Après que la presse, la télé et nombre d’autres médias aient parlé du nouvel ouvrage du genevois Joël Dicker, j’ai décidé de le lire pour voir s’il méritait toutes les louanges et les prix qu’il a reçus. Le verdict est clair et sans équivoque: il les mérite pleinement!
Dicker, J. (2012). La Vérité sur l’Affaire Harry Québert.
Paris: Editions de Fallois / L’Âge d’homme, 670 pp.
Paris: Editions de Fallois / L’Âge d’homme, 670 pp.
Nous sommes en 2008 et nous nous trouvons au New Hampshire, dans la petite ville d’Aurora, un endroit tranquille au bord de l’océan. L’écrivain Marcus Goldman, en proie à la crise de la page blanche, rend visite à son maitre et ami, le grand romancier Harry Quebert. C’est pendant cette visite que la police arrête Harry Quebert, accusé d’avoir tué la jeune Nola Kellergan pendant l’été 1975.
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Marcus Goldman commence à enquêter pour innocenter Quebert, et c’est ainsi qu’on se trouve projetés dans les années 1970.
Le trentenaire Harry se rend à Aurora pour y trouver de l’inspiration, et c’est là qu’il rencontre Nola, 15 ans. Les deux tombent follement amoureux, mais ils doivent se cacher pour que Quebert ne passe pas pour un pervers. Entretemps, un petit tourbillon de personnages s’agite autour d’eux et vit les plus ou moins grandes tragédies de la vie de tous les jours. Il y a Jenny, belle serveuse rejetée par Harry; Luther, chauffeur défiguré à l’âme sensible; Travis, timide officier de police amoureux; et plein d’autres personnages, chacun avec sa croix. Pendant qu’on apprend à connaitre ce petit monde qui s’est croisé à l’été 1975 à Aurora, on suit Goldman dans ses investigations, sa recherche de l’inspiration, l’évolution des rapports avec son mentor Quebert, avec l’inspecteur de police qui l’accompagne et avec toute la ville d’Aurora. Et jusqu’aux deux derniers chapitres on se demande qui a tué Nola Kellergan…
Ecrit dans un style magistral, ce livre nous raconte deux histoires, celle de Quebert et celle de Goldman, chacune évoluant au fil des rencontres et des souvenirs. La vérité, protagoniste du titre du roman, est en réalité le centre de toute l’histoire. Goldman recherche La Vérité, mais chaque personnage a un set de plusieurs vérités, plus ou moins (in)avouables et tragiques. La vérité finale, celle qu’il nous raconte dans ce livre, n’émerge qu’en recoupant tous les récits de ces personnages, toutes leurs confessions et leurs non dits.
Et puis, il y a l’amour, ou mieux l’Amour. D’abord l’amour interdite entre Harry et Nola, à la fois censuré et jalousé, combattue et admirée, source de bonheur et de panique à la fois. Puis, l’amour unilatérale, celle entre Luther et Nola, force d’inspiration et de tendresse. Finalement, il y a l’amour niée et martyrisée (entre les parents de Jenny, Tamara Quinn et son mari Robert, qu’elle adore et qu’elle maltraite à la fois), l’amour cachée (entre l’entreprenur Stern, employeur de Luther, et son copain avocat), l’amour paralysante (entre David Kellergan et sa fille Nola). Face à toutes ses nuances d’un seul et même sentiment, le lecteur est poussé à se demander si l’amour ne pourrait pas aussi être un sentiment négatif, meurtrier, aveuglant…peut être à la source du meurtre de Nola!
Hélas, la mort de Nola a peu de choses à voir avec ce noble sentiment. A la fin du livre, on découvre que l’Amour entre Nola et Harry allait gagner malgré tout, mais qu’il s’est heurté à la stupidité humaine, aux préjugés, aux non-dits et et aux malentendus, tous à l’origine de la disparition de la jeune. Suite à cela, Harry a pu devenir un écrivain connu, mais pas heureux car sans Nola. Et, qui plus est, après que cette vérité aura été révélée au grand jour, ce seront la jalousie et la tristesse qui auront raison de la profonde amitié entre Harry et Marcus.
