mercredi 26 octobre 2011

Boum!

Ces derniers jours on entend beaucoup parler de la crise de la zone euro. Entre gaffes plus ou moins drôles (voir vidéo plus bas), annonces de reformes et coupes drastiques et une annonce de défaut de paiement partiel, on voit que des bouleversements du système monétaire se profilent à l’horizon.
Ca, c’est se marrer!
Depuis la révolution industrielle, l’organisation du système monétaire mondial a été un bon indicateur des équilibres de pouvoir au niveau international. Ainsi, la domination de la livre sterling jusqu’à la première guerre mondiale, accompagné par le refus de la couronne anglaise de sortir du système de taux de change variables jusqu’en 1931 – alors que les autres puissances étaient passées aux taux de change fixes à la fin du XIXe, laissait clairement deviner la domination de l’économie de l’empire britannique sur le reste du monde. De même, le rôle clé joué par le dollar à partir de la fin de la 1ère guerre mondiale et la progressive domination du billet vert dans l’économie mondiale – cristallisée par les accords de Bretton Woods et par le Gold Exchange Standard de 1944 - ont symbolisé la puissance américaine au moins jusqu’à la crise de convertibilité des années 1970 et la successive adoption du système de taux de changes flottants en 1973 (“curieuse” coïncidence avec les chocs pétroliers). Le dollar, soutenu par les institutions internationales de Bretton Woods et par le rôle de “seule superpuissance” des USA à la fin de la guerre froide, reste au centre du système monétaire international. Cependant, d’autres monnaies complémentaires savent s’approprier des rôles de premier plan, tel le Deutsche Mark, monnaie forte du Serpent Monétaire Européen (1972-1978) et puis du Système Monétaire Européen (1979-1993). Le véritable pouvoir économique n’est donc plus limité aux USA: d’autres Etats apparaissent comme protagonistes sur les marchés mondiaux, notamment l’Allemagne pour ce qui est de l’Europe.
Suite à un processus commencé au début des années 1990 (Traité de Maastricht), une monnaie unique est créée pour une série de pays européens: c’est l’Euro, mis en circulation entre 1999  et 2002. Cette monnaie, qui substitue les monnaies nationales des pays de la zone euro, se propose comme une nouvelle donnée centrale dans le système monétaire international. Le principe de fonctionnement est clair: une banque centrale indépendante (la Banque Centrale Européenne) émet la monnaie pour tous les Etats, selon des principes de rigueur inspirés par la tradition monétaire allemande – qui est connue pour être très centrée sur des politiques monétaires restrictives, suite au traumatisme de l’hyperinflation des années 1920. Cette banque centrale ne suit l’intérêt d’aucun pays en particulier, tout en adoptant un style qui est plus proche des habitudes allemandes.
Comme le bon sens le suggère, ce qu’on fait (ou qu’on ne fait pas) avec une monnaie est très important pour les sorts d’une économie et d’une société. En effet, la politique monétaire forme, avec la politique budgétaire, ce qui est appelé le policy mix: les armes politiques qui permettent de manœuvrer l’économie d’un Etat (le niveau d’emploi, la croissance économique, la stabilité des prix)…en tout cas, selon la théorie keynesienne et des modèles qui n’ont pas tous été démentis. Les dynamiques propres aux deux politiques comme outils combinés s’étudient normalement en un parcours classique de Bachelor’s en sciences économiques ou même en sciences sociales…mais apparemment ce n’est pas le cas chez tout le monde. En effet les grands savants qui ont conçu le fonctionnement de la zone euro, foudroyés par une attaque de génie absolu, ont bien pensé de découpler les deux! On se retrouve donc dans une situation où la BCE règle la politique monétaire pour toute la zone, tandis que les gouvernements nationaux gèrent les politiques budgétaires selon une logique du “chacun pour soi”, et en plus sans aucun contrôle. D’un côté, donc, les gouvernements ne peuvent pas disposer librement de moyens pour, disons, financer une politique industrielle…et de l’autre leurs comptes ne sont pas contrôlés de manière efficace. Voilà donc que, grâce à cette recette magique, certains Etats se retrouvent non seulement avec un bilan en rouge, mais aussi sans politique économique digne de ce nom, ce qui fait disparaitre toute velléité de croissance pour les 20 prochaines années au moins (les PIGS –Portugal, Italie, Grèce, Espagne). Pour ne citer que l’exemple de l’Italie, le bilan de l’Etat est déficitaire et en plus le tissu industriel est complètement délabré; les efforts en Recherche et Développement ont disparu, tant du côté des entreprises, abandonnées à leur destin depuis des dizaines d’années, que du côté de l’Etat (qui avait pourtant joué un rôle fondamental pour l’’émergence de celle qu’on connait comme la “Troisième Italie”). Entretemps, des autres Etats (par exemple, l’Allemagne) ont connu une forte croissance et ont su maitriser leurs finances. Or, qu’ont-elles en commun ces économies? Et pourquoi, contre toute évidence et contre tout bon sens, devraient-elles profiter d’une politique monétaire commune?
Ces vérités si anodines, si banales, commencent à apparaitre au grand jour, aussi à tous ces leaders qui s’étaient jusque là voilés la face. C’est peut-être pour cela que l’atmosphère devient à présent si tendue, que les yeux du monde se rivent sur l’Europe et qu’on commence même a entendre des bruits d’aide externe à la zone. En particulier, certains parlent d’une intervention de la Chine, qui rachèterait une partie de la dette de certains pays européens: symbole d’un imminent déplacement des équilibres de pouvoir? Pourvu que ça ne fasse pas boum!
A propos de boum, voici une découverte d’aujourd’hui, “Boum Boum” du français Jérôme Van Den Hole. Bonne route!

1 commentaire:

  1. Non ci capisco molto di politica monetaria e di economia in generale, certo che il momento è davvero particolare e gli sguardi tra la Merkel e Sarko non promettono nulla di buono, almeno per l'Italia..Chissà come finirà! Spero che il tuo articolo, che mi sembra davvero fatto bene, lo legga qualcuno più bravo di me e lo commenti da pari a pari. Per la canzone posso solo dirti che è carina, così anche il video, anche se sulel prime, visto "l'abitus" serio del cantante, mi aspettavo qualcosa di "impegnato".. Ciao bacioni a presto. Francesca

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