentaire m’expliquent en quoi la diffusion de dix noms est plus violente que la négation de certains droits civiques, que la stigmatisation et la moquerie quotidienne sur les médias et les passages à tabac eux aussi quotidiens…violences que les affirmations et les agissements d’une certaine partie de la classe politique italienne contribuent à encourager.
5. Ca va éloigner la communauté LGBTQ du reste de la population
Quelques années en arrière, en parlant d’Edith Cresson, le politicien français André Santini avait affirmé: “A force de descendre dans les sondages, elle va finir par trouver du pétrole”. Dans notre cas, au pétrole on y est déjà, donc il serait bien difficile de descendre encore plus bas (sauf à se retrouver en Australie). Après une action coup de poing telle que celle dont on parle, au mieux les choses vont bouger et s’améliorer, et au pire elles vont rester telles quelles. Victimes d’une mentalité catholique et des codes moraux qui vont avec, certains militants vont pousser le principe du “tendre l’autre joue” jusqu’à ce que ce ne soit plus que du pur masochisme. Or, arrêtez de vous faire du mal et répondez aux arguments par des argument, sans avoir peur de la discussion. Des fois il faut oser s’imposer et les militants devraient avoir à cœur l’intérêt de leur communauté avant de préserver leur arrière cour et leur petite vie tranquille (si on veut faire ça, on ne milite pas!)…ce n’est sans doute pas en évitant la confrontation qu’on peut atteindre un consensus!
Pour nous quitter voici un grand classique en thème avec l’article, qui n’a presque pas besoin de présentations, YMCA des Village People (la rigolade relative à la choré détendra l’atmosphère après les propos incendiaires…).
Sur cela, rien à voir, mais notre petit sac à dos est presque bouclé pour aller à la Fête des Vendanges de Neuchâtel (en plus cet année c’est le Millénaire de la ville, donc on se réjouit déjà du spectacle et du bon vin!!!). Bon week-end (arrosé) à tous et bonne route!
P.S.: Un grand merci à S. pour le support grammatical et philosophique! =)
Buona festa di vendemmia e buon divertimento! Ciao, Francesca
RépondreSupprimerC'est juste dommage que ceux qui ont lancé la machine ne prennent pas leurs responsabilités et n'assument pas! Il ne faut pas qu'ils s'étonnent que les journalistes n'en parlent quasiment pas s'ils n'ont personne en face d'eux, car tout le monde se défile!!
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