mardi 8 novembre 2011

Chute de Berlusconi? Un peu de saine autocritique, svp

Il y a à peine quelques dizaines de minutes, la nouvelle de la prochaine démission du premier ministre italien Silvio Berlusconi a été transmise par les principaux médias nationaux et internationaux, et de là elle a atterri sur les différents réseaux sociaux et dans les conversations de nombreux de mes compatriotes. Si on s’en tient aux quotidiens italiens et aux réseaux sociaux, une seule atmosphère triomphante semble dominer: tous se réjouissent de ce résultat, comme s’il s’agissait s’un but que les opposants ont réussi a atteindre à la suite d’un âpre combat. Pour s’en rendre compte, il suffit de penser au tag qui a été choisi sur Twitter pour identifier la chute du gouvernement: resadeiconti, soit quelque chose comme “l’heures des comptes”, celle qui sonne à la fin de la bataille.
Voilà donc que tous (ou presque) envahissent l’espace public avec des messages de joie et célébration, des “finalement!” enthousiastes, des déclarations de haine envers cette partie politique (et d’amour envers la partie adverse). Tout se passe comme si toutes les fautes tombaient sur une poignée d’hommes et de femmes, et non pas sur tout un système qui les a élus, soutenus et laissés au pouvoir pendant des nombreuses années. Pire encore, un discours dominant est construit sur le postulat (faux) que depuis un temps incalculable les partis et mouvements de la gauche italienne employaient toutes leurs énergies pour faire tomber ce système de pouvoir.
Or, si beaucoup de citoyens italiens ont une mémoire courte (chose que l’on peut comprendre et même excuser: après tout, ce sont les mêmes qui ont voté pour “Mister B.” à plusieurs reprises), vous, chers lecteurs, ne tombez surtout pas dans la même erreur!
N’oubliez pas que les partis italiens de gauche ont été pendant toutes ces années autant impliqués et connivents que les partis de droite dans le maintient de certains louches personnages au pouvoir. Ils n’ont pas abandonné les travaux du parlement, ils n’ont pas réagi aux innombrables gaffes et débordements politiques du gouvernement Berlusconi, ils n’ont pas (et pas encore) proposé des sérieuses alternatives politiques, ils n’ont pas (et pas encore) pris position en faveur des jeunes, des femmes, des pauvres, des employés du secteur publique et de nombreuses autres catégories que cet establishment a quotidiennement insultées, méprisées et marginalisées.
De plus, ne vous laissez pas tenter par l’illusion qu’une nouvelle classe politique novatrice pourrait enfin émerger en Italie: il n’en sera rien! Si le gouvernement Berlusconi va tomber, ce sera seulement pour être substitué par un autre gouvernement Berlusconi ou par un gouvernement technocratique, et si élections y aura, elles auront lieu avec la même loi électorale que maintenant, donc avec des candidats choisi par les partis (…partis qui sont les mêmes qui à travers leur (in)action ont permis que Berlusconi et sa compagnie restent au gouvernement jusqu’à maintenant…).
Très probablement, la chute de Berlusconi est à mettre en relation avec un accord en cachette entre les politiciens du centre (centre-droit et centre-gauche) et les hauts prélats du Vatican, ce qui était dans l’air depuis cet été déjà. Puisque la classe politique italienne actuelle est nulle (et non-advenue, pourrait-on dire), et puisque les électeurs ont une mémoire équivalent à celui d’un poisson rouge (un tour du bocal au grand maximum), il ne faudra pas s’étonner de voir arriver au pouvoir une série de politiciens proprets et politiquement corrects, proposant de se serrer la ceinture mais de continuer tout de même à encourager des “politiques pour la famille”, des libéralisations de certains secteurs spécifiques (comme les hôpitaux, que l’église sait “si bien” financer et administrer) et des structures paritaires (écoles privées, centres d’accueil…). Bref, un Etat providence boiteux, qu’au lieu de se renouveler (ce qui aurait requis tout de même des vrais leaders) transformera l’assistance sociale en secours pieux.
Dans tout cela, pas l’ombre d’une proposition pour la politique industrielle, ou pour la politique éducative, ou encore pour le secteur public et l’administration, ou le système fiscal. Zéro. Et certes, l’auto-célébration des partis de gauche, menée sans remettre en cause leurs responsabilité dans la naissance, le triomphe et la longue survie agonisante du système berlusconien (et en sautant une étape fondamentale dont certains des anciens militants de gauche devraient se souvenir: l’autocritique), ne permet pas de repartir sur des bases nouvelles et dans des directions positives.
Bien que les bases du système restent inchangées, et qu’il s’agisse d’une fin bien illusoire, rien ne nous empêche de nous consoler de cet état de choses en écoutant de la bonne musique. Et puisque il s’agit d’une “fin” (plus dans le discours qui est en train d’être construit que dans les faits), rien de mieux que la merveilleuse “The End” de “The Doors”. Bonne route!
The Doors–The End

1 commentaire:

  1. Cara Paola parto dalla FINE, giustappunto da una delle più belle canzoni che abbia mai ascoltato,che mi ha "trscinato" nella magia della musica anche quando di tutte le parole inglesi capivo solo" the end". Bè per il nostro "premier" chissà se poi sarà davvero la fine, io ho l'impressione che, passata la tempesta, ricomparirà per fare qualcosa di più, il presidente, ....il papa....come diceva Guccini. E forse ho quell'impressione proprio per quel che dici tu, perchè attorno avrà il sostegno che ha avuto fino ad ora.Si potrebbe pensare" ma non è mica poi così giovane..." e si potrebbe obiettare"forse che in Italia s'è mai visto un politico , un presidente, ...un papa... giovane?" Comunque, mi vien da dire "sia quel che sia" e sperare che tutti quei movimenti della gente che è scesa in piazza perchè stufa ed indignata trovino una discreta rappresentanza, qualora si vada ad elezioni, e magari chissà forse potrà esserci davvero la fine della vecchia politica! Ciao bacioni francesca

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