Malgré cette fin morne, où ni l’amour ni l’amitié ne triomphent, le roman ne nous laisse pas désespérés. En effet, on a appris à connaitre les personnages et on comprend leurs vérités. On a une sorte de compassion ou de sympathie, au sens premier du mot. C’est donc une histoire bien triste, mais qui aurait pu être très différente juste en changeant quelques paramètres dans la vie de chaque personnage.
Outre la complexité et précision du récit et la profondeur avec laquelle la psychologie des personnages a été travaillée, il faut souligner l’excellente qualité des descriptions tant des évènements que des atmosphères et des états d’âme. Bien que l’ouvrage se situe à mi-chemin entre le policier et le roman romantique, Joël Dicker fait preuve de talent et est capable de passer du registre de l’épouvante et de l’horreur (quand on découvre que Nola était schizophrène) a celui de l’humour cocasse (quand Goldman téléphone à sa mère et celle-ci le harcèle en lui disant qu’il doit se marier).
Les passages les plus touchants sont probablement ceux où l’on parle de l’amour entre Harry et Nola; en voici un extrait qui se passe au début de leur histoire (pp. 237-238).
A minuit ce même soir, Nola passa par la fenêtre de sa chambre et s’enfuit de chez elle pour aller retrouver Harry. Elle devai savoir pourquoi il ne voulait plus d’elle. Pourquoi n’avait-il même pas répondu à sa lettre? Pourquoi ne lui écrivait-il pas? Il lui fallut une bonne demie-heure de marche pour arriver à Goose Cove. Elle vit de la lumière sur la terrasse: Harry était installé devant sa grande table en bois, à regarder l’océan. Il sursauta lorsqu’elle l’appela par son prénom.- Bon sang, Nola! Tu m’a fait une de ces peurs!- Voilà donc ce que je vous inspire? De la peur?- Tu sais que ce n’est pas vrai…Qu’est-ce que tu fais là?Elle se mit à pleurer.- Je n’en sais rien…Je vous aime tellement. Je n’ai jamais ressenti ça…-Tu t’es enfuie de chez toi?- Oui. Je vous aime, Harry. M’entendez-vous? Je vous aime comme je n’ai jamais aimé et comme je n’aimerai plus jamais.- Ne dis pas ça, Nola…- Pourquoi?Il avait des nœuds dans le ventre. Devant lui, la feuille qu’il cachait était le premier chapitre de son roman. Il avait enfin réussi à le commencer. C’était un livre à propos d’elle. Il lui écrivait un livre. Pourtant il n’osa pas le lui dire. Il avait trop peur de ce qui pourrait se passer s’il l’aimait.- Je ne peux pas t’aimer, dit-il d’un ton faussement détaché.Elle laissa les larmes déborder de ses yeux:- Vous mentez! Vous êtes un salaud et vous mentez! Pourquoi Rockland alors? Pourquoi tout ça?Il se força à être méchant.- C’était une erreur.- Non! Non! Je pensais que vous et moi, c’était spécial! C’est à cause de Jenny? Vous l’aimez, hein? Qu’est-ce qu’elle a que je n’ai pas, hein?Et Harry, incapable de dire quoi que ce soit, regarda Nola, en pleurs, qui s’enfuyait à toutes jambes dans la nuit.
Pour nous quitter, une chanson d’amour belle et tourmentée comme l’histoire d’amour entre Nola et Harry, Le vent nous portera des Noir Désir. Bonne route!
Dalla descrizione il libro sembra molto bello. Di sicuro sono bellissime le immagini che hai inserito e la canzone. Ciao un abbraccio,francesca
RépondreSupprimerDalla descrizione il libro sembra molto bello. Di sicuro sono bellissime le immagini che hai inserito e la canzone. Ciao un abbraccio,francesca
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